La résistance aux antibiotiques oblige à actualiser les recommandations sur le traitement des infections sexuellement transmissibles
31 Août 2016
| 30 AOÛT 2016 | GENÈVE – L’Organisation mondiale de la Santé a publié de nouvelles directives pour le traitement de trois infections sexuellement transmissibles (IST) courantes en réponse au problème de plus en plus préoccupant de la résistance aux antibiotiques.
La chlamydiose, la gonorrhée et la syphilis sont toutes dues à des bactéries et peuvent généralement être guéries par antibiothérapie. Toutefois, ces IST ne sont souvent pas diagnostiquées et deviennent plus difficiles à traiter, certains antibiotiques étant désormais inopérants suite à leur mauvaise utilisation ou à leur surutilisation. On estime que, chaque année, 131 millions de personnes contractent la chlamydiose, 78 millions la gonorrhée et 5,6 millions la syphilis.
La résistance de ces IST aux antibiotiques a rapidement augmenté ces dernières années et réduit les possibilités de traitement. De ces trois infections, la gonorrhée est la plus résistante aux antibiotiques. Des souches polypharmacorésistantes de gonocoque ne réagissant à aucun des antibiotiques existants ont déjà été mises en évidence. Bien que moins répandue, l’antibiorésistance des germes à l’origine de la chlamydiose et de la syphilis existe elle aussi, ce qui rend essentielles la prévention et la mise en route rapide des traitements.
Si elles ne sont pas diagnostiquées ni traitées, ces IST peuvent entraîner de graves complications et des séquelles à long terme pour les femmes, telles qu’infection génitale haute, grossesse extra-utérine et fausse couche ; non traitées, la gonorrhée et la chlamydiose peuvent provoquer la stérilité chez les hommes et les femmes. Ces trois infections peuvent également multiplier par deux ou trois le risque de contracter le VIH. Une IST non traitée chez la femme enceinte augmente le risque de mortinaissance et de décès du nouveau-né.
«La chlamydiose, la gonorrhée et la syphilis sont des problèmes de santé publique majeurs partout dans le monde, qui nuisent à la qualité de vie de millions de personnes et causent des pathologies graves voire mortelles. Les nouvelles directives thérapeutiques de l’OMS insistent sur la nécessité de traiter ces IST avec le bon antibiotique, au bon dosage et au bon moment pour limiter leur propagation et améliorer la santé sexuelle et reproductive. Pour cela, les services de santé nationaux doivent suivre l’évolution des schémas d’antibiorésistance de ces maladies dans le pays», commente Ian Askew, Directeur du Département Santé reproductive et recherche à l’OMS.
Les nouvelles recommandations s’appuient sur les toutes dernières données disponibles sur les traitements les plus efficaces contre ces trois infections sexuellement transmissibles.
Gonorrhée
La gonorrhée est une IST courante qui peut atteindre les organes génitaux, le rectum et la gorge. Une résistance aux antimicrobiens est apparue et s’est développée après la mise en circulation de chacune des nouvelles classes d’antibiotiques contre la gonorrhée. La résistance étant très répandue, les anciens antibiotiques, qui sont aussi les moins chers, ont perdu leur efficacité thérapeutique contre l’infection.
L’OMS engage les pays à actualiser leurs directives thérapeutiques nationales concernant la gonorrhée pour faire face au problème de plus en plus grave de l’antibiorésistance. Les autorités sanitaires nationales devraient déterminer la prévalence de la résistance à différents antibiotiques chez les souches de gonocoques qui circulent dans la population. Les nouvelles directives invitent les autorités sanitaires à conseiller aux médecins de prescrire l’antibiotique a priori le plus efficace compte tenu des schémas de résistance locaux. Les nouvelles directives de l’OMS ne recommandent pas les quinolones (une classe d’antibiotiques) pour traiter la gonorrhée en raison de la fréquence élevée de la résistance.
Syphilis
La syphilis se transmet par contact avec une lésion des organes génitaux, de l’anus, du rectum, des lèvres ou de la bouche, ou encore de la mère à l’enfant pendant la grossesse. Une syphilis non traitée transmise de la femme enceinte au fœtus provoque souvent la mort de l’enfant à naître. En 2012, la transmission de la syphilis de la mère à l’enfant a causé, selon les estimations, 143ÂÂ 000 morts fœtales précoces et mortinaissances, 62ÂÂ 000 décès néonatals et 44ÂÂ 000 naissances prématurées et naissances d’enfants de faible poids.
Pour guérir la syphilis, les nouvelles directives de l’OMS recommandent vivement une dose unique de benzathine-pénicilline, antibiotique injecté par un médecin ou une infirmière dans la fesse ou le muscle de la cuisse. C’est le traitement le plus efficace contre la syphilis ; il est plus efficace et moins cher que les antibiotiques oraux.
En mai 2016, la Soixante-Neuvième Assemblée mondiale de la Santé a reconnu que les quantités de benzathine-pénicilline étaient très insuffisantes depuis plusieurs années. Des ruptures de stock ont été signalées à l’OMS par des représentants et par le personnel des services prénatals de pays à lourde charge de syphilis dans trois Régions de l’OMS. L’OMS s’emploie avec ses partenaires à recenser les pays où il y a des pénuries et à surveiller la disponibilité de benzathine-pénicilline au niveau mondial pour combler l’écart entre les besoins nationaux et les approvisionnements.
Chlamydiose
La chlamydiose est l’IST bactérienne la plus répandue et elle se conjugue souvent à une gonorrhée. Les symptômes de la chlamydiose comprennent écoulement et sensation de brûlure à la miction, mais la plupart des sujets infectés n’ont pas de symptômes. Même lorsqu’elle est asymptomatique, la chlamydiose peut endommager l’appareil reproducteur.
L’OMS invite les pays à commencer sans attendre à utiliser les directives actualisées, comme il est recommandé dans la Stratégie mondiale du secteur de la santé contre les infections sexuellement transmissibles (2016-2021) approuvée par les gouvernements à l’Assemblée mondiale de la Santé en mai 2016. Les nouvelles directives sont aussi en harmonie avec le Plan d’action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens, adopté par les gouvernements à l’Assemblée mondiale de la Santé en mai 2015.
Utilisés correctement et systématiquement, les préservatifs sont l’un des moyens de protection les plus efficaces contre les IST.