Une étude montre comment les gouvernements peuvent limiter le bilan tragique des décès chez les mères et les nourrissons
01 Avril 2015
|Genève, le 1er avril 2015. Les gouvernements pourraient réduire substantiellement le nombre de décès chez les nourrissons et les mères en rendant plus accessibles les services de soins postnatals, en particulier pour les femmes pauvres et peu instruites dans les zones rurales, selon une étude publiée dans le Bulletin de l'Organisation mondiale de la Santé aujourd'hui.
Les soins postnatals pour les mères et les nourrissons comprennent, par exemple, le fait de les garder dans un établissement médical pendant vingt-quatre heures avant de les autoriser à rentrer chez eux ou de leur rendre visite dès que possible après un accouchement à domicile; l'évaluation répétée de l'état des mères et des nouveau-nés permet d'identifier les problèmes précocement et de les gérer rapidement.
Les auteurs de l'article, basés au Canada et en Suisse, ont analysé les données de 15 pays et territoires à revenu faible et intermédiaire. Ils ont constaté que de nombreuses mères n'utilisent pas les services postnatals parce qu'ils ne sont pas facilement accessibles, parce qu'ils sont trop chers ou parce que les mères ne savent pas si elles, ou leurs bébés, en ont besoin.
Au Kenya, par exemple, moins de 20% des femmes bénéficient des services de soins postnatals, et ce pourcentage est de 35% en République démocratique du Congo.
«Une grande partie des décès maternels et infantiles surviennent au cours des 42 jours qui suivent l'accouchement, et le faible niveau d'accès aux soins postnatals demeure inacceptable», a déclaré l'auteur principal de l'étude, le Dr Étienne V. Langlois de l'Alliance pour la recherche sur les politiques et les systèmes de santé, un partenariat géré par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) à Genève.
L'étude est la première revue systématique (qui analyse toutes les données disponibles sur le sujet) à examiner pourquoi les services postnatals sont sous-utilisés.
Le Dr Langlois poursuit: «Notre étude a identifié un autre problème: les services de soins postnatals ne sont pas équitablement répartis dans les pays à revenu faible et intermédiaire, où la grande majorité (99%) des décès maternels et néonatals se produisent», en ajoutant: «Par conséquent, pour les femmes de faible statut socio-économique, peu instruites et vivant dans les zones rurales ou éloignées, l'accès à ces services vitaux est limité, voire inexistant.»
Les conséquences peuvent être désastreuses.
Parmi les estimations annuelles faisant état de 289 000 décès de mères et de 2,9 millions de décès de nouveau-nés, de nombreux décès pourraient être évités en améliorant l'accès aux services de soins postnatals.
Le gouvernement et les autres responsables politiques en matière de santé devraient reconnaître l'importance de dispenser des consultations postnatales pour les mères et les bébés, d'investir davantage et de chercher à augmenter l'accès aux soins postnatals, par exemple, en réduisant les frais directs aux usagers, préconise le Dr Langlois.
L'étude met en avant - en les présentant comme l'une des solutions envisageables - les programmes de sensibilisation communautaires visant les jeunes femmes pauvres, qui leur fournissent des informations sur la santé reproductive et leur expliquent quand recourir aux soins postnatals.
«Pour de nombreux gouvernements, une bonne façon de commencer serait d'adapter les recommandations de l'OMS relatives aux soins postnatals à leurs spécificités locales», a déclaré le Dr Severin Von Xylander, de l'équipe qui a élaboré les directives de l'OMS sur les consultations postnatales et les soins postnatals au cours des six semaines suivant la naissance.
«Les responsables politiques devraient développer des programmes de promotion de la santé pour informer les familles et les communautés quant à l'importance de l'utilisation des services de soins postnatals, par exemple en détectant les signes de danger chez les nouveau-nés, comme des convulsions ou des problèmes d'alimentation», a recommandé le Dr Von Xylander.
Les 4e et 5e Objectifs du Millénaire pour le Développement sont consacrés à l'amélioration de la santé infantile et maternelle, mais les progrès ont été inégaux et tous les pays ne sont pas en voie de les atteindre.
L'année dernière, les 194 États Membres de l'OMS ont approuvé le Plan d'action «Chaque nouveau-né» qui comprend des objectifs visant chaque femme et chaque nouveau-né, pour réduire les inégalités et pour améliorer la qualité des soins maternels et néonatals. Ce plan appelle à être particulièrement attentif à la prise en charge au moment de la naissance, pour la mère et l'enfant, y compris la première semaine des soins postnatals, pour mettre fin aux cas d'enfants mort-nés et aux décès évitables chez les mères et les nouveau-nés.
Les 15 pays et territoires analysés dans l'étude sont: le Bangladesh, le Belize, le Brésil, la Chine, la République démocratique du Congo, l'Inde, l'Indonésie, la Jordanie, le Liban, le Myanmar, la Namibie, le Népal, le Nigéria, le Pakistan et la Palestine.
La principale mission de l'Alliance pour la recherche sur les politiques et les systèmes de santé est de promouvoir la production et l'utilisation des connaissances pertinentes pour améliorer les systèmes de santé des pays à revenu faible et intermédiaire.
«Les données sur la couverture des services de soins postnatals et des autres services de santé maternelle et infantile sont cruciales pour éclairer les décisions des politiques et des systèmes de santé répondant aux besoins non comblés dans les pays à revenu faible et intermédiaire», a expliqué le Dr Langlois.