15 Mai 2013
|Et quand enfin la vérité est dite « Le mépris du peuple », quant au travers d’un livre, l’auteur (Thierry Galibert) nous livre notre vérité, celle des esclaves du pouvoir.
Enchainés que nous sommes à des urnes qui ne contiennent que promesses d’hommes et de femmes médiocres, toutes affairés à leurs petites besognes. Quand le peuple n’a de droit que se taire et souffrir sous la magnanime hauteur de leurs représentants inutiles.
Extrait :
Dans leur immense majorité, les intellectuels ne se sont souciés du peuple qu’au XVIIIe siècle, et encore, dans des conditions particulières, car en ce temps, réputé des Lumières, elles ne leur servent qu’à le mépriser autant que par le passé. Aussi, prétendre que le peuple se serait levé en masse, en 1789, pour mettre en application des idées philosophiques, c’est un peu comme croire que l’ouvrier de mai 1968 manifesta son Sartre à la main. Depuis toujours, les avancées sociales ont été le fait du seul peuple réel, les intellectuels se contentant, au mieux, de les théoriser, ce qui en dit long sur l’utilité fonctionnelle d’un intellectualisme essentiellement enfermé dans une révolution de papier, car objectivement coupé de la réalité vivante. Lorsque, en 1798, Mme de Staël prétend : « Ce sont les philosophes qui ont fait la Révolution, ce sont eux qui la termineront », ce sont précisément les conditions de son achèvement qui, depuis lors, ne cessent de poser problème. Fort à propos, au moins jusqu’à l’école laïque et obligatoire, le peuple s’est gardé de lire, l’aurait-il fait que l’intellectualisme lui aurait donné, au mieux, des recettes d’aménagement de sa condition, mais rien de fondamentalement désaliénant. La meilleure preuve figure dans les dictionnaires qui fleurissent à compter du XVIIe siècle. Qui voulait savoir, par exemple, ce qu’était un «État » tout en échappant à la définition de l’étatiste Dictionnaire de l’Académie française, devait s’en tenir, dans celui d’Antoine Furetière, à une définition que tout un chacun était en mesure de produire puisqu’elle reposait sur la simple observation :
«État : royaume, province ou étendue de pays qui sont sous une domination. Se dit aussi des officiers tant grands que petits, qui servent à entretenir l’État, à y entretenir l’ordre et la police. » Sous ces deux rapports, à quelques détails près – la nation substituée au royaume – tout dictionnaire contemporain pourrait reprendre les termes, sans mentionner les individus qui le composent.
Thierry Galibert, professeur des universités, est historien des idées et de la littérature. Il est notamment l’auteur de La Bestialité, paru chez Sulliver où il dirige également la collection «Archéologie de la modernité ».
Editeur :
Sulliver
Parution :
17 Janvier 2013
Prix editeur :
20€90
Isbn : 9782351220887