Discours de Nora BERRA
Secrétaire d’Etat chargée de la Santé

Lancement de la campagne INPES contre l’alcool
Jeudi 10 mars 2011 - Salon Bleu - Ségur





Monsieur le Directeur général de la Santé,
Madame la Présidente de l’INPES,
Mesdames et Messieurs les Membres d’associations de lutte contre l’alcoolisme,
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Mesdames et Messieurs,

La France est un pays où la consommation d’alcool est inscrite dans les habitudes et fait partie d’une certaine culture, d’une certaine normalité.

Ce qui apparaît le plus souvent stigmatisé, et qui sensibilise le plus l’opinion publique, c’est la consommation excessive d’alcool, qui conduit à l’ivresse, à des comportements à risque, chez soi, dans l’espace public, sur la route.

Il faut savoir que l’alcool est responsable de 1 million 300 000 séjours hospitaliers. Et 100 000 contraventions pour conduite en état d’ivresse sont dressées par les forces de l’ordre tous les ans. Cela signifie que ces personnes verbalisées ont une alcoolémie oscillant entre 0,5 et 0,8 grammes par litre de sang. Et songez qu’à ce niveau, le risque d’accident est multiplié par 2.

Cette dimension de l’alcoolisme est bien identifiée et reconnue de tous. Chaque année, on dénombre au total 37 000 décès par an à cause de l’alcool. Il s’agit de la 2ème cause de mortalité évitable.

Aujourd’hui, ce qui nous intéresse plus particulièrement, c’est l’abus d’alcool qui ne conduit ni à l’ivresse, ni même à la perception d’un comportement à risque : ce sont les buveurs réguliers excessifs.

En effet, un quart des hommes et 9 % des femmes de plus de 40 ans consomment quotidiennement de l’alcool. Et la consommation régulière et excessive concerne 15% des hommes (dont 2% sont
dépendants) et 3% des femmes.

Selon les baromètres santé de l’INPES, la tendance inscrite depuis 2000 indique que, plus les hommes consomment régulièrement de l’alcool, plus ils ont tendance à en minimiser les conséquences, et à écarter le risque pour eux-mêmes. La consommation à risque pour la santé, ce serait ainsi toujours celle de l’autre, d’un niveau supérieur à sa propre consommation. C’est bien cet état d’esprit que notre campagne entend faire changer.

Le point fort de cette campagne, c’est qu’elle nous interpelle toutes et tous parce qu’elle décrit notre réalité. Nous connaissons tous autour de nous des hommes dans la force de l’âge qui consomment au quotidien
et en excès de l’alcool. Pas suffisamment pour être ivres mais certainement assez pour en supporter les conséquences à long terme.

Il était donc légitime que cette campagne cible plus particulièrement les hommes de plus de 40 ans. Parce que la consommation régulière ou quotidienne d’alcool s’avère presque inexistante avant 40 ans. Cela ne veut pas dire que les plus jeunes ne consomment pas. Non, leur consommation est différente, plus ponctuelle.

Nous devons donc nous mobiliser, pour sensibiliser les hommes de plus de 40 ans sur les risques d’une consommation régulière et excessive : au-delà de 3 verres par jour, ils sont en danger ! Quant aux femmes, elles ne doivent pas dépasser deux verres par jour.

Notre campagne, intitulée « Boire un peu trop tous les jours… c’est mettre sa vie en danger », a pour but de sensibiliser très directement une frange importante de la population française, à travers une démarche de prévention ciblée.

Elle s’articule autour d’un film télévisé de 30 secondes, que nous allons regarder dans quelques instants. Son but est de marquer les esprits, de faire prendre conscience à chaque homme adulte de sa propre responsabilité, dans son rapport à sa santé et à autrui.

Le spot renvoie à deux dispositifs d’information, d’aide et d’orientation, accessibles à tous :
1) Le site alcoolinfoservice.fr, qui est le site internet de référence sur l’alcool et la santé, destiné au grand public. Je tiens à préciser qu’il présente à chacun une information exhaustive, et qu’il propose un test en ligne que chacun peut faire pour s’autoévaluer (anonyme).
2) Enfin, la ligne écoute alcool, joignable au 0 811 91 30 30, est là pour informer, soutenir, conseiller et orienter les personnes en difficulté ou qui se posent des questions ainsi que leurs proches, 7 jours sur 7, et cela sur une grande amplitude horaire, de 8 heures à 2 heures du matin.


Mesdames et Messieurs,

Vous avez bien compris que sensibiliser nos concitoyens, c’est faire gagner la vie, c’est engager les personnes à prendre leurs responsabilités pour être de véritables acteurs de leur santé, de leur bienêtre et de celui de leurs proches. Car, vous le savez, en cette année 2011 des patients et de leurs droits, on ne peut faire valoir ses droits, sans être vigilants sur ses propres devoirs, pour sa propre santé, pour celle de ses proches et pour celle de tous.

L’un des droits des patients, c’est d’être aidés à se libérer des addictions.

Au-delà de cette campagne qui vise à stimuler la responsabilité individuelle, je lance un appel à tous ceux qui souffrent de l’alcool, mais aussi à tous ceux qui pourraient en souffrir.

C’est aussi pour cela que je voudrais exprimer tous mes remerciements et mes encouragements à l’INPES, mais aussi aux bénévoles, aux associations qui oeuvrent contre l’abus d’alcool.

J’ai fait de la lutte contre ces addictions une des missions de mon ministère et un combat personnel. Vous connaissez mes prises de position contre le tabac, elles sont sans faille. Eh bien, j’ai exactement les mêmes contre la consommation excessive d’alcool. C’est la raison pour laquelle je tenais à lancer personnellement cette campagne.


Merci de votre attention.


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