Les 19 et 20 mai 2011 se tiendra les 1ères journées nationales de la Fédération Addiction, au centre des congrès de Lyon.

En une quinzaine d’années, les addictions se sont imposées autant dans l’espace public qu’auprès des professionnels chargés de la prévention, du soin et de la réduction des risques.

Dans la rue, dans les medias, dans les discours politiques, avec complaisance ou avec crainte, les addictions sont omniprésentes. Des publicités vantent le caractère addictif de produits tandis que les apéros géants,  les soirées bingedrinking font la une des journaux. On y met en avant alternativement la convivialité qui y règne, les drames qui s’y jouent. Chacun y va de ses questions sur la mutation du vivre ensemble, sur les dangers et rôles des produits dans nos relations interpersonnelles, sur tout ce qui participe à cette extension du domaine des addictions à l’exemple de la réalité « virtuelle » de l’internet. L’addiction n’y est plus en lien avec un produit mais avec un comportement, une attitude. Quitte à voir de l’addiction même là où il n’y en a pas.

Au-delà de la figure du toxicomane marginal ou de l’alcoolique violent, c’est un autre usager que l’on découvre, « l’addicté », celui que l’on va retrouver dans son quotidien, dans l’ordinaire des addictions, le collègue de bureau hyperactif, la femme qui s’alcoolise, l’étudiant et ses pratiques festives, l’adolescent dont le regard ne se détache plus de l’écran, l’adepte des réseaux sociaux retrouvant ses « amis » pour un apéro géant…
Il est nous, ou tout au moins notre proche…

L’addiction n’est donc pas qu’une affaire de licite ou d’illicite. Quitte à bousculer bien des certitudes.
Cette accumulation alimente la peur de ce qui est ressenti comme un danger d’autant plus redouté qu’il est sournois, car présent et quotidien. Hyper médiatisée à en être parfois instrumentalisée, cette menace s’ajoute à la crainte que suscite l’exclu, le perdant ou le précaire dont le mélange de vulnérabilité et d’agressivité potentielle, sur fond de violences sociales, polarise l’autre extrême de nos addicts. Cette double menace vient interpeller chacun de nous, elle s’immisce dans la sphère familiale, déroutant nombre de parents légitimement inquiets pour leurs enfants qui pourraient devenir, ou qui seraient déjà, les prochaines victimes de « L’Addiction » avec un grand A, comme ils l’auraient été il y a quelques années de « La Drogue » avec son grand D.

Les usagers des dispositifs de soins et de réduction des risques, poly-consommateurs et par conséquent « addictés » avant l’heure, ont été les premiers à pointer, à partir de leur quotidien et de la réalité de leurs consommations, les limites d’une approche trop séparée Alcoologie / Toxicomanie fondée sur le statut légal des produits.

Les professionnels des addictions et plus largement ceux intervenant dans les champs de la justice, de la santé et de l’action sociale ont ensuite élaboré un nouveau corpus de pratiques professionnelles. L’implication de médecins et de pharmaciens, la mise en place des CSAPA et CAARUD, l’organisation de la filière hospitalière d’addictologie et l’expérimentation de dispositifs d’accompagnement et de soin témoignent aujourd’hui de ces réponses : on constitue des pôles ressources, des réseaux, on va vers, on s’ « équipe mobile », on se forme aux nouvelles problématiques et on expérimente les nouvelles réponses. Comme ce fut le cas avec la substitution, la réduction des risques ou l’intervention précoce, ou en réponse à l’évolution des pratiques festives, à la montée des addictions sans produit, les expérimentations de professionnels ont accéléré la réponse sociale.

Pour se doter des moyens de ces évolutions, les institutions initient leur propre mutation, on assiste à des mutualisations, des rapprochements, des fusions associatives tandis que l’administration se restructure et impose de nouvelles règles du jeu à ses partenaires.

Cette évolution, relativement rapide, s’accompagne inévitablement, comme pour tout ce qui vient bouleverser nos repères, de questionnements, de doutes, d’inquiétudes. A l’enthousiasme des pionniers de l’addiction succèdent les interrogations et les réticences d’acteurs de terrain, confrontés aux particularités et perdus sous les flots de discours et des nouveautés. La tentation est forte de revenir en arrière, de se replier sur son domaine, séparant à nouveau le risque alcool, clivant soins et réduction des risques, opposant sevrage et substitution… Le danger serait de se laisser paralyser par ces craintes. Y faire face, c’est en comprendre la réalité et les enjeux. C’est mettre en perspective des compétences et des savoir-faire diversifiés avec l’évolution des pratiques et de la société dans laquelle elles apparaissent.

A l’occasion des premières journées de la nouvelle Fédération Addiction, association née de la fusion entre l’anitea (Association Nationale des Intervenants en Toxicomanie et Addictologie) et la F3A (Fédération des Acteurs de l’Alcoologie et de l’Addictologie), ce sont ces peurs, celles du grand public comme celles des professionnels, que nous voulons travailler.

Parce que ce danger des drogues est aussi celui d’une société addictive, quelles pratiques sociales adaptées, intégrant tout autant les effets du contexte sociétal que ceux des produits, devrons-nous inventer ? Comment pourront-elles adopter un nouveau rapport à l’intime, et décliner par une diversité de réponses de nouveaux modèles de l’accompagnement qui ne feront qu’actualiser ces formes intemporelles du lien à l’autre ? Comment continuer d’expérimenter des pratiques professionnelles qui répondent aux addictions, et non aux peurs qu’elles suscitent ?

Jean Pierre Couteron
Président de la Fédération Addiction
Damien Thabourey
Administrateur de la Fédération Addiction
Directeur d’ARIA

Comité d’organisation scientifique


°M. Michel Boulanger, Le Pélican, Chambéry
°M. Christian Bulart, Le Triangle, Nantes
°M. Jean-Pierre Couteron, CEDAT, Mantes, Président de la Fédération Addiction
°Mme Anne-Violaine Dewost, Le Trait d’Union, Boulogne Billancourt
°M. Patrick Fouilland, Nautilia, le Havre
°Mme Cathy Jeanblanc, SOLEA, Besançon
°Mme Nathalie Latour, Déléguée générale de la Fédération Addiction
°Mme Marie Musquet, Responsable de l’événementiel et de la vie interne de la Fédération Addiction
°M. Louis-Michel Reliquet, Les Apsyades, Nantes
°Mme Marie-Alice Robert, Les Apsyades, Nantes
°M. Damien Thabourey, ARIA, Lyon


Organisation locale
Union régionale de la Fédération
Addiction Rhône-Alpes

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