COSMED, association des PME de la filière cosmétique réagit à la campagne de désinformation visant les produits solaires
16 Juillet 2013
|Après la mise en cause par la revue "60 millions de consommateurs" de l'efficacité des produits solaires, le COSMED, premier réseau de PME de l'industrie cosmétique française représentant 640 entreprises et 18000 emplois, dénonce une campagne de désinformation, menée sur la base d'éléments scientifiques contestables.
Produits solaires : qui trompe qui ?
Désormais,
on semble assister tous les ans à la même époque à un véritable "solar
bashing" dans certains médias grand public. Le journal Libération
pendant l’été 2012, la revue 60 millions de consommateurs cette année.
Les SPF de plusieurs marques de produits solaires sont "testés" à la
veille des vacances estivales. Les bonnes et mauvaises notes sont
livrées à un public désorienté. Dans son numéro 484, 60 millions de
consommateurs titre "crèmes solaires : une protection trompeuse ?", "un
faux sentiment de sécurité", "soupçons sur les indices".
L’effet d’une telle rhétorique journalistique est efficace. Audience
garantie. Malheureusement, ces lanceurs d’alertes, selon l’expression
consacrée, s’appuient encore et toujours sur des bases erronées ou
incomplètes qui ont maintes fois été dénoncées.
La méthode de mesure "in vitro" : un faux sentiment de vérité
60 millions de consommateurs reprend une série de tests in vitro
réalisés par Laurence Coiffard, une personnalité scientifique contestée.
Une nouvelle fois, il faut rappeler que les tests in vitro, utilisés
actuellement pour la détermination de la protection UVB, ne sont ni
fiables ni validés par les autorités sanitaires dans le monde. Ils sont
par ailleurs totalement inadaptés à la mesure des SPF obtenus avec des
filtres minéraux, de plus en plus plébiscités par les consommateurs.
Seuls les tests in vivo sur des testeurs volontaires sont reconnus et
permettent aux entreprises d’enregistrer leurs produits dans tous les
pays.
Les entreprises appellent de leurs voeux la mise
au point de tests in vitro fiables, pour une raison simple : ils sont
jusqu’à 10 fois moins chers. Bien que non validés ils restent utiles,
par exemple, pour approcher le SPF voulu lors d’un développement de
formule, pour évaluer le niveau de protection UVA (norme ISO 24443). Ils
peuvent aussi servir aux autorités pour effectuer une présélection des
produits, en vu de contrôles de grande envergure au niveau national.
En aucun cas, les autorités ne se basent sur les résultats in vitro
pour vérifier la conformité des SPF revendiqués. Ainsi, la marque de
produit solaire pour bébé, Natessance IP 30, nommément mise en cause par
le test in vitro de la revue 60 millions de consommateurs, a été
reconnue conforme dès 2008 par l’AFSSAPS (devenue l’ANSM) suite à un
contrôle sur place des inspecteurs de santé publique. Ce produit, de SPF
30 confirmé, vient de faire l’objet, sur le même lot, de trois tests in
vitro dans trois centres experts renommés différents, (Paris, Bordeaux
et Marseille). Résultats : les valeurs sont toutes différentes selon
le centre (34, 7, 14). Même constat avec le produit Biorégéna Soleil
SPF 50, 100%minéral, contrôlé parfaitement conforme par les autorités.
Autant de marques citées, autant d’exemples. Combien faudra‐t‐il de
preuves comme celles‐ci pour que certains admettent que les tests in
vitro ne sont pas encore reproductibles ?
60 millions
de consommateurs s’est livré à un dénigrement des marques, une
diffamation des entreprises, une remise en cause des réglementations
nationale et internationale ainsi que des compétences des inspecteurs de
l’ANSM.
Pourtant, en octobre 2012, l’association
Cosmed avait fait réaliser une expertise, sous contrôle d’huissier,
démontrant que les tests in vitro réalisés par Laurence Coiffard
étaient entachés d’erreurs de mesure. Cette information, publiée, lui a
même été transmise sans qu’elle ne l’ait jamais contestée depuis.
L’étude était bien connue de la rédaction de 60 millions de
consommateurs, qui l’a soigneusement écartée du débat.
En l’état actuel des connaissances, les tests in vitro pourraient être
comparés à un mètre de couturière élastique : la justesse de la mesure
varie selon celui qui le manipule.
Des crèmes solaires "dopées aux anti‐inflammatoires" : une affirmation trompeuse
La faible activité anti‐inflammatoire de certains filtres UV est
connue depuis près de 20 ans, en particulier pour les dérivés
cinnamiques (type Parsol MCX). En soi rien de nouveau. Cette activité
est 10 à 20 fois inférieure à celle des anti‐inflammatoires non
stéroïdiens les plus courants utilisés par voie transcutanée (ex : acide
niflumique). Il serait plus juste de parler de propriétés légèrement
apaisantes : approximativement le même effet qu’entrainerait
l’application sur la peau d’une compresse imbibée de thé. Objectivement,
cela n’a aucune incidence sur la perception du coup de soleil pour
trois raisons.
- Les filtres solaires protègent la
peau des UV en absorbant le rayonnement et en se dégradant plus ou moins
rapidement, selon la nature du filtre. Cette dégradation chimique leur
enlève, tout aussi rapidement, leurs faibles propriétés
anti‐inflammatoires.
- Par ailleurs, un coup de soleil
n’est jamais perçu au moment où il survient. Il est ressenti plusieurs
heures après, le soir le plus souvent. Chacun en aura fait
l’expérience. Un hypothétique pouvoir anti‐inflammatoire ne changerait
donc pas la décision du sujet de continuer à s’exposer ou pas.
- Enfin, il faut souligner que dans les conditions de réalisation
des tests in vivo sur les sujets volontaires, le pouvoir apaisant des
filtres solaires est si faible qu’il ne peut interférer avec la lecture
des résultats. Les produits solaires ne sont donc aucunement "dopés" aux
antiinflammatoires comme 60 millions de consommateurs le prétend.
Tests inutiles et non ethiques
Pour parvenir à cette conclusion la revue s’est livrée à un
exercice invraisemblable. Elle affirme avoir réalisé des tests sur
animaux, sur souris précisément, au motif d’un "enjeu de santé
publique". Cosmed a demandé par écrit à recevoir le protocole d’essai du
Centre d’Essai Comparatif. Sans réponse. Et pour cause : les essais sur
animaux sont en effet interdits depuis le 11 mars 2009, en vertu de
l’article 18 du Règlement cosmétique 1223/2009.
De son
côté, le test sur souris publié par L Coiffard était inutile et ne
s’inscrit plus dans la démarche éthique que l’on attend désormais
de la communauté scientifique. Inutile, car il n’apporte rien qui ne
soit déjà évoqué dans la bibliographie. Non éthique, car pour apprécier
le pouvoir anti‐inflammatoire d’une substance, il existe de nombreux
tests alternatifs à l’expérimentation animale, notamment les tests ayant
recours à la mesure des médiateurs de l’inflammation sur des explants
de peau humaine.
Pourquoi dans ce cas, avoir mutilé des
dizaines de souris avec le test PMA (Phorbol‐Myristate‐ Acetate)? Un
test déjà très ancien qui provoque des souffrances importantes pour des
résultats sans grande précision.
Le parti pris de la
revue 60 millions de consommateurs laisse interrogateur. Absence
d’objectivité, présentation biaisée, amateurisme scientifique,
utilisation hors la loi de tests sur animaux pour satisfaire la position
d’un article, diffamation des entreprises… Alors qui trompe qui
véritablement ? La baisse continue des ventes et les difficultés
financières de la revue sont connues. Pousseraient‐elles la rédaction
vers la construction sur mesure de sujets polémiques aux seules fins
d’augmenter les ventes ?
Quoiqu’il en soit le mot de la
fin revient à une autre revue, UFC Que choisir, peu suspecte de
complaisance à l’égard de l’industrie. Selon ses propres tests, réalisés
conformément aux normes internationales, avec des protocoles clairement
publiés, cette revue conclut : "Bonne nouvelle : les produits testés
protègent bien contre les UVA et les UVB…" C.Q.F.D.
Docteur en Pharmacie, Expert toxicologue pharmacologue
Jean-Marc Giroux
Président de Cosmed, l’association des PME de la filière cosmétique