09 Décembre 2010
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londres/genève, 8 décembre 2010 – L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a approuvé aujourd’hui un test novateur pour le diagnostic de la tuberculose, particulièrement intéressant dans les pays les plus touchés par cette maladie. Ce test pourrait révolutionner les soins et la lutte antituberculeuse en permettant un diagnostic exact pour de nombreux patients en 100 minutes environ, alors qu’avec les tests actuels il faut parfois jusqu’à trois mois pour obtenir les résultats.
« Ce nouveau test représente un tournant majeur pour le diagnostic et les soins de la tuberculose dans le monde. Il est également synonyme d’espoir pour les millions de personnes les plus exposées au risque de tuberculose, y compris résistante, a déclaré le Dr Mario Raviglione, Directeur à l’OMS du département Halte à la tuberculose. Nous avons les preuves scientifiques, nous avons défini la politique et nous visons désormais à soutenir l’implantation pour que l’effet se ressente dans les pays. »
L’approbation de ce test rapide par l’OMS, un TAAN (test d’amplification des acides nucléiques) totalement automatisé, est l’aboutissement de 18 mois d’évaluation rigoureuse de son efficacité sur le terrain pour le diagnostic précoce de la tuberculose, ainsi que de la tuberculose multirésistante (TB-MR) et de la tuberculose compliquée par le VIH, plus difficiles à diagnostiquer.
Selon les données dont nous disposons à ce jour, la mise en œuvre de ce test pourrait entraîner un triplement du nombre des cas de tuberculose résistante diagnostiqués et un doublement du nombre des cas de tuberculose associée au VIH, diagnostiqués dans les zones à forte prévalence des deux infections.
De nombreux pays s’appuient toujours sur l’examen des frottis au microscope, une méthode de diagnostic mise au point il y a un siècle. En revanche, ce test « à la minute » intègre une technologie moderne portant sur l’ADN et pouvant être utilisée en dehors des laboratoires conventionnels. Sa totale automatisation le rend également sûr et facile d’emploi.
L’OMS demande désormais de déployer le TAAN complètement automatisé dans des conditions bien définies et dans le cadre des plans nationaux de soins et de lutte contre la tuberculose et la tuberculose-MR. Des orientations politiques et des indications opérationnelles sont également publiées, sur la base des conclusions d’une série d’examens par les experts et d’une consultation mondiale organisée la semaine dernière à Genève et réunissant plus d’une centaine de représentants de programmes nationaux, d’organismes d’aide au développement et de partenaires internationaux.
L’accessibilité a été une préoccupation majeure dans le processus d’évaluation. FIND (la Fondation pour des outils diagnostiques nouveaux et novateurs), qui a participé à la mise au point, annonce aujourd’hui qu’elle a négocié avec le fabricant, Cepheid, une diminution du prix de 75 % pour les pays les plus touchés par la tuberculose, par rapport au prix actuel sur le marché. Un tarif préférentiel sera accordé à 116 pays à faible revenu et à revenu intermédiaire où la tuberculose est endémique, et il y aura une baisse supplémentaire du prix une fois que la demande aura atteint un volume important.
« Il y a eu une forte volonté de lever tous les obstacles, y compris financiers, susceptibles de compromettre le déploiement de cette nouvelle technologie, reconnaît le Dr Giorgio Roscigno, Directeur général de FIND. Pour la première fois dans la lutte antituberculeuse, nous ouvrons simultanément l’accès à une technologie à la pointe du progrès dans les pays à revenu faible, intermédiaire et élevé. Cette technologie permet également le diagnostic d’autres maladies, ce qui devrait encore accroître son efficacité. »
L’OMS publie aussi des recommandations et des orientations pour intégrer ce test dans les programmes. Elles comprennent des protocoles de dépistage (ou algorithmes) qui optimiseront l’utilisation et les avantages de cette nouvelle technologie pour les personnes qui en ont le plus besoin.
Malgré des progrès majeurs dans les soins et la lutte, la tuberculose a tué, selon les estimations, 1,7 million de personnes en 2009 et 9,4 millions de personnes ont développé une tuberculose évolutive l’année dernière.