Une étude pointe les inégalités d’espérance de vie chez les adultes en comparant l'Angleterre à la France et à l'Italie
18 Mai 2016
|Le tabagisme, la boisson et une mauvaise alimentation expliqueraient ces différences.
Londres, Mai 2016 - Des recherches menées par la Cass Business School et l'International Longevity Centre-UK (ILC-UK) ont recensé des inégalités grandissantes en termes d'espérance de vie chez les adultes. Le rapport, An investigation into inequalities in adult lifespan, qui a étudié les données du Human Mortality Database à partir des années 1870, en comparant l'Angleterre et le pays de Galles à la France et l'Italie est paru le jeudi 3 mai 2016 dans son intégralité.
Les Mayhew, titulaire de la chaire de statistiques et David Smith, professeur en sciences actuarielles, tous deux à la Cass Business School de Londres, ont ainsi mesuré les différences d'âge entre les 10ÂÂ % d'adultes morts le plus tôt et les 5ÂÂ % d'adultes morts le plus tard.
Ils ont observé que tandis que la population du Royaume-Uni vivait plus longtemps qu'elle ne l'avait jamais fait, un écart se creusait entre les durées de vie les plus longues et celles les plus courtes. En particulier, l'espérance de vie des catégories socio-économiques les plus basses diverge de celle des catégories les plus hautes, et ce pour la première fois depuis les années 1870.
L'étude attribue cette disparité grandissante aux différents modes de vie plus qu'aux risques environnementaux, qui étaient très présents lors de la première moitié du XXe siècle. Parmi les facteurs les plus importants en ce qui concerne le mode de vie, on retrouve le tabagisme, la boisson et une mauvaise alimentation, qui sont tous trois plus représentés dans les classes les plus pauvres de la société.
Le rapport, An investigation into inequalities in adult lifespan, a mené aux observations suivantesÂÂ :
- L'espérance de vie des hommes de 30 ans en Angleterre et au pays de Galle est actuellement plus élevée qu'en France ou qu'en Italie, bien qu'après 1950, la différence n'ait généralement été que d'un an ou moins. En France et en Italie, l'espérance de vie des femmes est actuellement plus élevée qu'en Angleterre et qu'au pays de Galles et elle s'est améliorée davantage depuis 1950.
- Dans l'absolu, l'écart en matière d'espérance de vie en France chez les hommes est actuellement plus grand que celui qui existe en Angleterre ou au pays de Galles, qui lui-même est plus important qu'en Italie. Actuellement, cet écart est de 37,0 ans en France, alors qu'il est de 33,3 ans en Angleterre et au pays de Galles et de seulement de 31,7 ans en Italie. Il convient particulièrement de remarquer que les inégalités de durée de vie des hommes ont continué à se réduire lors de la période B (depuis 1950) plus qu'au cours de la période A (1870 à 1939).
- C'est en Italie que l'écart absolu en matière d'espérance de vie chez les femmes est actuellement le plus bas, puisqu'il s'élève à 28,2 ans, alors qu'il est de 30,6 ans en France et de 31,0 ans en Angleterre et au pays de Galles. En Italie et en France, le niveau d'amélioration depuis 1950 a été bien meilleur qu'en Angleterre et qu'au pays de Galles. En Italie, par exemple, l'écart s'est réduit de 5,8 ans alors qu'il ne s'est réduit que de 3,1 ans en Angleterre et au pays de Galles.
- En comparant les sexes en termes d'espérance de vie, on observe que l'écart est actuellement plus grand en France qu'en Italie et qu'en Angleterre et au Pays de Galles et qu'il continue de se creuser. En Angleterre et au pays de Galles, l'écart entre les sexes en termes de durée de vie a été le plus faible parmi ceux des trois pays et a été remarquablement similaire au cours des périodes A et B. Cependant, cette similarité a cessé après 1990, quand l'écart s'est à nouveau creusé pour les hommes.
Les Mayhew, l'auteur de ce rapport, explique :
«Nous avons étudié les données à partir des années 1870, en comparant l'Angleterre et le pays de Galles à la France et l'Italie. Il nous est clairement apparu que la première moitié du XXe siècle s'est caractérisée par une réduction des écarts en matière d'espérance de vie, les améliorations en matière de propreté de l'eau, de logement, de revenus et de santé ayant bénéficié à l'ensemble de la population. Malgré l'augmentation générale de l'espérance de vie après 1950, l'écart entre les hommes et les femmes s'est accru tandis que les inégalités en termes de durée de vie persistaient au lieu de diminuer.»
«Nous avons observé que depuis les années 1990, les inégalités en matière de durée de vie se sont réellement accentuées pour les hommes en Angleterre et au pays de Galles. C'est en partie dû au fait que bien que de nos jours, quelques hommes vivent très longtemps et que de nombreux hommes vivent aussi longtemps que les femmes, en ce qui concerne les durées de vie les plus courtes, on observe peu de changements. L'étude attribue cette disparité grandissante aux différents modes de vie plus qu'aux risques environnementaux, qui étaient très présents lors de la première moitié du XXe siècle. Parmi les facteurs les plus importants en ce qui concerne le mode de vie, on retrouve le tabagisme, la boisson et une mauvaise alimentation, qui sont tous trois plus représentés dans les classes les plus pauvres de la société.»
En 2003, le gouvernement du Royaume-Uni s'était fixé pour objectif d'avoir, en 2010, des espérances de vie qui ne différeraient pas de plus de 10 % entre les zones du pays les plus prospères et celles les plus pauvres. Non seulement l'objectif n'a pas été pas atteint, mais c'est l'opposé qui s'est produit. L'étude en conclut que la réponse à ce problème n'est pas de redistribuer les dépenses de santé, mais de changer les habitudes et modes de vie. Des outils politiques plus puissants destinés à engendrer des changements de comportement seraient nécessaires pour orienter la population vers des modes de vie plus sains.
Sally Greengross, directrice générale de ILC-UK, ajoute :
«Ce rapport, qui tombe à point nommé, souligne comment, malgré une augmentation significative de l'espérance de vie, l'écart entre les riches et les pauvres s'accroît pour la première fois depuis les années 1870. Cette tendance est particulièrement inquiétante pour la société et les responsables politiques doivent en faire davantage de manière à réduire à nouveau cet écart. La lutte contre les inégalités en termes de santé et de handicap doit être une priorité politique.»
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