altLa Fédération de l'hospitalisation privée de la Dialyse (FHP-Dialyse) dénonce le projet du gouvernement de réintégrer l'EPO dans les forfait dialyse, une mesure qui risque de restreindre l'accès à ce médicament au détriment de la qualité de prise en charge des patients. Elle propose à la place que soit menée une véritable réflexion sur la création d'un forfait « anémie », qui recueille déjà un large assentiment de l'ensemble des professionnels de santé.

Lors d'une réunion de concertation à la Direction générale de l'offre de soins (DGSO), le 18 décembre, le ministère de la Santé a confirmé aux professionnels et aux représentants des associations de patients son intention de réintégrer par une circulaire le 31 janvier l'érythropoïétine (EPO) dans le prix de la séance de dialyse, appelé forfait de dialyse. Actuellement, ce traitement est pris en charge en plus (via la liste en sus) du forfait de séance d'hémodialyse.

L'EPO, hormone qui entraîne une augmentation des globules rouges dans le sang, est produite essentiellement par le rein mais l'insuffisance rénale entraîne sa diminution et une anémie. Elle est donc administrée chez les dialysés - 80% des patients en bénéficient sur indications médicales - pour lutter contre l'anémie et restaurer une meilleure qualité de vie. Cette administration se fait pendant les séances de dialyse pour des raisons de commodité.

Une baisse tendancielle des forfaits de dialyse

« Nous comprenons la volonté du ministère de sortir l'EPO de la liste en sus mais le réintégrer dans les forfaits de séance n'est pas la bonne solution. Si encore, elle se faisait à coût constant, soit 26 euros en moyenne par séance en 2012 (données DGOS), mais ce ne sera évidemment pas le cas. Cela risque de minorer encore plus au sein du forfait de séance ce qui relève directement de la dialyse, alors que que les arbitrages de la campagne tarifaire 2014 ne soient rendus. Une telle pression économique ne peut qu'être préjudiciable à la qualité de la prise en charge des patients », affirme le Dr Gilles Schutz, président de la FHP-Dialyse.

Le traitement de l'anémie chez les insuffisants rénaux chroniques repose sur 3 éléments : l'administration d'EPO, de fer et quand c'est nécessaire par transfusion sanguine. « Le prix du fer et de la transfusion sanguine sont intégrés depuis 2005 dans le prix de la séance de dialyse. Or qu'est-ce qui s'est passé depuis ? Le prix d'une poche de sang a triplé et celui du fer a été multiplié par dix. On subit donc des coûts supérieurs, alors que dans sur la même période le prix des forfaits séances en centre a subi une baisse de 6%. C'est totalement inacceptable car cela se fera au détriment de la qualité de la prise en charge des patients », souligne le Dr Schutz.

La DGOS répond qu'elle va mettre en place un comité national de suivi, ainsi que des observatoires régionaux via les ARS, avec des retours d'évaluation trimestriels et que l'assurance maladie va pister les contournements éventuels des prescripteurs d'EPO. «Tout cela ne va pas dans le sens d'un choc de simplification, bien au contraire, on crée de nouvelles autorités, de nouvelles charges, cela  a tout d'une usine à gaz alors que le mécanisme actuel n'apporte que satisfaction à tous », regrette le président de la FHP-Dialyse.

Un forfait « anémie » pour garantir la qualité au patient

La FHP-Dialyse propose en lieu et place la création d'un forfait « anémie », qui intègre le sang, le fer et l'EPO, une mesure qui aurait pour mérite d'isoler les coûts des médicaments et des transfusions dont les prix sont fixés par les pouvoirs publics et de garantir la qualité de vie des patients, tout en respectant l'économie dans les dépenses.

« Cette mesure recueille déjà l'assentiment d'un grand nombre de professionnels, au-delà même du traitement de l'insuffisance rénale chronique, en cancérologie par exemple. On est en train de précipiter les choses parce qu'il faut faire des économies mais de façon dogmatique et technocratique. Prenons le temps d'une véritable réflexion sur le sujet », poursuit le Dr Schutz.

La FHP-Dialyse rappelle en effet que d'autres problèmes vont impacter simultanément le traitement de l'anémie de l'insuffisance rénale chronique à la suite de la décision récente de l'Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) de classer l'administration des spécialités à base de fer par voie intraveineuse dans la réserve hospitalière. Autrement dit, à partir de fin janvier 2014, ces spécialités ne devront plus être prescrites, dispensées et administrées qu'au sein des établissements de santé avec pharmacie à usage intérieur, équipés de moyens de réanimation et par des personnels formés aux mesures de réanimation cardio-respiratoire.

« De nombreux centres d'autodialyse n'ont pas de pharmacie à usage intérieur et ne pourront donc plus acheter du fer. L'administration du fer demandera une formation spécifique des infirmières et des moyens de de réanimation cardiaque. Que devront faire les patients traités à domicile pour recevoir le fer indispensable qui, rappelons le, est injecté une fois par semaine minimum pendant la séance pour préserver le capital veineux des patients et leur confort de vie », interroge le Dr Schutz. « Il va falloir transférer de nombreux patients vers des centres d'hémodialyse pour leurs injections de fer, ce qui va entraîner mécaniquement une explosion des coûts de transports et d'EPO car, sans fer, il faut plus d'EPO. Sur la question du fer, il est clair que l'on ne sait pas aujourd'hui où l'on va et que l'on ne sera pas prêt au 31 janvier 2014 », s'indigne le Dr Schutz.

La FHP-Dialyse demande donc que l'on prenne le temps de travailler à des solutions acceptables et acceptées par tous, dans un respect de l'économie et de la qualité des soins.

La dégressivité tarifaire inacceptable

La FHP-Dialyse déplore, en outre, que toutes ces mesures prises dans la précipitation se doublent d'une dégressivité tarifaire qui va frapper les centres de dialyse, qui assurent en France le socle fondamental de la prise en charge de l'insuffisance rénale chronique.

« La seule question du fer rend le calendrier actuel de la réintégration de l'EPO encore plus inacceptable. Et ce d'autant plus l'on nous annonce la mise en place de tarifs dégressifs pour le traitement de l'insuffisance rénale chronique en centre. Au-delà d'un certain volume d'activité, les tarifs vont diminuer. C'est totalement inacceptable pour une maladie chronique lourde, où la croissance du nombre de patients est de 3% par an, avec des profils de plus en plus âgés et polypathologiques. Nous ne fabriquons pas les patients, nous les traitons ! Du premier jusqu'au dernier, c'est leur droit fondamental d'accéder à et de bénéficier des mêmes soins de qualité », conclut le président de la FHP-Dialyse.

On compte en France entre 1,7 et 2,5 millions de personnes en insuffisance rénale chronique (IRC) avant le stade terminal et environ 70.500 personnes atteintes d'insuffisance rénale chronique terminale (IRCT). Environ 46% de ces derniers sont traités par greffe rénale et 53% par dialyse. La moyenne d'âge des patients traités par dialyse est aujourd'hui de 71 ans. Deux patients sur cinq traités par dialyse souffrent d'un diabète. Avec le vieillissement de la population, le nombre de patients augmente de 3% par an.

 

A propos de la FHP-Dialyse

La Fédération de l'hospitalisation privée de dialyse (FHP-Dialyse) regroupe 120 établissements forts de 182 structures géographiques de traitement de l'insuffisance rénale chronique, constituées en établissements de santé privés à statut commercial, avec ou sans hébergement, et dispensant des soins de dialyse à environ 12.000 patients. Créé il y a près de trente ans, ce syndicat de spécialité est aujourd'hui affilié à la FHP-MCO (médecine, chirurgie, obstétrique).

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