altL'expertise de l'Institut Curie dans la prise en charge des sarcomes des tissus mous se renforce

Les tissus mous ont en commun de soutenir et relier les différentes structures du corps et de constituer la paroi des organes. Les sarcomes des tissus mous peuvent donc survenir n'importe où dans l'organisme : dans la paroi des organes de l'abdomen ou du thorax, dans les tissus qui les relient, ou bien dans les membres.  Le sarcome prend alors le nom du tissu auquel il ressemble.

Chirurgienne viscérale, le Dr Sylvie Bonvalot est spécialisée dans la chirurgie très spécifique de ces sarcomes. Son arrivée en mai à l'Institut Curie permet de renforcer l'expertise dans ce domaine.

Chaque année, environ 4 000 personnes, des enfants et des adultes, sont concernées en France par cette pathologie qui recouvre en tout près de 50 sous types différents. La moitié apparaît dans les membres et l'autre moitié au niveau du tronc et de la tête et du cou. Dans le tronc, les sarcomes surviennent au niveau de la paroi des organes ou bien dans les tissus mous du rétro péritoine et des parois. Comme elles n'altèrent pas la muqueuse des organes, ces tumeurs se développent longtemps de manière insidieuse dans l'organisme. Le plus souvent elles sont donc détectées tardivement, lorsque leur masse est tellement volumineuse qu'elle gêne le patient.

Une place prépondérante pour la chirurgie dans la prise en charge

La chirurgie est le traitement de référence de ces tumeurs. Dans le cas des sarcomes des membres, elle est associée à la radiothérapie en cas de risque élevé. La chimiothérapie n'est pas un standard pour les tumeurs primitives, et est discutée au cas par cas. Administrée avant le traitement local, la chimiothérapie peut réduire la taille de la tumeur lorsqu'elle est évoluée et ainsi faciliter la chirurgie, tout en diminuant le risque de dissémination à distance.

La chirurgie reste toutefois très lourde car les tumeurs à retirer sont très volumineuses (plusieurs dizaine de centimètres). « Il est parfois nécessaire d'enlever des organes avoisinants pour éviter les rechutes. Nous faisons le maximum de reconstructions possibles pour que les patients aient une bonne qualité de vie, précise le Dr Sylvie Bonvalot. La chirurgie ne peut donc être pratiquée que dans des hôpitaux disposant d'un service de soins intensifs avec un médecin anesthésiste-réanimateur sur place, comme c'est le cas à l'Institut Curie. Lorsque le traitement est correctement effectué, la survie 5 ans des patients dépasse les 80% »,.

 

Quelles avancées peut-on attendre dans la prise en charge ?

Entretien avec le Dr Sylvie Bonvalot, chirurgienne viscérale, spécialiste des sarcomes des tissus mous

S'agissant de cancers relativement rares, la prise en charge des sarcomes des tissus mous doit être effectuée par des équipes pluridisciplinaires hautement spécialisées, habituées à diagnostiquer et à traiter cette maladie. L'Institut Curie est labellisé par l'INCa centre de compétence du réseau français NETSARC dédié aux sarcomes des tissus mous et des viscères. Il est donc primordial de former les professionnels à la chirurgie des sarcomes des tissus mous.

C'est l'objectif du congrès e-SURGE que je dirige et qui se déroulera en octobre 2016 à l'Institut Curie. Tous les deux ans, une centaine de chirurgiens européens, asiatiques et américains y participent. Son principe repose sur des interventions filmées en direct au bloc opératoire et commentées. Car une première intervention non adaptée peut avoir des conséquences dramatiques. L'acte chirurgical influence largement la survie des patients, en particulier dans les localisations tronculaires.

Les avancées dans la prise en charge viennent de la recherche clinique. Je suis ainsi coordinatrice de 2 essais cliniques internationaux, l'un promu par un industriel et l'autre par la Société Européenne pour la Recherche et le Traitement des Cancers, l'EORTC.

Chez des patients atteints d'un sarcome localement évolué des membres et des parois, nous venons de finir un essai de phase I/II, rapporté à l'ASCO cette année, dont le promoteur est Nanobiotix. Cette étude a évalué l'impact et la tolérance de l'injection de nanoparticules d'hafnium (NBTXR3) dans la tumeur avant la radiothérapie, l'opération étant réalisée dans un second temps. Nous devons maintenant confirmer l'efficacité de ces nanoparticules par une étude randomisée, en vue de l'obtention d'une autorisation de mise sur le marché de ces molécules. Trente-six pays participent. L'objectif est d'améliorer la réponse au traitement avant l'opération.

Impliquant une vingtaine de pays Européens, le Canada et les Etats-Unis, l'étude de l'EORTC évalue l'impact de la radiothérapie avant l'ablation d'un sarcome rétro péritonéal (situé dans l'abdomen). L'objectif est d'améliorer le contrôle de la maladie et l'étude est donc randomisée.

Je coordonne également un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) national sur les tumeurs desmoïdes [1] auquel participent neuf autres centres français. L'objectif est de corréler différents paramètres biologiques à l'évolutivité de ces tumeurs. En effet, certaines tumeurs desmoïdes sont indolentes et peuvent régresser spontanément sans traitement alors que d'autres évoluent et doivent être traitées. Actuellement on se base sur des IRM consécutives, mais on aimerait avoir des éléments de décision plus précoces.

 

Pour en savoir plus

 

· Réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) pour les sarcomes à l'Institut Curie, coordonnée par le Dr Sophie Piperno-Neumann, oncologue médicale spécialisée dans la prise en charge des sarcomes osseux et des tissus mous.

Au cours de cette réunion hebdomadaire sont prises les décisions diagnostiques et thérapeutiques concernant les patients de l'Institut Curie, mais aussi de patients extérieurs pour lesquels un avis de recours est demandé par leur médecin traitant ou oncologue. La RCP garantit une prise en charge de qualité à tous les patients, et leur propose si possible un essai clinique adapté.

 

· Groupe Thématique Transverse dédié aux sarcomes des tissus mous et des os coordonné depuis 2003 par le Dr Sophie Piperno-Neumann. Ce groupe multidisciplinaire comprend des chirurgiens, des radiologues, des oncologues radiothérapeutes, des oncologues médicaux et pédiatres, des pathologistes, des onco-généticiens, ainsi que des chercheurs du centre de recherche et des attachés de recherche clinique. Il définit les stratégies de recherche translationnelle et clinique pour les sarcomes et maladies des tissus conjonctifs comme les tumeurs desmoïdes. L'arrivée à l'Institut Curie du Dr Bonvalot va permettre de développer cette recherche indispensable pour améliorer la prise en charge des patients atteints de sarcomes.

 

· Groupe Sarcome Français et Groupe Sarcome de l'EORTC : l'Institut Curie participe activement à ces 2 groupes en coordonnant ou en participant à des études cliniques nationales et internationales sur les sarcomes.

 

En France les patients peuvent s'informer sur le site info sarcome : http://www.infosarcomes.org/

Les professionnels de santé  peuvent s'informer sur le site netsarc.org

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