altGENÈVE / PHNOM PENH (Cambodge) ¦ 24 avril 2013 - À l'occasion de la Journée mondiale du paludisme, le 25 avril, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a reconnu que des progrès importants ont été accomplis pour prévenir et combattre le paludisme, y compris dans les pays fortement touchés d'Afrique subsaharienne, soulignant néanmoins la menace que fait peser la résistance aux antipaludiques dans le Bassin du Mékong, en Asie du Sud-Est, où une action d'urgence est aujourd'hui engagée.

« Ces dernières années, les pays d'endémie, notamment en Afrique subsaharienne, ont beaucoup progressé dans la réduction des nouveaux cas de paludisme et de la mortalité imputable à cette maladie » a déclaré le Dr Hiroki Nakatani, Sous-Directeur général de l'OMS chargé du VIH/SIDA, de la tuberculose, du paludisme et des maladies tropicales négligées. « Mais ces avancées pourraient être menacées. Dans la Région de l'Asie du Sud-Est, des signes de plus en plus préoccupants à nos yeux indiquent que le parasite palustre devient résistant à des médicaments qui ont été jusqu’ici très efficaces. »

Résistance aux antipaludiques

Le problème de la résistance aux antipaludiques – c'est-à-dire, la capacité du parasite palustre à survivre aux médicaments – a commencé à prendre une ampleur mondiale dans les années 1960, lorsque le parasite a développé une résistance à la chloroquine, un antipaludique alors largement employé. Cette résistance est d'abord apparue dans le Bassin du Mékong avant de se propager en Afrique, entraînant une forte hausse de la morbidité et de la mortalité imputables au paludisme, en particulier chez l'enfant.

Aujourd'hui, les combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine (CTA) sont le traitement de prédilection. Une résistance à l’artémisinine, principale composante de l'association, a été décelée au Cambodge, au Myanmar, en Thaïlande et au Viet Nam. Les efforts nationaux visant à enrayer la résistance ont eu un certain impact, mais il faut agir d'urgence si l'on veut éliminer totalement les souches résistantes du parasite et faire en sorte que ces associations médicamenteuses restent efficaces.

« Les conséquences d'une résistance généralisée aux artémisinines seraient catastrophiques » a déclaré le Dr Robert Newman, Directeur du Programme mondial de lutte antipaludique. « Nous devons intervenir immédiatement pour protéger l'Asie du Sud-Est aujourd'hui et l'Afrique subsaharienne demain. »

Même si des efforts majeurs sont en cours pour développer de nouvelles classes d'antipaludiques, aucun produit de remplacement ne sera disponible dans un avenir proche.

Action renforcée dans le Bassin du Mékong

« Nous devons investir davantage pour lutter contre la résistance aux médicaments » a expliqué le Dr Mark Dybul, Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

C’est à Phnom Penh, à l’occasion d’une manifestation organisée par le Ministère de la Santé du Cambodge, que l'OMS a lancé une nouvelle action d'urgence face à la résistance aux artémisinines . Fondé sur le Plan mondial pour enrayer la résistance à l’artémisinine, lancé en 2011 par l'OMS, et sur une évaluation multi-partenaires des mesures prises à ce jour dans le domaine, le cadre d'intervention d'urgence guidera le renforcement à grande échelle des stratégies recommandées par l'Organisation pour lutter contre cette menace pour la santé publique.

Le cadre appelle instamment les pays touchés à retirer de la circulation les antipaludiques de mauvaise qualité et les monothérapies orales à base d’artémisinine, leur usage nuisant à l'efficacité de l'artémisinine et des médicaments avec lesquels ils sont associés dans les CTA. Selon la dernière évaluation menée ce mois par l'OMS, au moins 31 sociétés à travers la planète commercialisent encore ces monothérapies. À l'échelle mondiale, 44 pays ont interdit leur commercialisation, mais 14 l'autorisent encore.

« Nous sommes à un tournant. Ce qui semble être une menace localisée pourrait facilement prendre des proportions incontrôlables, avec de graves implications pour la situation sanitaire mondiale. » a indiqué le Dr Newman. « Cette action nécessitera un financement important, un engagement politique fort et une collaboration plus étroite aux niveaux régional et international. »

L'action d'urgence, qui suppose également de créer à Phnom Penh un centre régional de l'OMS chargé de soutenir les efforts d'endiguement de la résistance, a reçu le soutien financier de la Fondation Bill & Melinda Gates et l'AusAID. En outre, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a récemment annoncé avoir affecté US $ 100 millions pour lutter contre cette menace au cours des trois prochaines années.

Bien qu'il s'agisse d'avancées importantes, l'OMS estime actuellement que US $ 300-350 millions environ seraient nécessaires en 2013-2015 pour intensifier comme il se doit les activités menées dans les pays touchés du Bassin du Mékong en vue de combattre le paludisme et d’enrayer la résistance.

Besoins mondiaux de financement pour la lutte antipaludique

On estime qu'à l'échelle mondiale, US $5,1 milliards au total seront nécessaires chaque année de 2011 à 2020 pour assurer un accès universel à la prévention, aux tests de diagnostic et aux traitements antipaludiques. Même si de nombreux pays ont augmenté leur financement de la lutte antipaludique, le total mondial des fonds disponibles n’était encore que de US $ 2,3 milliards en 2011, moins de la moitié de l'enveloppe nécessaire. Bien des gens n'ont toujours pas accès aux mesures de prévention – par exemple, moustiquaires et pulvérisation d'insecticide à effet rémanent à l'intérieur des habitations – et ne peuvent pas se faire dépister ou obtenir des médicaments efficaces. Fait tout aussi inquiétant, le récent ralentissement des achats de moustiquaires pourrait entraîner des résurgences et des flambées.

Le paludisme est une maladie qu'il est tout à fait possible de prévenir et de traiter. En 2012, des cas de transmission ont été relevés dans 99 pays et territoires, exposant environ 3,3 milliards de personnes au risque de maladie. On estime qu’en 2010, 219 millions de cas seraient survenus à l'échelle mondiale (fourchette : 154 à 289 millions) et que la maladie aurait tué 660 000 personnes (fourchette : 490 000 à 836 000), principalement des enfants de moins de cinq ans.


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