altDans certaines régions du pays, les déplacements de population ont rendu des millions de Syriens totalement dépendants de l'assistance humanitaire. Franchir les lignes de front et trouver les moyens d'atteindre les personnes qui ont besoin d'aide est aujourd'hui plus urgent que jamais.

« L'absence d'assistance humanitaire pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour plusieurs centaines de milliers de personnes dans tout le pays », explique Jeroen Carrin, responsable des activités d'assistance du CICR en Syrie. « Toujours davantage de personnes déplacées sont sans revenus ni économies ; elles dépendent totalement de la générosité de leurs compatriotes et de la communauté internationale pour survivre. »

Il est toujours compliqué d'obtenir des chiffres exacts concernant le nombre de personnes déplacées à l'intérieur de la Syrie, beaucoup d'entre elles vivant dans des régions difficiles d'accès, tandis que d'autres ne s'enregistrent pas en tant que telles. Le Croissant-Rouge arabe syrien estime cependant que leur nombre dépasse désormais les 3,6 millions.

La violence ne cessant de s'étendre à de nouvelles régions, des dizaines et des dizaines de milliers de personnes ont été déracinées à plusieurs reprises, au fur et à mesure que les combats les rattrapaient. Une fois qu'elles quittent leur lieu d'origine, celles-ci se réfugient dans des lieux publics tels qu'écoles, stades, centres culturels, mosquées ou églises. Certaines s'abritent provisoirement dans des carcasses d'immeubles ou des maisons abandonnées, endurant souvent des conditions de vie extrêmement précaires. « J'ai vu jusqu'à 21 personnes, dont des enfants, s'entasser dans un appartement de deux pièces, avec à peine assez de place pour s'étendre et dormir toutes en même temps. Quant à leur intimité, inutile d'en parler », déplore M. Carrin en faisant allusion à la situation de trois familles déplacées à Lattaquié.


S'il est vrai que l'on trouve des déplacés partout dans le pays, l'ampleur du phénomène est plus importante dans les gouvernorats du nord et du centre du pays comme Idlib, Alep, Deir Ezzor, Raqqa, Homs, Hama et Damas-Campagne, que dans les gouvernorats du sud. Selon le Croissant-Rouge arabe syrien, quelque 35 000 personnes ont fui récemment Raqqa pour Deir Ezzor en l'espace d'une journée, en raison des violents combats dont la ville était le théâtre.

Des collaborateurs du CICR qui se sont rendus en mars dans des zones contrôlées par les deux parties au conflit dans les gouvernorats de Deir Ezzor, d'Idlib et d'Alep, font état, après plusieurs jours passés dans chaque endroit, de conditions de vie très difficiles et d'énormes besoins humanitaires. « Dans tous les endroits où nous nous sommes rendus, nous avons pu constater combien les gens étaient démunis et à quel point ils dépendaient de l'assistance humanitaire pour survivre », relève Marianne Gasser, chef de la délégation du CICR en Syrie.

Pour l'institution, pouvoir se déplacer de part et d'autre des lignes de front devient absolument nécessaire si elle veut atteindre les personnes qui ont besoin d'aide, en particulier dans les régions ayant été soumises à un bouclage pendant plusieurs mois. « Ces deux dernières semaines, nous avons franchi les lignes à plusieurs reprises, et nous continuerons à le faire. Nous avons apporté de l'aide à des personnes qui étaient restées complètement isolées pour pas moins de quatre mois, dans le gouvernorat de Deir Ezzor, par exemple, où nous nous sommes rendus la semaine dernière. Et si nous y sommes parvenus, c'est grâce au dialogue que nous entretenons avec les parties au conflit ; et aussi, aux « pauses humanitaires » qu'il nous est arrivé de devoir solliciter. Des opérations de ce genre impliquent forcément de prendre des risques, mais de quelle autre manière pourrait-on acheminer des secours à ceux qui en ont besoin dans une zone de conflit ? », demande Mme Gasser.

Durant le mois de mars, le CICR a renforcé ses activités dans le pays. Il s'est rendu dans huit gouvernorats et a apporté, en coopération avec le Croissant-Rouge arabe syrien, une assistance à :

  • plus de 155 000 personnes dans les gouvernorats d'Alep, Damas-Campagne, Raqqa, Hama, Idlib, Damas-Ville, Lattaquié, Homs et Deir Ezzor, qui ont reçu des colis de vivres ;
  • plus de 62 000 personnes dans les gouvernorats d'Alep, Damas-Ville, Raqqa, Hama, Damas-Campagne, Deir Ezzor, Lattaquié, Idlib et Homs, à qui ont été distribués des matelas et des couvertures ;
  • environ 28 000 personnes dans les gouvernorats de Deir Ezzor, Lattaquié et Hama, qui ont reçu des assortiments d'ustensiles de cuisine (casseroles, assiettes, tasses et couverts) ;
  • près de 70 000 personnes dans les gouvernorats de Raqqa, Idlib, Deir Ezzor, Lattaquié, Damas-Ville, Alep, Homs, Hama et Damas-Campagne, à qui ont été distribués des assortiments d'articles d'hygiène (shampoing, savon, produit de lessive, articles d'hygiène féminine, etc.)

Le mois dernier également, en coopération avec le Croissant-Rouge arabe syrien, les ingénieurs hydrauliciens du CICR ont :

  • apporté leur savoir-faire technique aux services des eaux des gouvernorats de Damas-Ville, Alep et Hama, leur fournissant en outre des équipements et du matériel, dont quatre générateurs ainsi que 10 000 litres de produit pour le traitement de l'eau ;
  • distribué 15 000 bidons de 10 litres d'eau potable dans les gouvernorats d'Alep et de Deir Ezzor ;
  • acheminé par camion de l'eau pour quelque 72 000 personnes dans les gouvernorats de Damas-Campagne et de Homs ;
  • continué d'améliorer les systèmes d'approvisionnement en eau, d'assainissement et d'hébergement dans plus d'une centaine de sites accueillant près de 25 000 personnes déplacées, dans les gouvernorats d'Alep, Deir Ezzor, Quneitra, Damas-Ville et Damas-Camapagne, et achevé les travaux dans 52 sites hébergeant environ 6 000 personnes déplacées dans le gouvernorat de Hassakeh.

Au cours du mois de mars, toujours, les personnels de santé du CICR ont :

  • visité les hôpitaux Al-Zaem et Al-Birr à Homs, auxquels ils ont remis du matériel chirurgical en quantité suffisante pour une centaine de blessés, des solutions intraveineuses pour soigner 150 patients, du matériel de pansement, des appareils orthopédiques et du matériel divers ;
  • distribué du matériel médical et chirurgical à des établissements de soins à Idlib et Sarmin en quantité suffisante pour prendre en charge 150 blessés, ainsi que des médicaments pour traiter des maladies chroniques ;
  • évalué la situation sanitaire dans des structures de soins installées dans des secteurs du gouvernorat d'Alep contrôlés aussi bien par le gouvernement que par l'opposition ; du matériel permettant d'administrer les premiers soins à 50 blessés et d'en opérer 100 autres ont été remis dans les deux camps, de même que des fluides intraveineux en quantité suffisante pour 500 patients et des médicaments pour le traitement des maladies chroniques.



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