Journée européenne d’information sur les antibiotiques : état des lieux de la consommation et de la résistance aux antibiotiques en France
26 Décembre 2015
|L’utilisation massive et répétée d’antibiotiques génère au fil du temps une augmentation des résistances bactériennes qui menacent l’efficacité des traitements. A l’occasion de la journée européenne d’information sur les antibiotiques du 18 novembre 2015, l’Institut de veille sanitaire (InVS) et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) tiennent à rappeler la nécessité de mieux utiliser les antibiotiques afin d’en préserver l’efficacité. Dans ce cadre, ils publient, pour la deuxième année consécutive, un bilan des données de consommation et de résistance aux antibiotiques en France sur une période de dix ans (2004-2014) et pour la première fois des données de pharmacovigilance relatives aux effets indésirables des classes d’antibiotiques[1] . Au regard de ces résultats, la mobilisation durable et déterminée des prescripteurs, des patients et des pouvoirs publics[2] reste indispensable pour promouvoir le bon usage des antibiotiques.
Consommation d’antibiotiques : légère baisse en 2014 mais la tendance sur 10 ans demeure préoccupante
Après 3 années de hausse consécutive, la consommation d’antibiotiques en ville a légèrement diminué en 2014, probablement en lien avec une faible incidence des pathologies hivernales. Néanmoins, avec une consommation supérieure de 7% à celle observée en 2004[3] , l’évolution de la consommation au cours de ces dix dernières années s’inscrit toujours dans une tendance globale à la hausse, notamment pour les pénicillines à large spectre. Dans les établissements de santé, la consommation est en revanche restée stable entre 2013 et 2014. Un usage plus important des carbapénèmes, antibiotiques dits de dernier recours, a toutefois été observé en 2014 comparativement à 2013. Le recours à l’association amoxicilline-acide clavulanique continue de progresser, ce qui constitue un sujet de préoccupation car cet antibiotique est particulièrement générateur de résistances.
Résistances aux antibiotiques : des évolutions contrastées
Si les données restent encourageantes pour le pneumocoque en ville ainsi que pour le staphylocoque doré en secteur hospitalier, avec une diminution de la résistance quasi-constante depuis plus de 10 ans, une vigilance renforcée est toujours nécessaire pour les entérobactéries. Cette famille réunit un grand nombre de bactéries présentes principalement dans le tube digestif, notamment Escherichia coli, responsable d’infections urinaires, la plus fréquente des infections rencontrées en ville comme à l’hôpital. Chez ces bactéries, l’augmentation des souches productrices de BLSE (bêta-lactamases à spectre étendu) et l’émergence des entérobactéries productrices de carbapénémases, sont particulièrement préoccupantes.
Données de pharmacovigilance : effets indésirables des classes d’antibiotiques en 2014
Comme tout médicament, les antibiotiques conduisent parfois à des effets indésirables, variables selon les molécules. Pour la première fois, une analyse spécifique des cas d’effets indésirables notifiés dans la base nationale de pharmacovigilance (BNPV) a été effectuée. En 2014, près de 5 700 cas de patients présentant près de 8 000 effets indésirables liés aux antibiotiques ont été enregistrés[4]. Le nombre d’effets indésirables observés dans la base représente une estimation basse du nombre total d’effets indésirables liés aux antibiotiques, notamment en raison d’une sous-notification par les professionnels de santé. Parmi l’ensemble des cas recensés, 60,5% étaient graves. Les effets indésirables les plus notifiés étaient : des atteintes cutanées ou hématologiques, des troubles généraux, des anomalies au site d’administration et des affections gastro-intestinales. Les pénicillines et autres bêta-lactamines représentaient près de la moitié des effets indésirables déclarés.