Le Rapport 2013 sur le paludisme dans le monde fait état de progrès majeurs dans la lutte contre cette maladie et demande un financement durable
				
							
								
					
				
							
								
					
				
					
						
		| 12 Décembre 2013
Genève/Washington – 11 décembre 2013 – On estime que les efforts mondiaux pour combattre et  éliminer le paludisme ont sauvé 3,3 millions de vies depuis 2000 en  réduisant les taux de mortalité dus à cette maladie de 45 % dans le  monde et de 49 % en Afrique, selon le Rapport 2013 sur le paludisme dans le monde, publié par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
 
 Entre 2000 et 2012, l’extension des mesures de prévention et de lutte  s’est accompagnée d’une baisse régulière du nombre des décès et des cas  de paludisme, malgré une augmentation de la population mondiale exposée  au risque. Le renforcement de l’engagement politique et l’accroissement  des financements ont contribué à réduire l’incidence du paludisme de  29 % à l’échelle mondiale et de 31 % en Afrique.
 
 Dans leur grande majorité, les 3,3 millions de vies sauvées entre 2000  et 2012 l’ont été dans les dix pays ayant la plus forte charge du  paludisme et ont concerné des enfants de moins de cinq ans, le groupe le  plus touché par cette maladie. On estime qu’au cours de cette période,  les taux de mortalité par paludisme ont baissé de 54 % chez l’enfant en  Afrique.
 
 Mais il faut faire davantage.
 
 « Ces progrès remarquables ne sont pas une raison pour relâcher nos  efforts : en chiffres absolus, le nombre des cas de paludisme et des  décès ne baisse pas aussi vite qu’il le pourrait, relève le Dr Margaret  Chan, Directeur général de l’OMS. Le fait que tant de personnes  contractent l’infection et meurent après avoir été piquées par des  moustiques est l’une des grandes tragédies du XIXe siècle. »
 
 On estime qu’il y a eu, en 2012, 207 millions de cas de paludisme  (intervalle d’incertitude : 135‑287 millions), ayant provoqué environ  627 000 décès (intervalle d’incertitude : 473 000‑789 000). Selon les  estimations, 3,4 milliards de personnes continuent d’être exposées au  risque, principalement en Afrique et en Asie du Sud-Est. Près de 80 %  des cas de paludisme se produisent en Afrique.
 
 La route est encore longue vers l’accès universel à la prévention et au traitement
 
 La prévention du paludisme a connu un revers après son puissant essor  entre 2005 et 2010. Le nouveau rapport de l’OMS relève, pour la deuxième  année consécutive, un ralentissement dans l’extension des interventions  pour lutter contre les moustiques, en particulier au niveau de l’accès  aux moustiquaires imprégnées d’insecticide, principalement à cause des  fonds insuffisants pour les distribuer dans les pays ayant une  transmission continuelle du paludisme.
 
 En Afrique subsaharienne, la proportion de la population ayant accès à  des moustiquaires imprégnées d’insecticide est restée largement en-deçà  des 50 % en 2013. Seulement 70 millions de nouvelles moustiquaires ont  été distribuées dans les pays d’endémie en 2012, un chiffre bien  inférieur au minimum des 150 millions nécessaires chaque année pour  garantir une protection à toute personne exposée au risque. En 2013  cependant, environ 136 millions de moustiquaires ont été distribuées et  les perspectives pour 2014 semblent encore meilleures (aux alentours de  200 millions), semblant indiquer qu’un réel revirement de la situation a  des chances de se produire.
 
 Les tests de diagnostic du paludisme n’ont pas connu un tel revers et  ont continué de s’étendre ces dernières années. De 2010 à 2012, la  proportion de cas suspects ayant bénéficié d’un test de diagnostic dans  le secteur public est passée de 44 à 64 % à l’échelle mondiale.
 
 L’accès aux combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA)  recommandées par l’OMS a lui aussi augmenté, le nombre de traitements  complets délivrés dans les pays passant de 76 millions en 2006 à 331  millions en 2012.
 
 En dépit de ces progrès, des millions de personnes n’ont toujours pas  accès au diagnostic et à des traitements de qualité garantie, en  particulier dans les pays n’ayant pas un système de santé solide. Le  déploiement des traitements préventifs, recommandés pour les  nourrissons, les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes, a  également été lent ces dernières années.
 
 « Pour remporter la bataille du paludisme, nous devons avoir les moyens  d’assurer la prévention et le traitement de la maladie pour chaque  famille qui en a besoin, affirme Raymond G Chambers, Envoyé spécial du  Secrétaire général des Nations Unies pour le financement des OMD liés à  la santé et pour le paludisme. Nos efforts collectifs ne servent pas  seulement à mettre un terme aux souffrances inutiles de millions de  personnes : ils aident aussi les familles à prospérer et à injecter dans  les économies des milliards de dollars que les pays peuvent utiliser  autrement. »
 
 Un financement déficitaire à l’échelle mondiale
 Le financement international de la lutte antipaludique est passé de  moins de US $100 millions en 2000 à près de US $2 milliards en 2012. Les  financements nationaux se sont situés aux alentours de US $0,5 milliard  pour cette même année, portant le total des fonds internationaux et  nationaux engagés dans la lutte antipaludique à US $2,5 milliards en  2012 – moins de la moitié des US $5,1 milliards nécessaires chaque année  pour parvenir à l’accès universel aux différentes interventions.
 
 Faute d’un financement suffisant et prévisible, les progrès sont  également menacés par l’émergence de la résistance parasitaire à  l’artémisinine, la composante essentielle des CTA, et de la résistance  des moustiques aux insecticides. La résistance à l’artémisinine a été  détectée dans quatre pays d’Asie du Sud-Est et celle aux insecticides  dans au moins 64 pays.
 
 « Les progrès remarquables accomplis contre le paludisme sont encore  fragiles », fait remarquer le Dr Robert Newman, Directeur à l’OMS du  Programme mondial de lutte antipaludique. « Au cours des 10 à 15  prochaines années, le monde aura besoin d’outils et de techniques  innovantes, ainsi que d’approches stratégiques pour pérenniser et  accélérer les progrès. »
 
 L’OMS élabore actuellement une stratégie technique mondiale pour  combattre et éliminer le paludisme sur la période 2016-025, ainsi qu’un  plan mondial pour juguler et éliminer le paludisme à Plasmodium vivax. Présent principalement en Asie et en Amérique du Sud, P. vivax est moins susceptible que P. falciparum de provoquer des cas sévères de paludisme ou des décès, mais il réagit  aussi plus lentement aux efforts de lutte. On estime que, dans le monde,  environ 9 % des cas de paludisme sont dus à P. vivax, bien qu’en dehors du continent africain, la proportion soit de 50 %.
 
 « Le vote de confiance exprimé par les donateurs la semaine dernière à  la conférence de reconstitution volontaire des ressources du Fonds  mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme témoigne  du succès du partenariat mondial. Mais il nous faut combler le déficit  annuel de US $2,6 milliards pour atteindre la couverture universelle et  éviter les décès par paludisme », a déclaré Fatoumata Nafo-Traoré,  Directeur exécutif du Partenariat Faire reculer le paludisme. « C’est  notre chance historique de vaincre cette maladie. »






