08 Décembre 2013
|Lundi prochain, l'année sur l'air se terminera à Strasbourg en présence de nombreux dignitaires européens*. Alors, respirera-t-on mieux en 2014 ? Les sommets, colloques et conférences qui se multiplient ces derniers temps sont-ils un remède suffisant à l'invisible mal qui ronge nos poumons ? Les médecins de l'ASEF continuent à en douter - et pas qu'un peu !
L'année européenne de l'air, c'est quoi ? Chaque année, l'Europe choisit un thème d'intérêt général préoccupant afin de sensibiliser l'opinion publique et d'attirer l'attention des gouvernements nationaux. L'année de l'air, c'est donc un peu comme l'année de la biodiversité de 2010... Les résultats seront d'ailleurs probablement les mêmes, à savoir que l'année dédiée n'aura quasiment rien changé au problème ! Un problème pourtant particulièrement inquiétant pour le Dr Pierre Souvet, Président de l'Association Santé Environnement France: « Asthme, allergies, toux chroniques, mais aussi évènements cardio-vasculaires voire cancers sont autant de pathologies liées à la pollution de l'air et notamment aux particules fines. Il me semble capital d'identifier cette pollution comme l'une des plus nocives et de prendre des mesures efficaces pour la limiter».
Cette année a-t-elle eu son lot de mesures efficaces ? Lors du lancement le 8 janvier dernier, Janez Potocnik, le commissaire européen en charge de l'Environnement, avait annoncé que « cette année de l'air aboutirait à l'automne 2013 à une communication de la Commission sur la révision de la politique communautaire en matière de qualité de l'air »**. Trois solutions : soit nous sommes mal informés, soit cette communication s'est faite dans la plus grande discrétion, soit cette promesse n'a pas abouti. A l'automne, en octobre pour être précis, nous avons tout de même appris que la pollution de l'air était classé comme cancérigène certain. Hasard du calendrier ou effet de l'année de l'air ? Nous ne trancherons pas, mais interrogeons-nous sur l'efficacité de ce classement. « Classer la pollution de l'air extérieur comme cancérigène, cela reste tout de même très vague. On généralise pour ne pas traiter vraiment. On sait bien que personne ne va s'arrêter de respirer, car si respirer tue, ne pas respirer tue encore plus, on sait bien qu'on ne pourra pas s'arrêter de polluer du jour au lendemain, je crains donc que le seul effet de ce classement à la louche ne soit de faire peur. » souligne le Dr Patrice Halimi, Secrétaire Général de l'ASEF à l'origine de l'enquête sur les polluants dans l'habitacle de nos voitures parue en septembre dernier. Mais alors, elle va servir à quoi cette clôture du 9 décembre ?
De l'art de clôturer de l'air ! Avec 299 inscrits à l'heure où nous écrivons ces lignes, la cérémonie de clôture aura lieu à Strasbourg en présence de Janez Potocnik, Commissaire Européen à l'Environnement, et de toutes les fédérations ATMO de France. Sous un slogan chevaleresque « Un air meilleur pour tous - Tous pour un air meilleur », le programme rappelle que cette journée sera « l'occasion de faire un bilan sur les activités d'une année européenne de l'air [.] très riche pour la qualité de l'air »*. Mais, qu'est-ce que ça veut dire une année très riche pour la qualité de l'air ? Visiblement ce qualificatif a été choisi en raison : « [des] consultations des parties prenantes, [des] réflexions pour de nouvelles Directives concernant l'air, [de la] Green Week 2013 consacrée à l'air, etc.». De l'aveu même des initiateurs, cette année de l'air a donc consisté à faire des réunions et des conférences. Voilà, nous savons désormais avec précision ce qu'est l'année de l'air : du vent !