01 Juin 2012
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Le Niger est touché par une crise alimentaire, à l'instar d'autres pays de la bande sahélienne, et doit faire face à un afflux de réfugiés et de ressortissants nigériens fuyant le conflit dans le nord du Mali. Le CICR et la Croix-Rouge nigérienne viennent en aide aux populations les plus vulnérables.
« Dans la région de Tillabéry, où nous concentrons nos efforts, les populations ne s'étaient pas encore remises de la crise de 2009-2010 quand elles ont dû accueillir, en l'espace de quelques semaines, plusieurs dizaines de milliers de réfugiés maliens et de Nigériens de retour au pays, en début d'année », déclare Juerg Eglin, chef de la délégation régionale du CICR pour le Mali et le Niger. « Vu l'ampleur de leurs besoins, elles sont aujourd'hui tributaires de l'aide alimentaire d'urgence. Elles ont aussi besoin d'un appui financier, de fourrage pour leur bétail et de soutien pour se préparer à la saison agro-pastorale qui commence bientôt. »
De la nourriture pour survivre et des semences pour garder espoir
La région de Tillabéry est l'une des plus durement touchées par l'insécurité alimentaire au Sahel, conséquence des mauvaises récoltes lors de la campagne agricole 2010-2011. L'afflux de personnes fuyant le conflit au Mali ne fait qu'aggraver la situation. De nombreux ménages ne peuvent plus se nourrir convenablement faute de provisions suffisantes. Leur pouvoir d'achat étant trop faible, les plus démunis ne peuvent plus s'approvisionner sur le marché.
« De plus en plus de familles se rabattent sur des solutions de derniers recours », affirme Jules Amoti, coordonnateur des programmes de sécurité économique du CICR pour le Niger et le Mali. « Certaines réduisent le nombre de repas quotidiens, d'autres bradent des animaux, et d'autres encore choisissent l'exode vers des lieux moins touchés par la crise. »
Le 7 mai dernier, le CICR a achevé une opération de distribution de vivres, en collaboration avec la Croix-Rouge nigérienne, en faveur de plus de 110 000 personnes dans 75 villages des départements de Ouallam, Banibangou et Abala (région de Tillabéry). Chaque ménage (en moyenne six personnes) a reçu 200 kg de mil pour pouvoir subvenir à ses besoins en céréales durant une période de quatre mois. Vingt banques céréalières ont aussi bénéficié d'un soutien visant à permettre des approvisionnements supplémentaires en cas de besoin. Entre janvier et mars 2012, le CICR avait déjà distribué des vivres à un nombre similaire de personnes. En outre, plus de 60 000 personnes ont reçu des semences (20 kg de semences améliorées de mil et 5 kg de semences de niébé par ménage).
Dans la région d'Agadez (nord du Niger), où les communautés vivent principalement de l'élevage, il s'agit plutôt d'améliorer l'accès aux céréales. Au total, 100 banques céréalières ont reçu 1 000 tonnes de mil destiné à être vendu aux populations à des prix adaptés à leurs moyens.
Garantir un pouvoir d'achat suffisant aux éleveurs
Alors qu'une partie importante du bétail a été décimée par la sécheresse de 2010, le déficit pluviométrique en 2011-2012 a porté un nouveau coup aux moyens de subsistance des éleveurs. « Le manque d'herbe et les longues marches à la recherche de fourrage ont amaigri les animaux, explique M. Amoti. Les éleveurs ont donc été contraints de vendre leurs animaux à des prix dérisoires. »
Dans la région d'Agadez, diverses actions ont été entreprises ces dernières semaines en vue de compléter l'alimentation des animaux par l'intermédiaire de 61 banques d'aliments pour le bétail. De plus, une opération a débuté le 15 mai pour permettre à environ 5 000 ménages de vendre à bon prix une dizaine de milliers d'animaux affaiblis sur des marchés de bétail communaux, où ils seront abattus. La viande sera distribuée aux communautés, ou séchée et distribuée ultérieurement aux structures sociales locales telles que des cantines scolaires. Dans cette même région du nord du Niger, le CICR a soutenu une campagne de vaccination et de traitement du bétail visant plus d'un million d'animaux.
Dans la région de Tillabéry, notamment dans les communes de la zone frontalière entre le Niger et le Mali, quelque 2,4 millions d'animaux ont été vaccinés et traités contre des maladies épidémiques et des parasites internes et externes, grâce au soutien du CICR.
Au-delà de l'urgence
« Dans les régions de Tillabéry et d'Agadez, les communautés ne demandent qu'à retrouver leur autosuffisance, poursuit M. Amoti. En plus de l'assistance alimentaire souvent vitale, des programmes sur le plus long terme doivent être mis en place et servir de modèles, comme des projets "argent contre travail". »
Ainsi, dans ces deux régions exposées aux aléas du climat, le CICR et la Croix-Rouge nigérienne ont lancé des programmes qui permettent aux communautés de réhabiliter des sols dégradés, d'élaguer des arbres envahissants, de construire des seuils d'épandage (facilitant l'infiltration de l'eau de pluie pour faire pousser de l'herbe) ou d'approfondir des mares naturelles, en recevant en contrepartie de l'argent pour subvenir à leurs besoins. Enfin, dans la région d'Agadez, le CICR étudie actuellement le meilleur moyen d'assurer, à terme, l'accès des populations à du fourrage, même en cas de sécheresse.