05 Janvier 2016
|La Fondation de France décernera le prix Jean Valade au Professeur Philippe Roingeard et à toute son équipe pour leurs travaux sur la mise au point d'un vaccin bivalent contre les virus des hépatites B et C, le mercredi 20 janvier au Collège des Bernardins à Paris.
Monsieur Philippe Roingeard est Professeur à l’université François-Rabelais et Praticien Hospitalier au CHRU de Tours. Il dirige l’unité mixte INSERM-Université U966 Morphogénèse et Antigénicité du VIH et des virus des Hépatites (MAVIVH), localisée à la Faculté de médecine et au CHRU de Tours.
Reconnue internationalement dans la recherche sur les virus des hépatites et du VIH, cette unité développe des axes de recherche fondamentale liée à la morphogenèse de ces virus, ou des aspects plus appliqués liés à leur dissémination et leur épidémiologie, ainsi qu'au développement de stratégies vaccinales innovantes.
C’est d’ailleurs en étudiant les mécanismes de morphogenèse comparés des virus des hépatites B et C que cette équipe a eu l’idée de concevoir un vaccin bivalent contre ces deux virus. Ceci illustre parfaitement comment une recherche fondamentale peut déboucher sur des applications médicales.
La Touraine a déjà été à l’honneur avec la mise au point du premier vaccin contre l’hépatite B, par l’équipe du Professeur Philippe Maupas, il y a plus de trente ans. Dans la continuité de ces travaux, Philippe Roingeard et son équipe ont établi le concept d’un vaccin contre l’hépatite B modifié, incorporant également des constituants du virus de l’hépatite C, capable d’induire une réponse immunitaire contre les deux virus.
Le virus de l’hépatite C infecte plus de 180 millions de personnes dans le monde et environ 250 000 personnes en France. Il représente une cause majeure de maladies chroniques du foie, évoluant souvent vers la cirrhose et le cancer du foie. L’arrivée de nouvelles molécules antivirales ont permis de lutter de manière efficace contre ce virus mais elles restent extrêmement coûteuses. Même si elles contribuent de manière significative à faire reculer la maladie, les enjeux financiers font qu’elles ne pourront pas constituer l’unique solution pour éradiquer la maladie.
Par ailleurs, de nombreux porteurs chroniques du virus ignorent être infectés. Si les traitements sont utilisés trop tard, ils peuvent éliminer le virus, mais ils restent inefficaces pour empêcher le foie de progresser vers une cirrhose et un cancer du foie. L’organisation mondiale de la santé (OMS) estime que tous les ans 3 à 4 millions de personnes sont nouvellement infectées par ce virus dans le monde.
Pour toutes ces raisons, la mise au point d’un vaccin préventif de l’infection par le virus de l’hépatite C est un enjeu de santé publique important, à la fois pour se donner les meilleures chances d’éradiquer la maladie et pour diminuer les dépenses de santé liées à ce virus.
Un des aspects intéressants de ce vaccin est qu’il est simple à produire. Testé en modèle de petit animal, il s’est avéré extrêmement prometteur. Aussi efficace que les vaccins actuels contre l’hépatite B, il pourrait les remplacer avantageusement puisqu’il protège aussi contre le virus de l’hépatite C, pour lequel il n’existe pas de vaccin à l’heure actuelle.
L’équipe du Pr Roingeard est actuellement à la recherche de financements pour réaliser des essais en modèle primate, prérequis indispensable avant de tester le vaccin chez l’homme. L’identification d’un partenaire industriel qui produira le vaccin avec les normes de l’industrie pharmaceutique sera également indispensable.
L’attribution de ce prix de la Fondation de France pourrait être déterminante pour franchir toutes ces étapes.