Journées Nationales de Chirurgie Ambulatoire : les objectifs ministériels en question 10 et 11 janvier à la Maison de la Chimie
13 Décembre 2017
|- La 7ème édition des JAB sera l'occasion de discuter de la mise en œuvre de l'objectif de 70% de patients opérés en ambulatoire d'ici 2020 fixé par Agnès Buzy
- Cette année, le Danemark avec 90 % d'actes en ambulatoire sera mis à l'honneur
- La spécialité invitée est la « Radiologie Interventionnelle » dont les actes sont de plus en plus invasifs et dont les patients seront accueillis prochainement en UCA
- Les UCA françaises partagent leur retour du terrain
L'AFCA organise ses journées d'échange et de partage de bonnes pratiques dans un contexte particulier. Agnès Buzyn, Ministre des solidarités et de la santé, annonçait en novembre sa volonté de faire entrer la médecine et la chirurgie ambulatoire dans la pratique courante avec un objectif respectivement fixé à 55% des séjours et 70% des actes. Dans ce contexte, le congrès présentera les expériences innovantes aussi bien en France que dans les pays nordiques et proposera ainsi des solutions directement issues de la pratique. 600 participants sont attendus.
Ce n'est pas l'acte qui est ambulatoire, mais le patient. Bien plus qu'une hospitalisation n'excédant pas 12 heures, l'ambulatoire est une pratique à part qui implique de repenser intégralement la vision de la prise en charge chirurgicale, à la fois d'un point de vue architectural, organisationnel et médical, centré sur la prise en charge du patient dont la satisfaction devient un enjeu à part entière.
« La chirurgie ambulatoire offre un formidable potentiel d'innovation en faisant évoluer la pratique médicale vers plus de pluridisciplinarité. Les membres de l'AFCA considèrent que nous sommes à un tournant historique pour briser le fameux plafond de verre des 50%. La chirurgie ambulatoire devient la norme avec une meilleure gestion des risques de même qu'une plus grande satisfaction du patient. » Précise Pr Corinne Vons, Présidente de l'AFCA.
L'amélioration des techniques rendant les interventions moins invasives, couplée au développement de l'anesthésie locale, locorégionale ainsi qu'aux progrès en anesthésie générale et en anesthésie vigile ont permis le développement de l'ambulatoire ces dernières années. Aujourd'hui la chirurgie ambulatoire est aussi envisagée pour des actes plus lourds et la Récupération Améliorée Après Chirurgie (RAAC) est replacée sur le devant de la scène. Elle partage le même objectif fondamental avec la chirurgie ambulatoire : rendre à un patient sa complète autonomie par un processus maîtrisé le plus court possible. Le développement des nouvelles technologies et la diffusion de la eSanté participent également à l'amélioration de la pratique ambulatoire.
Les JAB consacreront une conférence sur des retours d'expérience intitulée « Intérêts des nouvelles technologies pour la chirurgie ambulatoire ? »
- Peut-on sécuriser les interventions en général réalisées en ambulatoire par un suivi digitalisé, une plate-forme des IDEL ...
- Peut-on sécuriser des interventions en particulier par un suivi digitalisé ?
Le retard français une opportunité ?
La France accuse un retard de 30 ans dans l'ambulatoire par rapport aux pays les plus en pointe sur le sujet. Les Etats-Unis, pionniers en la matière, ont lancé les premières expérimentations dès les années 1960 pour atteindre aujourd'hui un taux de 94%. Le Royaume-Uni leur a emboité le pas dans les année 70 pour désengorger les hôpitaux -il fallait patienter des mois, voire une année, pour se faire opérer - et pallier le manque de personnel.
En Europe, les pays nordiques dans les années 80 y voient un levier pour diminuer les dépenses hospitalières.
En 2009 l'ambulatoire entre dans les plans des pouvoirs publics français qui décident de favoriser son développement par le biais notamment, de mesures incitatives tarifaires instaurant une tarification unique. La Cour des Comptes a cependant relevé l'inefficacité de ces mesures dans son dernier rapport de septembre 2017.
La France tourne son retard à son avantage en développant des pratiques innovantes sur des interventions considérées comme lourdes : remplacement totale de prothèse de hanche ou de genou, Sleeve Gastrectomie (chirurgie de l'obésité), colectomie, thyroïdectomie, ...
Toutefois, avec un taux à 54% des patients en ambulatoire, les chiffres restent toujours en dessous de la plupart des autres pays européens.
Pour atteindre l'objectif des 70% de patients, fixé par Agnès Buzyn, il faut investir massivement pour créer de nouvelles structures venant en support à une nouvelle organisation.
En l'état actuel, chirurgie ambulatoire et conventionnelle se partagent souvent les mêmes blocs, alors qu'elles nécessitent des aménagements différents pour fluidifier le parcours des patients et notamment pour gérer leurs entrées et leurs sorties en grand nombre.
Une conférence présentera les retours d'expérience sur les 3 seuls Centres de Chirurgie Ambulatoire Indépendants
- Avec notamment Dr Guy Bazin, fondateur et ancien président de l'AFCA et du Dr Jean-Loup Durousset, PDG de la Polyclinique des Trois Vallées.
En effet, le décret fondateur de 1992 réduisait l'organisation à celle des centres intégrés qui représentent plus de 90% des centres ambulatoires français. Ce décret avait l'avantage premier de ne pas déstructurer les plateformes décisionnelles et organisationnelles existantes. Aujourd'hui l'interdiction de créer des Centres Indépendants de Chirurgie Ambulatoire n'est toujours pas levée et ne permet pas de prendre pleinement le virage de l'ambulatoire. Seules les transformations d'unités existantes sont permises.
Dans ce contexte, le déploiement d'une structure uniquement dédiée à l'ambulatoire, sans lien avec un bloc opératoire de chirurgie conventionnelle, est encore assez peu développé contrairement au Royaume-Uni, l'Allemagne, les Etats-Unis et l'Australie.
A travers l'Europe et au Danemark
Le Pr Sven Felsy présentera les facteurs de succès de la chirurgie ambulatoire au Danemark où elle atteint 90 % des actes alors qu'elle a été instaurée dans la pratique il y a à peine 20 ans. Cette conférence sera à mettre en perspective avec les retours d'expériences des étudiants, lauréats des prix FHF, FHP et Capio. Ils ont été immergés dans les UCA en Finlande, Norvège, Danemark et Espagne.
La discipline à l'honneur
Enfin une session mettra en lumière la « Radiologie Interventionnelle » dont les actes sont de plus en plus invasifs et dont les patients devraient être accueillis prochainement en UCA.
La conférence « Radiologie Interventionnelle en ambulatoire, états des lieux et perspectives tout est-il possible ? » abordera les risques et les indications ostéo- articulaires et vasculaires.
A PROPOS DE L'AFCA
L'AFCA est la société savante représentant la chirurgie ambulatoire en France. Elle est membre de l'International Association for Ambulatory Surgery (IAAS), l'organisme international officiel représentant la chirurgie ambulatoire.
« L'association a pour objet de promouvoir la chirurgie ambulatoire, de contribuer à son progrès et à sa diffusion, dans l'intérêt des patients et de la société. L'association se propose en particulier de :
- Aider au développement de la chirurgie ambulatoire en France.
- Promouvoir l'enseignement, la formation et la qualité des soins dans le domaine de la chirurgie ambulatoire.
- Promouvoir toute procédure d'évaluation de ce type de chirurgie et encourager tout effort d'organisation en matière d'assurance qualité.
- Promouvoir la recherche et assurer par tout moyen la diffusion des travaux scientifiques.
- Collaborer avec tout organisme extranational poursuivant les mêmes buts.
Ces objectifs concernent toutes les disciplines médico-chirurgicales, paramédicales, économiques, administratives, juridiques ou autres. » (Article 2 des statuts de l'AFCA.)