altMonsieur le Ministre, cher Thierry MANDON, Monsieur le Commissaire général à l’investissement, cher Louis SCHWEITZER, Monsieur le directeur général de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), cher Martin HIRSCH, Monsieur le président de l'Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (AVIESAN), Yves LEVY, Mesdames et messieurs les directeurs, Mesdames, messieurs,

Echanger sur le rôle, la place, l’avenir des Institut hospitalo-universitaires (IHU) comme nous le faisons aujourd’hui, c’est s’immerger dans l’excellence de notre système de santé. Parce que l’innovation est ce qui fait la force de ce système, la capacité des IHU à repousser sans cesse l’horizon des possibles permet à la France d’être le fer de lance de ce mouvement. Pas un mois, ou presque, ne passe sans qu’une première mondiale voie le jour dans notre pays.

Ce mouvement, c’est du concret pour la vie des Français. Je pense à Didier RAOULT, qui lutte contre l’antibiorésistance en développant des méthodes innovantes ; à Alain FISCHER, qui a changé la vie des enfants atteints de déficits immunitaires graves grâce à la première thérapie génique ; à Jacques MARESCAUX, pionnier de la chirurgie du futur ; à Michel HAISSAGUERRE, qui a révolutionné la prise en charge de l’arythmie cardiaque. Je pense aussi à Bertrand FONTAINE qui a amélioré la compréhension des maladies neurodégénératives grâce à des outils génomiques innovants, ou encore à Karine CLEMENT, qui a révélé le rôle de la flore intestinale dans les maladies cardiovasculaires.

Nous vivons une révolution, un moment de rupture qui s’appuie évidemment sur de nouvelles techniques, mais aussi sur de nouvelles pratiques et une organisation où le rôle de chacun est repensé. Dans cette reconfiguration, l’articulation entre les IHU et les CHU est centrale, j’y reviendrai.

L’innovation en santé, c’est aussi une formidable source d’optimisme pour l’économie française. Il y a aujourd’hui plus de start-ups de la Health Tech à Paris qu’à Londres. On ne le sait pas assez. Pourquoi ? Parce que nous en avons fait une priorité politique. Parce que nous avons simplifié les démarches administratives. Parce que nous avons investi. Et c’est pour aller plus loin encore que nous avons porté, avec Louis SCHWEITZER, la dotation du Fonds d’Accélération des Biotech en santé (FABS) à 340 millions d’euros.

Le moteur des IHU, c’est donc cette formidable capacité d’innovation. Derrière ce sigle il y a des femmes, des hommes, qui ont porté ces projets.

Depuis bientôt 6 ans, les IHU réunissent des équipes de chercheurs et de soignants autour d'un programme d'excellence en matière de soins, de formation et de recherche.

C’est l’excellence de vos travaux de recherche qui a retenu l’attention du jury international et conduit à la labélisation de vos 6 IHU : l’Institut du Cerveau et de la Moelle Epinière (ICM), où nous nous trouvons, l’Institut de Cardiométabolisme et Nutrition (ICAN), qui se trouve également à la Pitié Salpêtrière, l’Institut Imagine à Necker, l’Institut de Chirurgie Guidée par l'Image à Strasbourg, l'Institut de Rythmologie et Modélisation Cardiaque (LIRYC) à Bordeaux et POLMIT à Marseille.

6 ans après leur création, cette journée est aussi l’occasion de dresser un premier bilan. Vous venez de faire l’objet d’une évaluation par un jury international qui a confirmé la qualité de vos équipes, du travail accompli et de vos projets.

Que nous dit ce bilan ? D’abord, entre 2012 et 2014, vos IHU ont été à l’origine de plus de 7500 publications scientifiques, dont plus de 300 dans le top 10 des revues les plus prestigieuses. Ensuite, sur la même période, vous avez développé avec vos partenaires privés plus de 700 projets de recherche et développement et conduit plus de 1200 essais cliniques. Enfin, vous avez créé et hébergez aujourd’hui plus d’une vingtaine de start-ups.

Cette réussite n’aurait pas été possible sans votre engagement et je veux ce matin vous renouveler mon soutien. Je suis toujours impressionnée par la motivation de vos équipes, par la très haute performance de vos équipements et la très grande attractivité que représentent vos IHU pour les étudiants, les chercheurs et les soignants internationaux. Il y a un peu plus d’un an, j’inaugurais le laboratoire de recherche et développement d’Alexion Pharmaceutical au sein de l’Institut Imagine. J’y ai vu l’envie inépuisable d’innover et un écosystème unique où soignants et chercheurs se côtoient, où l’imbrication entre les soins et la recherche est totale. C’est bien cette fluidité parfaite entre la recherche et le soin qui fait votre renommée à l’international.

Faire le bilan des IHU, c’est aussi réfléchir ensemble à la manière d’aller plus loin encore.

L’IHU est un site unique, implanté dans l’enceinte d’un CHU, où patients, soignants, chercheurs académiques et industriels se côtoient pour innover. Chacun joue un rôle actif, les patients également, qui souhaitent et doivent être acteurs de leur santé. L’enjeu aujourd’hui est de trouver la bonne articulation entre l’institut hospitalo- universitaire (IHU) et le centre hospitalier universitaire (CHU) où il est implanté.

D’un côté, l’IHU se distingue par son dynamisme, sa créativité et par l’expertise de ses chercheurs en matière de recherche fondamentale et translationnelle. Il nécessite des outils de recherche innovants, parfois même avant-gardistes. De l’autre, le CHU apporte ses soignants, ses chercheurs, ses personnels et met à disposition des terrains, des locaux et des plateaux techniques. Ces interactions, qui doivent éviter la redondance, fondent l’originalité et l’excellence du binôme IHU-CHU. Elles soulèvent aussi des questions financières, budgétaires et juridiques complexes.

Ces questions complexes ont parfois généré des tensions au sein du binôme. Jusqu’à présent, grâce à l’excellente collaboration entre l’IHU et le CHU, des solutions ont toujours été trouvées même si toutes les situations particulières ne sont pas encore totalement stabilisées.

Je regrette que la ministre en charge de la Santé n’ait pas jugé opportun en 2009 de s’impliquer dans la création des IHU. Il y a là une malfaçon d’origine, qu’il est encore temps de corriger. Comment ? En faisant évoluer la gouvernance et en permettant au ministère de la Santé de participer au pilotage des binômes.

C’est pourquoi, avec Thierry MANDON, nous avons missionné l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche (IGAENR), afin de proposer un ou des modèle(s) médico- économique(s) et de gouvernance pour les binômes CHU/IHU. S’agissant de l’IGAS, il conviendra notamment d’analyser les modalités financières et juridiques d’articulation dans le domaine des soins, de la recherche clinique, et de l’accès aux innovations, dont le financement relève de l’assurance maladie.

Mesdames, messieurs,

L’institut hospitalo-universitaire (IHU) incarne et fait vivre l’excellence médicale dans notre pays. La place particulière du binôme IHU-CHU dans l’offre de soins permet de prodiguer des soins d’exception, étroitement liés à la recherche et à l’innovation. C’est un endroit où les patients peuvent bénéficier précocement et en toute sécurité des innovations les plus avant-gardistes.

Ces binômes, par leur expertise, doivent également jouer un rôle de référent national dans leur domaine d’excellence spécifique. Ils doivent contribuer à éclairer certaines décisions de santé publique.

Je vous souhaite une journée riche en échanges en espérant qu’elle soit l’occasion de dessiner de nouvelles perspectives pour ces couples d’avenir que sont les IHU / CHU.

Je vous remercie.


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