Avancées dans le traitement de la maladie de Crohn : Les bactériophages, nouveaux « antibiotiques naturels »
20 Février 2018
|Le 2eme appel à projet lancé par DigestScience en 2011 et alloué à un consortium de recherche international conduit au développement d’un cocktail de phages qui ouvre un possible traitement écologique naturel de la maladie de Crohn.
Ce cocktail de phages constitue donc un nouveau traitement écologique naturel potentiel de la maladie de Crohn. L’accord récent de la FDA (Food and Drug Administration) américaine va permettre la réalisation d’un essai thérapeutique dans les prochains mois aux USA chez des patients atteints de maladie de Crohn porteur d’AIEC.Pierre Desreumaux, Président de DigestScience, Professeur de gastroentérologie à l’Université et au CHU de Lille. Fondateur et directeur de l’Unité de recherche LIRIC Inserm U995.
Des résultats plus que prometteurs
Les bactériophages sont des virus présents naturellement dans notre écosystème, inoffensifs pour l’homme, ayant la capacité de tuer des bactéries spécifiques. Au cours de la maladie de Crohn, environ 30 % des malades hébergent dans leur tube digestif une nouvelle bactérie AIEC (Adhésive invasive ecchericoli). Un consortium scientifique comportant l’Institut Pasteur de Paris, l’Université d’Auvergne, l’Université de Lille et le CHU de Lille, la société américaine Intralytix, ainsi qu’un laboratoire pharmaceutique européen FERRING et la fondation DigestScience, ont développé un cocktail de phages capable de tuer spécifiquement plus de 90 % de ces AIEC. Chez l’animal, ces phages ont montré leur efficacité en tuant les AIEC et en diminuant l’inflammation colique.
La Fondation DigestScience au cœur de l’innovation scientifique
Audité par le Conseil Scientifique Européen de DigestScience aidé d’experts internationaux, et soutenu à hauteur de 400 k€, ce projet a séduit par son originalité, la qualité et l’expertise scientifique des différentes équipes impliquées et les débouchés thérapeutiques, diagnostiques et prophylactiques potentiels.
Les bactériophages et leur utilisation comme traitement anti-bactérien ont été découverts il y a plus d’un siècle. Rapidement «délaissés» au profit des antibiotiques, leur intérêt rejaillit non seulement devant les problèmes croissants liés à la résistance aux antibiotiques, mais aussi en raison de leur mode d’action très ciblé vers un pathogène déterminé respectant ainsi l’équilibre de la flore.
Ce programme a placé la flore au cœur de la genèse de l’inflammation intestinale et a marqué une véritable rupture par rapport aux approches thérapeutiques actuelles (dérivés aminosalicylés, immunosuppresseurs, anticorps monoclonaux..).
Cette initiative d’envergure, soutenue par DigestScience favorise la compréhension et le rôle des bactériophages au niveau de la flore intestinale. Porteur de nouveaux espoirs thérapeutiques dans l’inflammation intestinale, il a ouvert la voie à des essais cliniques chez l’homme.
La Fondation DigestScience, 10 ans de combat pour les maladies digestives
Créée et présidée par Pierre Desreumaux, Professeur de gastroentérologie à l’Université et au CHRU de Lille, Fondateur et Directeur du centre de recherche LIRIC Inserm 995, DigestScience est la première fondation d'utilité publique (Décret du 21 juillet 2008) en France entièrement dédiée à la recherche sur les pathologies digestives et la nutrition (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique, maladie cœliaque, syndrome de l’intestin irritable).
Ses missions sont : récolter des fonds, mobiliser le grand public, faire avancer la recherche, épauler les malades.
Prévenir la maladie de Crohn : une nécessité pour la guérir, encore faut-il en connaître les causes…..
En 2018, DigestScience se mobilise pour un grand projet de recherche médicale spécifique et majeur pour la santé publique en France : Financer, à hauteur de 2 millions d’euros sur 4 ans, une vaste étude épidémiologique pour enfin découvrir les causes environnementales de la maladie de Crohn, et mettre ensuite au point des traitements curatifs.
Cette étude unique réunira pour la première fois une équipe de recherche internationale pluridisciplinaire - épidémiologistes, toxicologues, biologistes, gastroentérologues, géographes, historiens, sociologues et spécialistes de la qualité de l’air et de l’eau.
La communauté scientifique et médicale internationale reconnaît que les Hauts-de-France sont probablement la zone de référence dans le monde qui permettra d’identifier les causes des maladies inflammatoires intestinales.