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Comment optimiser l’alimentation afin qu’elle respecte l’ensemble des recommandations nutritionnelles tout en s’éloignant le moins possible des préférences et habitudes alimentaires de chacun ? A partir de données sur la consommation alimentaire des Français, des chercheurs de l’INRA ont développé une méthode pour quantifier la part relative des aliments qui devraient composer un régime alimentaire idéal. En faisant appel à deux approches innovantes qu’ils avaient récemment développées - la modélisation de rations individuelles et le système de profilage nutritionnel SAIN, LIM- ils ont montré que pour avoir une alimentation équilibrée la part des aliments de bon profil nutritionnel, c'est-à-dire riches en nutriments protecteurs, devrait atteindre près de 2/3 du poids total consommé, le tiers restant pouvant être composé d’aliments considérés moins favorables à la santé. Ces travaux sont publiés dans le British Journal of Nutrition d’avril 2011.


Intégrer tous les aliments dans un régime alimentaire équilibré est un principe mis en avant par les nutritionnistes pour que les recommandations nutritionnelles soient respectées. En France, dans le cadre du Programme National Nutrition Santé (PNNS), des messages généraux sur l'équilibre alimentaire sont délivrés à la population. Certains de ces messages, -« mangez au moins 5 fruits et légumes par jour »- sont désormais bien connus du grand public. Néanmoins, ces conseils généraux ne sont pas toujours adaptés à la complexité actuelle de l’offre alimentaire. Par exemple, ils n'aident pas le consommateur à choisir entre deux aliments qui semblent appartenir au même groupe d’aliments (par ex : dessert lacté et yaourt) ni à se faire une idée de la qualité nutritionnelle de produits composés de plusieurs groupes alimentaires, tels que les plats préparés ou les snacks. Ainsi, il n’est pas toujours aisé pour les consommateurs de se repérer dans les linéaires des supermarchés pour remplir leur chariot de courses de façon avisée. C’est pourquoi, un nouveau type de recommandations, basées sur le « profil nutritionnel » des aliments, c'est-à-dire leur qualité nutritionnelle, pourrait être profitable.

A partir des données de consommations alimentaires collectées chez 1171 adultes de plus de 18 ans lors de l’enquête INCA 1 en 1999 , les chercheurs ont développé une méthode pour quantifier la part d’aliments de bon et de mauvais profil nutritionnel dans l’alimentation des Français. Ils se sont basés pour cela sur le système de profilage nutritionnel SAIN, LIM qu’ils avaient précédemment développé. Ce système est basé sur deux indicateurs, le SAIN et le LIM, qui estiment respectivement et séparément les aspects favorables (SAIN = richesse en nutriments protecteurs tels que vitamines, minéraux, fibres et acides gras essentiels) et défavorables (LIM = teneur en composés à limiter - sodium, sucres ajoutés, acides gras saturés) de chaque aliment. A l’issue d’un calcul basé sur ces indicateurs, les aliments se sont répartis en 4 classes distinctes.
Avec ce système, les aliments qui apportent davantage de nutriments protecteurs que de calories sont les mieux classés (fruits, légumes, poisson, etc.) alors que les aliments qui apportent davantage de gras, de sel ou de sucre, que de nutriments protecteurs sont les plus mal classés (beurre, charcuterie grasses, confiture, boissons sucrées, etc.). Ce système permet aussi une classification nutritionnelle de produits alimentaires complexes (plats cuisinés, snacks salés, sandwichs, pizzas, etc.).

Les chercheurs ont ensuite évalué les changements nécessaires, en termes de part des aliments de différentes classes de profil, pour atteindre une alimentation optimale sur le plan nutritionnel sur la base du respect de l'ensemble des apports nutritionnels conseillés pour la population française.
La part des aliments de chaque classe de profil SAIN, LIM a été comparée avant et après optimisation, c'est-à-dire dans les régimes observés et dans les régimes optimisés pour respecter l’ensemble des recommandations nutritionnelles. En moyenne, les régimes observés sont constitués pour moitié (en poids) d’aliments de bon profil nutritionnel (classe 1) et pour un tiers d’aliments de plus mauvais profil (classe 4). Dans les régimes optimisés la part des aliments de la classe 1 est augmentée jusqu’à atteindre près des 2/3 du poids total et celle des aliments de la classe 4 est diminuée, mais représente encore à peu près 1/5 du poids total consommé. Ces résultats suggèrent que, pour augmenter la probabilité d’adéquation aux recommandations nutritionnelles, il faudrait augmenter la part des aliments de meilleur profil nutritionnel, jusqu’à ce qu’ils représentent 2/3 du poids total ingéré, au dépens de celle des aliments de moins bon profil nutritionnel.

Cette étude s’inscrit dans la réflexion actuelle sur les moyens de faire progresser les politiques d’information et d’éducation nutritionnelles.

Références :
Quantifying the contribution of foods with unfavourable nutrient profiles to nutritionally adequate diets. Br J Nutr, 2011, 105:1133-1137. Maillot M., Drewnowski A., Vieux F., Darmon N.

Source INRA



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