altGarantir, à partir de 2015, l’accès aux soins d’urgence en moins de 30 minutes par la mise en place de nouvelles antennes SMUR est une des mesures phares du Pacte Territoire Santé, récemment lancé par le ministre de la Santé. C’est également une des mesures proposées par Corsica Libera, dans son programme Corsica 21. Le mouvement nationaliste demande un entretien au directeur de l’ARS (Agence régionale de Santé) pour réaffirmer la nécessité d’implanter des antennes SMUR dans le Taravu, le Cap Corse, le Niolu, les Dui Sevi et les Dui Sorru, qui sont de véritables déserts médicaux. Il préconise la création d’un centre hospitalier régional (CHR) pour former des internes et renouveler, ainsi, le corps médical. Explications, pour Corse Net Infos, d’Esteban Saldana, membre de Corsica Libera.

Article rédigé par Nicole Mari


Santé publique : Corsica Libera demande la création de SMUR et d’un centre hospitalier régional


- Le nouveau plan Territoire Santé du gouvernement semble répondre à certaines de vos préoccupations ?
- Ce plan Territoire Santé prévoit diverses choses, dont une des mesures que nous préconisons dans Corsica 21, notre projet politique pour la Corse. Cette mesure est l’installation, à partir de 2015, d’antennes SMUR, donc un accès aux soins d’urgence, à moins de 30 minutes pour la population, quelque soit l’endroit du territoire. Nous ne pouvons que nous réjouir de voir certaines de nos propositions reprises.

- Quel est le but de cette mesure ?
- C’est de favoriser l’installation de jeunes médecins généralistes dans les zones en voie de démédicalisation, c’est-à-dire en difficulté sanitaire parce qu’il y a de moins en moins de médecins. Les jeunes médecins ne veulent plus, comme les anciens, assumer, seuls, la charge de l’urgence. Un SMUR se compose, selon le code de la Santé, d’un médecin et d’un infirmier urgentistes ainsi que d’un conducteur. L’installation de SMUR dans ces régions augmenterait l’attrait de ces territoires pour les jeunes médecins généralistes. Aujourd’hui, la couverture sanitaire est bonne, mais il faut savoir que d’ici à 10 ans, plus de 60 % des médecins généralistes qui ont, aujourd’hui, plus de 55 ans, partiront à la retraite. Donc, si nous n’anticipons pas ce phénomène, nous aurons de gros problèmes sanitaires et de nouveaux déserts médicaux. La situation risque de devenir catastrophique.

- Les SMUR suffiront-ils pour anticiper ce renouvellement ?
- Cela ne suffira pas. C’est pour cela qu’il faut prendre, assez rapidement, deux mesures. D’abord, une mesure d’urgence avec la mise en place de SMUR dans des régions qui n’en disposent pas et qui sont en manque de médecins généralistes, comme le Niolu, le Cap Corse, le Taravu, les dui Sevi et les dui Sorru. Ensuite, les études menées par le ministère de la Santé montrent que 60 % des jeunes nouveaux médecins généralistes s’installent dans la région où ils ont été formés. Donc, pour augmenter la possibilité d’installation de jeunes médecins, il faut en former. Et le seul moyen d’en former est de proposer des stages d’internat validant dans des hôpitaux qui ont le statut administratif de Centre hospitalier régional (CHR).

- Ce que nous n’avons pas actuellement en Corse ?
- Non. Nos deux hôpitaux principaux d’Ajaccio et de Bastia ne sont que des Centres hospitaliers généraux (CHG) et ne proposent donc pas de stage validant d’internat. Ils n’ont donc pas de médecins internes. Le passage en CHR est important pour trois raisons : pour installer de nouveaux généralistes, pour la manne financière puisqu’un CHR est considéré hors normes. Il ne négocie plus avec l’ARS, mais avec le ministère. Les moyens alloués sont plus importants. Enfin, ce sont les internes qui, aujourd’hui, en France, font tourner les hôpitaux. C’est pour cela que tous les hôpitaux, qui marchent, sont des CHR. L’apport pour les structures insulaires serait considérable en termes de moyens humains, de compétences, de prise en charge des patients et de diminution de la charge de travail.

- Que faut-il pour obtenir un statut de CHR ?
- Pour passer en CHR, il faudrait fusionner les deux entités administratives de la Miséricorde à Ajaccio et de Falconaja à Bastia et créer une Assistance publique régionale pour gérer toutes les structures publiques de l’île. Rappelons que la Corse est la seule région, Outre-mer compris, à ne pas avoir de CHR.

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