| 20 Avril 2012
Londres – Des experts de la santé du monde entier se penchent sur les conséquences dramatiques des perturbations que subissent les services de santé en raison de la violence armée, à l'occasion de la première rencontre consacrée à ce problème humanitaire majeur mais encore largement méconnu.
Le colloque sur « Les soins de santé en danger » qui se tient aujourd’hui à Londres s’inscrit dans le cadre d’un projet quadriennal visant à faire face à l’insécurité, à la violence et aux menaces qui compromettent la fourniture en toute sécurité de soins de santé efficaces dans les conflits armés et les autres situations d’urgence. Cet événement sera suivi d'une série de consultations d'experts organisées dans le monde entier pour tenter de trouver des solutions à un problème qui prive les patients des soins dont ils ont besoin, qui oblige les hôpitaux à fermer et qui ne laisse aux blessés et aux malades d’autre issue que la mort.
Une étude réalisée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) montre que des personnes meurent en grand nombre non pas parce qu'elles sont les victimes directes d'une bombe qui explose au bord d'une route ou d'une fusillade, mais parce que les ambulances n'arrivent pas à temps sur les lieux, parce que le personnel de santé est empêché de faire son travail, parce que les hôpitaux sont la cible d'attaques, ou simplement parce que l'environnement est trop dangereux pour que des soins efficaces puissent être dispensés.
En Afghanistan, des ambulances ont été utilisées pour perpétrer des attaques suicide ; en Libye, des hôpitaux clairement signalés par l’emblème distinctif ont été la cible de tirs d’obus ; en Irak, des services d’urgence ont été pris d’assaut par des hommes armés ; en Somalie, des médecins ont été assassinés ; et en Colombie, des patients ont été exécutés dans des véhicules sanitaires.
« Lorsque des affrontements armés se produisent, les besoins médicaux explosent – au moment même où les capacités à les satisfaire s’effondrent », explique Vivienne Nathanson, directrice des activités professionnelles à l’Association médicale britannique, et qui sera l’une des modératrices du colloque de Londres. « La communauté médicale ne peut résoudre ce problème à elle seule, mais nous devons examiner les mesures que nous pouvons prendre, en tant que professionnels de la santé, pour faire face à une situation qui est devenue insoutenable. »
Dans le cadre du colloque de Londres, la communauté médicale, par l'intermédiaire de plus d’une centaine de professionnels de la santé et de spécialistes de l’action humanitaire, s’attachera à élaborer ses propres recommandations sur les mesures que les gouvernements et les organisations intergouvernementales peuvent prendre pour faire en sorte que les soins de santé soient fournis dans un environnement sûr. Le colloque s’intéressera en outre à la manière dont les professionnels de la santé travaillant dans des contextes de violence gèrent les situations où ils sont témoins de possibles violations du droit international.
« L’éthique médicale est résolument au cœur des discussions parmi les professionnels de la santé qui travaillent dans des situations de violence armée », affirme Robin Coupland, conseiller médical au CICR et auteur d’une étude sur le sujet. « Dans les contextes de violence, les blessés et les malades se voient parfois refuser tout traitement. Des gens meurent à cause de la discrimination qui s'exerce dans un climat de forte polarisation dû à un conflit armé. »
À l’issue de ce colloque organisé par le CICR, la Croix-Rouge britannique, l’Association médicale britannique et l’Association médicale mondiale, un rapport sera publié résumant les principales conclusions et recommandations des participants.
Si la rencontre de Londres est essentiellement axée sur le rôle des professionnels de la santé, d’autres événements qui se tiendront cette année et les suivantes réuniront des militaires professionnels et d’autres porteurs d’armes, des représentants de la société civile, des représentants de diverses Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ainsi que des décideurs pour faire face au problème de l’insécurité qui frappe les soins de santé.
