L’OMS publie des lignes directrices sur l’éthique pour protéger les droits des patients atteints de tuberculose
23 Mars 2017
|22 mars 2017 | GENÈVE – Les nouvelles lignes directrices sur l’éthique concernant la tuberculose, publiées aujourd’hui par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), visent à aider les pays mettant en œuvre la Stratégie pour mettre fin à la tuberculose à respecter des normes d’éthique rationnelles pour protéger les droits des sujets affectés.
La tuberculose, maladie infectieuse la plus meurtrière, fait 5000 morts par jour. Ce sont les communautés déjà confrontées à des difficultés socioéconomiques qui payent le plus lourd tribut : migrants, réfugiés, prisonniers, minorités ethniques, mineurs et autres personnes travaillant ou vivant dans des milieux à risque, ainsi que les femmes marginalisées, les enfants et les personnes âgées.
«La tuberculose sévit le plus dans certaines des populations les plus pauvres dans le monde», a déploré le Dr Margaret Chan, Directeur général de l’OMS. «L’OMS est déterminée à vaincre la stigmatisation, les discriminations et les autres obstacles empêchant tant de ces personnes d’accéder aux services dont elles ont tellement besoin.»
La pauvreté, la malnutrition, les mauvaises conditions de logement et d’assainissement, aggravées par d’autres facteurs de risque comme le VIH, le tabagisme, la consommation d’alcool et le diabète, peuvent exposer à un risque accru de tuberculose et compliquer l’accès aux soins. Plus d’un tiers des personnes ayant la tuberculose (4,3 millions) ne sont pas diagnostiquées ou notifiées, certaines ne bénéficient d’aucun soin et d’autres ont accès à des soins de qualité douteuse.
Les nouvelles lignes directrices de l’OMS sur l’éthique couvrent certaines questions litigieuses comme, entre autres, l’isolement des patients contagieux, les droits des prisonniers qui ont la tuberculose, les politiques discriminatoires contre les migrants atteints. Elles insistent sur cinq obligations essentielles pour les gouvernements, les agents de santé, les personnels soignants, les organisations non gouvernementales, les chercheurs et d’autres parties prenantes pour :
·donner aux patients l’appui social dont ils ont besoin pour s’acquitter de leurs responsabilités ;
·s’abstenir d’isoler les patients avant d’avoir épuisé toutes les autres options disponibles pour permettre l’observance du traitement et, si cet isolement est nécessaire, de ne l’appliquer que dans des conditions très spécifiques ;
·permettre aux «populations clés» d’avoir accès à des soins répondant aux mêmes normes que pour les autres citoyens ;
·veiller à ce que tous les personnels de santé travaillent dans un environnement sûr ;
· communiquer rapidement les données de la recherche pour orienter les mises à jour des politiques nationales et mondiales concernant la tuberculose.
Des lignes directrices à l’action
La protection des droits humains, l’éthique et l’équité sont des principes à la base de la Stratégie OMS pour mettre fin à la tuberculose. Mais ces principes ne sont pas faciles à appliquer sur le terrain. Les patients, les communautés, les personnels de santé, les responsables politiques et d’autres parties prenantes sont souvent confrontés à des conflits et à des dilemmes éthiques. La crise actuelle de la tuberculose multirésistante (tuberculose‑MR) et la menace qu’elle représente pour la sécurité sanitaire aggravent encore la situation.
«Nous ne réussirons à atteindre nos buts ambitieux de mettre fin à l’épidémie de tuberculose et d’instaurer la couverture sanitaire universelle qu’avec des interventions efficaces, fondées sur des bases factuelles et guidées par un cadre éthique rationnel et le respect des droits de l’homme. C’est sur cela que repose l’aspiration des ODD de ne laisser personne de côté», a expliqué le Dr Mario Raviglione, Directeur à l’OMS du Programme mondial de lutte contre la tuberculose.
«Les lignes directrices que nous avons publiées aujourd’hui visent à identifier les difficultés en matière d’éthique auxquelles la prestation des soins contre la tuberculose est confrontée et soulignent les mesures essentielles pouvant être prises pour les résoudre», a-t-il ajouté.
La Journée mondiale de lutte contre la tuberculose est l’occasion de mobiliser la volonté politique et l’engagement social pour progresser davantage dans nos efforts visant à mettre fin à la tuberculose. Cette année, elle marque un nouvel élan aux plus hauts niveaux avec l’annonce de la première conférence ministérielle mondiale pour mettre fin à la tuberculose qui se tiendra à Moscou en novembre 2017.
«La conférence ministérielle mondiale soulignera le besoin d’une action multisectorielle accélérée contre la tuberculose dans le cadre des objectifs de développement durable», a déclaré le Dr Ren Minghui, Sous-Directeur général pour le VIH/sida, la tuberculose, le paludisme et les maladies tropicales négligées. «Elle insistera sur le fait que l’action mondiale contre la résistance aux antimicrobiens doit comporter une optimisation des soins, de la surveillance et de la recherche pour s’attaquer d’urgence à la tuberculose-MR.»
Cette conférence orientera les travaux de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies qui doit se tenir en 2018.