22 Février 2017
|Madame Barbara Demeneix est Professeur au Musée National d’Histoire Naturelle. Endocrinologue au laboratoire Évolution des régulations endocriniennes du CNRS, lauréate en 2014 de la médaille de l’innovation du CNRS, pour avoir développé des méthodes de détection in vivo de présence de polluants environnementaux.
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Nous avons plusieurs arguments, nous confie Madame Demeneix, pour dire qu’il y a une baisse de QI, surtout dans les pays où l’on veut bien regarder. C’est à dire là où des études ont été faites. C’est le cas en Finlande, en Scandinavie, en Grande Bretagne et en France. Il n’y a que très peu d’études rigoureuses qui ont été faites dans d’autres pays sur le sujet.
Dans les pays où des études sérieuses ont été faites, nous avons constaté depuis le début du 21ème siècle, une baisse du QI. Cela a surpris plus d'un expert. Depuis les années 50 jusqu'au début des années 90, une augmentation était constatée, et nous parlions alors de l'effet Flynn pour la décrire. J'ai discuté avec James Robert Flynn il y a 10 jours, et il est d'accord pour dire que cet effet a subi une sorte de plateau, et qu'il y a un déclin de l'intelligence dans les populations où des études ont été conduites ces dernières années.
Nous ne sommes pas sûrs que ce déclin provienne des perturbateurs endocriniens, mais nous avons plusieurs faisceaux d'arguments qui suggèrent très fortement, qu'il y a une très importante contribution des perturbateurs endocriniens. Il peut y avoir d'autres facteurs qui contribuent à ce changement, comme l'éducation, la maternité qui est de plus en plus tardive, et plus généralement des causes socio-économiques.
Quoi qu'il en soit, des épidémiologistes ont clairement démontré une corrélation, entre le degré d'exposition des femmes enceintes à certains perturbateurs endocriniens et les effets sur le QI de enfants à naitre. Dans notre laboratoire nous avons démontré que de nombreux produits chimiques ont une influence sur le développement du cerveau, en particulier sur les hormones thyroïdiennes qui sont nécessaires à la neurogenèse. Ces produits chimiques contribuent fortement à une baisse du QI augmentent le risque que l’enfant soit atteint par une maladie neuro-développementale.
Dans le cas de l'autisme, il n'y a pas de statistiques fiables en France sur le nombre de cas d'enfants autiste. Seuls les pays nord-américains ont conduit des études qui ont généré suffisamment de données, pour dire que le ratio s’établit à 1 enfant sur 68 (1 sur 42 garçons et 1 sur 189 filles).
L'argument des polluants chimiques sur la survenue de l'autisme est de plus en plus mis en avant. Plusieurs scientifiques sont maintenant convaincus que ce n'est pas qu'une histoire de gènes, car le génome humain n'a pas changé depuis 15 ans. Ainsi il faut accepter que ce sont bien les répercussions des facteurs environnementaux, qui eux ont changé.
Un exemple vient des États-Unis, où on a pu montrer que plus les femmes enceintes se trouvaient proches des zones d'application de certains pesticides, plus les risques d'autisme augmentaient.
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