altL’éclairage et les conseils de Yannick HUARD, Directeur Académique de l’Ecole Supérieure en Ostéopathie (ESO) Paris-Marne La Vallée

60 à 70 % de la population présente ou a présenté au moins un épisode de bruxisme dans sa vie. Le bruxisme est un serrement, un grincement ou un claquement des dents entraînant à terme des problèmes dentaires, de l’usure de l’émail jusqu’à des graves dommages de la mâchoire. Alors que des périodes de bruxisme du sommeil peuvent être enregistrés souvent chez les enfants de 6 à 12 ans, le pourcentage le plus élevé de bruxomanes semble concerner les personnes entre 20 et 50 ans. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les facteurs qui déclenchent cette attitude nocive sont souvent psycho-sociaux et comportementaux (le stress ou l’anxiété), mais également certaines addictions (la caféine, la consommation d’alcool ou de cocaïne).


Selon Yannick HUARD, Directeur Académique de l’Ecole Supérieure d’Ostéopathie (ESO – Paris – Marne La Vallée) « L’auto-traitement ou automédication sont contre-productifs. La démarche d’un patient souffrant de bruxisme est de consulter un professionnel avant tout. ». Voici son argumentaire :


- Qu'est-ce que le bruxisme et quelles en sont les causes?

Y.H. : Le bruxisme est une attitude nocive du patient entraînant à terme des troubles orthodontiques, comme l’usure de l’émail par exemple. On distingue le bruxisme centré, où les dents inférieures sont serrées contre les dents supérieures, et le bruxisme excentré, correspondant au grincement des dents lors du mouvement involontaire de mastication dans le vide. On retrouve très fréquemment un bruxisme du sommeil chez les enfants, qui peut disparaître ensuite naturellement. Il débute lors de la mise en place des dents de lait et possède un pic pendant le passage de la denture temporaire à la denture définitive, ce qui pourrait laisser entendre qu’à ces âges (environ de 6 à 12 ans) le bruxisme soit presque de l’ordre du physiologique.

Différents facteurs peuvent avoir une incidence sur l’apparition du bruxisme : les facteurs locaux (malocclusion dentaire) mis à part, c’est l’environnement pouvant être source de stress ou d’anxiété qui induit une augmentation du tonus musculaire de l’individu, qui se sent tendu ou contracté, et donc le « serrage » des muscles au niveau de la mâchoire. Or, physiologiquement, le contact entre les dents supérieures et inférieures, qui ne s’effectue qu’au cours des phases de mastication et de déglutition,  ne doit durer qu’une demi-heure par jour…

A noter que l’addiction à la caféine, la consommation d’alcool ou de cocaïne ont également une incidence sur la fréquence du bruxisme. Rajoutons certaines maladies touchant le système nerveux (épilepsie, parkinson, méningite…) et certains traitements médicamenteux (neuroleptiques, antidépresseurs…) qui sont source de bruxisme.


- Comment peut-on le diagnostiquer, quelles sont les symptômes ?

Y.H. : Le bruxisme est rarement un motif de consultation, sauf dans le cas où ce symptôme inquiète un proche, donc c’est au cours de l’interrogatoire que l’on peut le mettre en évidence. Le patient se plaint notamment d’une fatigue, d’une sensation de raideur au niveau de la face, des douleurs musculaires locales, d’une perturbation de son sommeil, des maux de tête, des bruits comme un craquement ou un claquement lors des mouvements de la mâchoire.

A l’examen, on peut observer des signes dentaires (attrition, abrasion ou érosion des dents, hypersensibilité gyngivo-dentaire…). Même si l’organisme cherchera à la compenser dans les premiers temps, à terme, cette usure entraine ou est accompagnée de douleurs musculaires et articulaires locales, puis la posture générale peut être perturbée. Parallèlement, liés à la modification de la cavité orale, des désordres viscéraux vont apparaître au cours des phases de mastication et de déglutition, voire lors de la respiration thoracique.


- Quels conseils pour éviter, diminuer ou traiter le bruxisme ?

Y.H. : L’exercice physique régulier est une source de diminution du bruxisme, certainement par sa répercussion sur le sommeil : augmentation du sommeil profond aux dépends du sommeil léger, phase où survient le bruxisme. De plus, supprimer les attitudes addictives, comme la consommation de tabac, d’alcool et de psychostimulants, est vivement conseillé.

Sur le plan thérapeutique, la prise en charge ostéopathique est efficace pour atténuer les sources de tension convergeant vers la mâchoire. En effet, pour préserver un équilibre physiologique du massif dento-facial, l’ostéopathe s’assure de l’équilibre musculaire qui est primordial dans ce cas de figure. Ce-dernier conditionne l’équilibre dentaire car l’arcade dentaire est maintenue entre la pression de la langue (qui rappelons-le est un muscle) et la pression des muscles environnants. Une simple dysfonction maintenue dans le temps d’un des composants musculaires peut déséquilibrer l’arcade dentaire. De plus, les muscles sont sous la dépendance des nerfs et donc, l’équilibre neuromusculaire conditionne la position de repos de l’os de la mâchoire inférieure (os mandibule). Ainsi, beaucoup d’éléments de l’organisme sont mis en jeu pour simplement maintenir un équilibre de la cavité orale. Il apparaît fondamental de faire un bilan ostéopathique (comme un check-up) dès lors où le bruxisme est décelé, la cause pouvant être éloignée de son effet.


La prévention du bruxisme sévère serait la meilleure attitude à proposerLe traitement ostéopathique, comme énoncé plus haut, apporte une solution intéressante, mais d’autres traitements sont également pertinents. Les thérapeutiques comportementales et psychologiques peuvent être bénéfiques dès lors où elles permettent au patient d’identifier et de gérer les sources de stress. Les gouttières occlusales thermoformées permettent au patient de libérer son stress tout en protégeant ses dents. Enfin, les traitements pharmacologiques (anxiolytiques, myorelaxants, antidépresseurs) ne doivent être préconisés que sur un cours terme en suivant les recommandations de son médecin traitant et en évitant l’automédication.

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Yannick HUARD

Directeur Académique de l’Ecole Supérieure d’Ostéopathie (ESO) de Paris-Marne la Vallée

Ostéopathe DO / DOE (ESO Paris-Marne la Vallée 1997) ; MSc ; PhD Student







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