| 11 Décembre 2023
3 questions à Francis Eustache, spécialiste en neuropsychologie à l’université de Caen
 Francis Eustache, Spécialiste  en neuropsychologie de la mémoire, il dirige des recherches sur la  mémoire humaine et ses maladies en utilisant des évaluations cognitives  et différentes techniques d’imagerie cérébrale à l’université de Caen (EPHE et Inserm). Il mène ses recherches dans  l'unité de recherche de l'Inserm "Neuropsychologie et imagerie de la  mémoire humaine" à l'université de Caen-Normandie. En sa qualité de  Président du Conseil Scientifique de l’Observatoire B2V des Mémoires, il  a dirigé la publication de « Mémoire et traumatisme », ouvrage rédigé dans le cadre des travaux de recherche sur les attentats du 13 novembre 2015. Quel est l’impact des émotions sur la mémoire ? Les  émotions ont un impact majeur sur la mémoire. S'il n'y a pas d'émotion,  si la situation est neutre, il y a peu de mémoire qui se forme. Si  l'émotion est forte, qu'elle soit positive ou négative, la mémoire enregistre à ce moment-là  la situation. Mais cela est vrai jusqu’à un certain stade.  En  effet, si l’émotion est trop forte par exemple dans une situation  traumatique, cette émotion trop intense va perturber la mémoire. Pourquoi en cas de très forte émotion la mémoire est-elle perturbée ?  En  cas de très forte émotion, la mémoire peut être perturbée pour  plusieurs raisons. L'une d'entre elles est liée à l'activation du  système nerveux autonome, qui régule les réponses physiologiques au  stress. Lorsque nous sommes confrontés à des émotions intenses, notre  corps sécrète des hormones comme l'adrénaline et le cortisol, ce qui  peut influencer notre capacité à encoder et à se souvenir des  événements. Dans  ces moments-là, notre attention peut être capturée par l'émotion  elle-même, détournant notre focalisation de ce qui se passe autour de  nous. Cela peut entraîner des lacunes ou des distorsions dans la manière  dont nous traitons les informations, ce qui affecte ultérieurement la  précision de notre mémoire. Peut-on alors faire confiance à notre mémoire ? En  ce qui concerne la confiance en notre mémoire dans de telles  circonstances, cela dépend. Dans certains cas, la mémoire peut être  altérée ou fragmentée à cause de l'impact émotionnel, ce qui pourrait  mener à des souvenirs déformés ou incomplets. Cependant, dans d'autres  cas, les émotions intenses peuvent renforcer la mémorisation de certains  événements particulièrement marquants. Il  est important de reconnaître que la mémoire n'est pas toujours  parfaitement précise et qu'elle est sujette à des distorsions, surtout  en période de forte émotion. Cependant, cela ne signifie pas  nécessairement que chaque souvenir est totalement invalide. ![]()
Mémoire  et traumatisme ouvrage rédigé dans le cadre des travaux de recherche  sur les attentats du 13 novembre 2015, explique comment l’analyse des  interactions entre mémoire individuelle et mémoire collective permet une  compréhension renouvelée du traumatisme psychique et de ses effets  durables sur la mémoire, dans un monde où les échanges entre les  individus sont profondément modifiés par les nouveaux moyens de  communication. Cet ouvrage a été initié par l'Observatoire B2V des Mémoires.









