D’une côte à l’autre : l’Afrique s’unit pour combattre la menace de la poliomyélite Avec l’intensification de la riposte régionale d’urgence à la flambée, 116 millions d’enfants vont être vaccinés sur tout le continent
23 Mars 2017
|La campagne de vaccination synchronisée, l’une des plus grandes jamais organisées en Afrique, fait partie des mesures urgentes pour mettre définitivement fin à la poliomyélite sur ce continent. Tous les enfants de moins de cinq ans dans les 13 pays – Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée, Libéria, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Sierra Leone et Tchad – seront simultanément vaccinés dans le cadre d’un effort coordonné pour renforcer l’immunité des enfants contre la poliomyélite à l’échelle continentale. En août 2016, quatre enfants ont été paralysés par cette maladie dans des zones d’insécurité de l’État de Borno, au nord-est du Nigéria, généralement considéré comme étant le dernier endroit en Afrique où le virus reste implanté.
«Il y a 20 ans, Nelson Mandela a lancé la campagne panafricaine ‘Bouter la polio hors d’Afrique», a rappelé le Dr Matshidiso Moeti, Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique. «cette époque, la poliomyélite était endémique dans chaque pays du continent et, chaque année, cette terrible maladie paralysait plus de 75 000 enfants pour tout le reste de leur vie. Grâce au dévouement des gouvernements, des communautés, des parents et des personnels de santé, elle est maintenant combattue jusque dans son dernier réservoir.»
Le Dr Moeti a prévenu cependant que ce progrès était fragile, compte tenu du potentiel épidémique du virus. Bien que confiné dans une région proportionnellement petite du continent, les experts ont averti que le virus pouvait se propager facilement dans des zones mal protégées des pays limitrophes. C’est la raison pour laquelle les Ministres de la santé publique des cinq pays du bassin du Lac Tchad – le Cameroun, le Niger, le Nigéria, la République centrafricaine et le Tchad – ont déclaré que la flambée était une urgence régionale de santé publique et se sont engagés à organiser de multiples campagnes de vaccination synchronisées.
La Directrice régionale de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, Mme Marie‑Pierre Poirier, a déclaré qu’avec l’engagement résolu des dirigeants africains, on peut s’attendre à ce que ce dernier réservoir finisse par être balayé, assurant ainsi la protection une bonne fois pour toutes de toutes les futures générations d’enfants africains contre les effets invalidants de la poliomyélite. «L’éradication sera une victoire sans égale, qui préservera toutes les futures générations d’enfants de l’emprise d’une maladie qu’on peut totalement éviter, mais qui montrera aussi au monde ce que l’Afrique peut faire lorsqu’elle s’unit pour un but commun.»
Pour stopper dès que possible la propagation potentiellement dangereuse de la poliomyélite, des bénévoles apporteront le vaccin antipoliomyélitique oral bivalent (VPOb) dans chaque maison de chaque ville, grande ou petite, et de chaque village dans les 13 pays. Pour réussir, tous ces bénévoles et agents de santé travailleront jusqu’à 12 heures par jour, se déplaçant à pied ou en vélo, souvent dans une humidité suffocante et avec des températures dépassant les 40°C. Chaque équipe transportera le vaccin dans des sacs spéciaux, remplis d’accumulateurs de froid pour garantir qu’il reste à une température inférieure aux 8°C requis.
«Cette extraordinaire action coordonnée est précisément ce qu’il faut pour mettre fin à cette flambée de poliomyélite», s’est félicité Michael K. McGovern, Président du Comité PolioPlus du Rotary’s International. «Tous les aspects de la société civile dans ces pays africains s’unissent
– chaque communauté, chaque parent et chaque responsable local – pour atteindre un but commun : protéger leurs enfants de la paralysie définitive causée par cette maladie mortelle.»
On estime que l’engagement total des dirigeants politiques et des responsables locaux à tous les niveaux, jusqu’au moindre district, est essentiel pour le succès de la campagne. Ce n’est qu’avec la participation sans réserve de tous ces chefs de file que tous les secteurs de la société civile se mobilisent pour garantir la vaccination de chaque enfant.