alt7 juillet 2015 ¦ MANILLE. Trop peu de gouvernements prélèvent des taxes à un niveau suffisamment élevé sur les cigarettes et les produits du tabac. Ils omettent ainsi d’utiliser une mesure peu onéreuse qui a fait ses preuves pour réduire la demande de tabac, sauver des vies et lever des fonds pour renforcer les systèmes de santé, selon le Rapport de l’Organisation mondiale de la Santé sur l’épidémie mondiale de tabagisme 2015.

Le rapport s’intéresse à la hausse des taxes sur le tabac. Bien que 33 pays prélèvent des taxes représentant plus de 75 % du prix de vente au détail d’un paquet de cigarettes, de nombreux autres ont des taux de taxation extrêmement bas. Certains n’ont même instauré aucune taxe spéciale sur les produits du tabac.

« La hausse des taxes sur les produits du tabac est l’un des moyens les plus efficaces, et les moins coûteux par rapport à l’efficacité, de réduire la consommation de produits qui tuent, tout en générant des revenus substantiels », déclare le Dr Margaret Chan, Directeur général de l’OMS. « J’invite tous les gouvernements à examiner les données factuelles, pas les arguments de l’industrie, et à adopter l’une des meilleures options politiques gagnant‑gagnant à la disposition du secteur de la santé. »

Les stratégies pour soutenir la mise en œuvre des mesures de réduction de la demande contenues dans la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, telles que le programme « MPOWER », ont contribué à sauver des millions de vies au cours de la dernière décennie. MPOWER a été créé en 2008 pour favoriser l’action gouvernementale dans les six stratégies de lutte antitabac, chacune d’elles correspondant à une des lettres de l’acronyme MPOWER, afin de mettre fin à l’épidémie de tabagisme, à savoir :

  • Monitor : Surveiller la consommation de tabac et les politiques de prévention
  • Protect : Protéger la population contre la fumée du tabac
  • Offer : Offrir une aide à ceux qui veulent renoncer au tabac
  • Warn : Mettre en garde contre les dangers du tabagisme
  • Enforce : Faire respecter l’interdiction de la publicité en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage
  • Raise : Augmenter les taxes sur le tabac.

Selon l’une des principales conclusions du rapport, financé par Bloomberg Philanthropies, la hausse des taxes est la mesure du programme MPOWER la moins mise en œuvre en termes de population couverte, et celle pour laquelle on a observé le moins de progrès en termes d’action des gouvernements depuis 2008. Toutefois, en 2014, 11 pays avaient augmenté les taxes dans une telle proportion qu’elles représentaient plus de 75 % du prix de vente au détail d’un paquet de cigarettes, rejoignant ainsi les 22 pays ayant déjà instauré de tels niveaux de taxation en 2008.

Le Dr Douglas Bettcher, Directeur à l’OMS du Département Prévention des maladies non transmissibles (MNT), déclare que la hausse des taxes sur le tabac et des prix sont des méthodes qui ont fait leur preuve pour réduire la consommation et promouvoir la renonciation aux produits du tabac.

« Des données probantes en Chine et en France montrent que la hausse des prix des produits du tabac associée à l’augmentation des taxes entraîne une baisse de la prévalence du tabagisme et des effets néfastes associés, tels que les décès par cancer pulmonaire », indique le Dr Bettcher.

Le Dr Vera da Costa e Silva, Chef du Secrétariat de la Convention-cadre de l’OMS, relève que la Convention propose aux gouvernements des politiques pour venir à bout du commerce illicite des produits du tabac, afin de réduire la demande et d’accroître les recettes fiscales de la vente des produits du tabac. « Les pays doivent envisager de mettre en œuvre les dispositions du Protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac et lutter contre les marchés illégaux », ajoute-t-elle.

La taxation du tabac pourrait également être une source essentielle de financement pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable pour l’après-2015.

Les maladies liées au tabagisme sont l’une des plus graves menaces pour la santé publique auxquelles le monde ait été confronté. Environ une personne meurt toutes les six secondes d’une maladie liée au tabagisme, ce qui équivaut approximativement à six millions de personnes par an. Selon les projections, ce chiffre devrait augmenter pour dépasser plus de huit millions de personnes par an d’ici à 2030 si des mesures rigoureuses ne sont pas prises pour endiguer l’épidémie.

La consommation de tabac fait aussi partie des quatre principaux facteurs de risque derrière l’épidémie mondiale de maladies non transmissibles, principalement les cancers, les maladies cardiovasculaires et pulmonaires, et le diabète. En 2012, ces maladies ont été la cause de 16 millions de décès prématurés (avant l’âge de 70 ans), dont plus de 80 % se sont produits dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

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