05 Février 2013
|ROLES ET ENJEUX DES ENTOURAGES POUR LA PREVENTION DU SUICIDE
Familles, amis, soignants, institutions, associations...
L’acte suicidaire est souvent analysé comme un acte personnel, mûri dans le secret d’une psyché qui s’isole du monde environnant, ultime façon d’avoir prise sur on destin. Le suicide peut être interprété comme un acte social, conséquence d’une situation intenable, comme un appel, une revendication, un ultime message dans un dialogue de sourds. Vouloir mourir, même et surtout si la personne se sent exclue, n’est jamais un acte solitaire, il s’inscrit fondamentalement dans un rapport à l’autre, à la société. Ainsi, dans une logique de responsabilité collective et de Santé Publique, la prévention du suicide est articulée entre les actions de soutien à la personne, les interventions menées avec l’entourage, et les réponses médicosociales des institutions sanitaires et associatives.
Le thème proposé pour l’édition 2013 des Journées organisées par l’Union Nationale pour la Prévention du Suicide, porte sur le rôle de l’entourage pour la Prévention du Suicide, avec ses diversités individuelles et collectives, et ses dimensions plurielles de compétences psycho-sociales.
En décembre 2009, une Audition publique organisée par la Fédération Française de Psychiatrie : « Effets et conséquences du suicide sur l’entourage : modalités d’aide et de soutien » abordait l’entourage en se concentrant sur les conséquences du deuil après suicide. Le colloque de l’UNPS en 2013 propose d’élargir les débats sur l’ensemble des interactions entre le sujet et son entourage, en amont et tout au long de la crise suicidaire, à partir des regards croisés d’experts et des expériences des associations.
Les journées 2013 visent à actualiser les informations et connaissances existantes, scientifiques et cliniques, mais aussi à susciter les échanges entre acteurs engagés dans la prévention du suicide et à réfléchir aux expériences menées localement auprès de personnes vulnérables dans des contextes spécifiques. Des
échanges surgiront ainsi de nouvelles pistes, chaque participant étant ainsi pleinement acteur du colloque.
Tout d’abord, qu’entendons-nous par « entourage » ? Il s’agit d’une pluralité d’entourages : proches, collègues, voisins, soignants, environnement. Plus ou moins distincts, ils constituent un réseau complexe, avec des interférences multiples et mouvantes. Comment prendre en compte l’ensemble des dimensions,
des enjeux ?
En cas de crise suicidaire, s’agit-il d’un entourage « victime » qui peut culpabiliser car il « n’a rien vu venir » ou « n’a pas su quoi faire » ? Ou, d’un entourage « responsable », qui peut être accusé de n’avoir pas su prévenir l’évolution fatale, voire même d’avoir négligé le désespoir ? Le rôle des entourages vis-àvis
des personnes suicidaires, est donc un écheveau complexe à démêler entre leurs influences réciproques.
Afin de structurer les réflexions et les mises en commun tout au long de cette journée, quelques questions sont proposées, à expliciter, déconstruire, reformuler et compléter :
• Qu’appelons-nous entourage ? Quelles définitions ? Quelle pluralité d’entourages : plus ou moins étendus, de fréquentation quotidienne ou occasionnelle, différant selon l’objet de la relation, préconstitués (famille, collègues, amis) ou liés à la souffrance psychique (soignants, intervenants, aidants, …) ?
• Quel rôle l’entourage exerce-t-il pour la prévention du suicide ? Est-il protecteur ou délétère, à la fois soutenant et oppressant ? Ou encore, est-il interpellé malgré lui ?
• Quelle place accorder aux évènements, traumatiques, stressants ou situationnels ? La perte d’un élément crucial de l’entourage peut-elle être compensée par d’autres entourages ?
• Comment l’entourage ressent-il la situation ? Réagit-il ? S’implique-t-il ? Se remet-il en question ? Est-il dans l’émotion ? Prend-il de la distance ? Est-il prêt à un changement de comportement?
• Qu’entend-on par responsabilité de l’entourage : comment ce concept est-il utilisé ? N’est-il pas ambigu : devoir d’assistance versus culpabilité ? N’implique-t-il pas de savoir quelle capacité il a de réagir, envers le sujet mais d’abord envers lui-même ?
• Les personnes de l’entourage ont, elles-mêmes, divers entourages : quelles conséquences sur leur propre entourage ? Quelle évolution des relations anticiper? (deuil, honte, mise en cause, retrait …) ?
• Comment soutenir l’entourage dans sa double dimension de « souffrant » et d’aidant potentiel?
• Comment les acteurs des champs sanitaires et médico-sociaux, prennent en compte dans leur pratique professionnelle l’entourage ? Quel est l’impact de la crise suicidaire chez les acteurs eux-mêmes ?
• Comment les intervenants de premiers secours intègrent-ils la prévention d’actes désespérés ? Comment les soutenir : quelles coopérations et collaborations construire ?
• Comment se situent les associations, vis-à-vis des familles et des professionnels ?
En résumé, l’ensemble de ces questions s’intègre dans deux grandes interrogations complémentaires et réciproques :
- comprendre les rôles exercés par les entourages lors de la crise suicidaire et favoriser leurs implications dans la prévention,
- comprendre l’impact de la crise suicidaire sur les entourages et participer au soutien à leur apporter.
A partir de ces premières interrogations, nous vous invitons à participer aux débats des associations adhérentes à l’UNPS et dégager des axes d’actions communes.
Pour le Comité de pilotage des Journées Nationales pour la Prévention du Suicide
Françoise FACY, Présidente de l’UNPS