altUne intervention éducative délivrée par des pairs auprès d’usagers de drogues injectables permet d’améliorer l’accès au dépistage du virus de l’hépatite C. Tels sont les résultats de l’étude ANRS AERLI (Accompagnement et Education aux Risques Liés à l’Injection), réalisée conjointement par l'association AIDES, Médecins du Monde et l'Inserm U912 (Marseille), qui viennent d’être publiés dans la revue Plos One ce 13 juin 2016.

En France, l’épidémie d’hépatite C (VHC) touche essentiellement les usagers de drogues par voie intraveineuse (UDVI). Les derniers chiffres montrent une prévalence du VHC dans cette population égale à 64%[1]. Jusqu’à très récemment, les traitements disponibles contre l’hépatite C engendraient de lourds effets secondaires avec une efficacité limitée. Cette offre thérapeutique était difficilement envisageable pour cette population de l’étude, très marginalisée. Au lendemain de l’annonce faite par la Ministre des Affaires sociales et de la Santé sur l’accès universel aux nouveaux traitements contre le VHC, les antiviraux à action directe, traitements de courte durée montrant une grande efficacité, la donne pourrait être changée. L’enjeu reste de taille : atteindre ces populations afin de les inciter au dépistage.

L’étude ANRS AERLI (Accompagnement et Education aux Risques Liés à l’Injection), réalisée conjointement par l’association AIDES, Médecins du Monde et l’Inserm U912 (Marseille), a évalué une intervention innovante : proposer aux usagers de drogues des sessions individuelles d’accompagnement et d’éducation aux risques liés à l’injection. Ces sessions d’accompagnement ont eu pour objectif de réduire les risques de transmission du VHC en évaluant les pratiques d’injection de drogues mais aussi d’informer sur l’intérêt de l’accès au dépistage et aux soins pour le VHC. Délivrées par des pairs formés et selon un protocole standardisé, les sessions ont reposé sur une intervention pédagogique individualisée en fonction des pratiques de chaque consommateur et des questions qu’il se pose.

Les usagers de drogues par voie intraveineuse ont été recrutés dans des centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues (CAARUD). Ils ont été répartis au sein d’un groupe témoin (sans session éducative) et d’un groupe intervention (avec sessions éducatives). Le groupe témoin comptait 114 participants recrutés dans 9 CAARUD et le groupe intervention 88 participants recrutés dans 8 CAARUD. Tous les participants ont été interrogés sur leurs pratiques à risque et l’accès au dépistage VHC, au moment de leur inclusion, puis 6 et 12 mois plus tard.

L’analyse des informations collectées montre une augmentation du nombre d’UDVI dépistés pour l’hépatite C entre l’inclusion et le 12ème mois. Le pourcentage de personnes ayant été dépistées pour le VHC est passé de 44% à 85% dans le groupe intervention et de 51% à 78% dans le groupe témoin. Ces données montrent également une augmentation significativement plus élevée du nombre de personnes ayant été dépistées pour le VHC dans le groupe ayant reçu au moins une session AERLI. Ces chiffres encourageants sont à rapprocher de ceux obtenus par l’équipe de chercheurs en 2014 qui montraient que l’intervention éducative auprès des UDVI réduisait de 43% les pratiques à risque de transmission du VHC et de 41% les complications au site d’injection.

L’étude ANRS AERLI démontre qu’il est possible d’agir efficacement dans une population marginalisée et à risque d’infection par le VHC aux moyens d’une approche communautaire. L’objectif de l’ANRS est de maintenant étudier l’efficacité d’une telle intervention éducative dans une population encore plus marginalisée, les usagers de drogue ne se rendant pas dans les centres d’accueil, en allant directement à leur rencontre dans leurs lieux de vie.

Source

Increased uptake of HCV testing through a community-based educational intervention in difficult–to-reach people who inject drugs: results from the ANRS-AERLI study

Uptake of HCV testing in people who inject drugs

Perrine Roux1,2,3,*, Daniela Rojas Castro4,5, Khadim Ndiaye1,2,3, Marie Debrus5, Camélia Protopopescu1,2,3, Jean-Marie Le Gall4, Aurélie Haas4, Marion Mora1,2,3, Bruno Spire1,2,3,4, Marie Suzan-Monti1,2,3,4, Patrizia Carrieri1,2,3

1INSERM U912 (SESSTIM), Marseille, France, 2Aix Marseille Université, IRD, UMR-S912, Marseille, France,
3ORS PACA, Observatoire Régional de la Santé Provence Alpes Côte d'Azur, Marseille, France, 4AIDES, Pantin, France, 5Médecins du Monde, Paris, France

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