21 Juin 2017
|Pour se préparer retrouvez les « 3 questions à… »
A travers ces chroniques, nous donnerons chaque semaine la parole à une personnalité de la recherche sur le VIH/Sida en France.
De quoi patienter avant la conférence qui se déroulera du 23 au 26 Juillet prochain.
Cette semaine,
suite à la conférence « Demain, un monde sans VIH/Sida ? » qui a eu lieu le 13 juin dernier à l'Académie des sciences,
3 questions au Pr Françoise Barré-Sinoussi.
Prix Nobel de médecine 2008, membre de l’Académie des sciences, présidente du Conseil scientifique de l’ANRS
Qu’est-ce qui permet d’espérer aujourd’hui un monde sans VIH/sida demain ?
Les recherches engagées depuis le début de l’épidémie ont permis d’obtenir des traitements particulièrement efficaces. Aujourd’hui, une personne séropositive sous traitement a une espérance de vie quasi identique à celle de la population générale. De plus, ces traitements réduisent considérablement la transmission du virus. Le bénéfice est donc à la fois individuel et collectif. Par ailleurs, toute une batterie d’outils de prévention a été élaborée : le dépistage, la circoncision, la prophylaxie pré-exposition, la réduction de risque, sans oublier le préservatif et l’éducation. Leur efficacité a été scientifiquement prouvée. C’est ce qui a conduit l’Onusida à définir son objectif 90-90-90 : 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, 90% d’entre elles reçoivent un traitement, 90% des personnes traitées ont une charge virale indétectable. Si cet objectif est atteint en 2020, les simulations prévoient un contrôle de l’épidémie en 2030. Nous avons donc de bonnes raisons d’espérer.
Quels sont les obstacles qui perdurent ?
Désormais que nous disposons d’outils de prévention et de traitements très efficaces, l’enjeu majeur est de permettre leur accès à la plus large échelle possible dans le plus grand nombre de pays à travers le monde. Cela suppose de maintenir et de renforcer les financements et les grands programmes de coopération internationaux. Mais cela nécessite aussi d’améliorer les systèmes de santé, notamment dans les pays à ressources limitées. Les principaux obstacles se situent à ce niveau : sans un système de santé performant, qui s’appuie sur les milieux communautaires et l’ensemble des professionnels de santé, il est difficile d’organiser la prévention et les soins auprès de toutes les populations concernées par le VIH.
Quels sont les principaux efforts à fournir aujourd’hui ?
Il y a donc un effort très important à produire en termes de santé publique, pour améliorer les réseaux de soins et les systèmes de santé. Pour cela, une forte volonté politique est indispensable, qui malheureusement fait défaut dans certains pays. Par ailleurs, il faut lutter contre la discrimination et la stigmatisation qui persistent à l’encontre de bon nombre de personnes infectées dans le monde et qui freinent leur accès au dépistage et aux soins. Enfin, l’effort de recherche doit être amplifié. L’objectif est de parvenir à des traitements permettant une rémission permanente sans devoir être pris à vie, et bien entendu à enfin disposer d’un vaccin préventif.