| 02 Avril 2023
L’œstrogène  distilbène provoque des cancers et de l’endométriose chez les femmes  enceintes ; l’alimentation et la sédentarité contribuent à l’épidémie  d’obésité ; le tabac est la première cause de cancer du poumon ; les  allergènes et polluants chimiques causent le développement de l’asthme ;  les perturbateurs endocriniens sont responsables d’une baisse de  fertilité et de retards de développement chez les enfants.
 74 % des  décès dans le monde sont causés par des maladies chroniques, considérées  par l’OMS comme une épidémie (maladies cardiovasculaires, cancers,  maladies respiratoires, diabète…). La cause de ces maladies est une  combinaison de multiples facteurs génétiques et non-génétiques auxquels  nous sommes exposés. Alors que les facteurs génétiques sont connus, ce  n’est pas le cas des non-génétiques. Pourtant, une mort sur quatre est  causée par des facteurs environnementaux, et une sur six précisément par  la pollution chimique, selon l’OMS. Dans cet article, Alcimed s’est  intéressé à cette problématique et au concept d’exposome, en  investiguant les promesses et les nouveaux angles d’innovation que cela  ouvre.
 Le  Pr Christopher Paul Wild a introduit le concept d’exposome en 2005  comme « la totalité des expositions auxquelles un individu est soumis de  la conception à la mort. C’est une représentation complexe et dynamique  des expositions à laquelle une personne est sujette tout au long de sa  vie, intégrant l’environnement chimique, microbiologique, physique,  récréatif, médicamenteux, le style de vie, l’alimentation, ainsi que les  infections ». L’exposome est constitué de 3 composantes : Alors  que le génome a été largement étudié durant les dernières décennies,  menant à des connaissances précises des déterminants génétiques de  nombreuses maladies et ouvrant les portes à des nouveaux traitements  comme la thérapie génique,  les politiques publiques intègrent désormais progressivement la notion  d’exposome dans les programmes de recherche et préoccupations de santé  publique. Ces études pourront mener à une meilleure prévention des  maladies chroniques, via une adaptation de la réglementation liée aux  substances chimiques commercialisées et aux restrictions et  recommandations environnementales. La caractérisation des  différents composants de l’exposome, de leur interaction et la mesure de  leur effet sur l’apparition de maladies humaines sont les enjeux  actuels des équipes de recherche travaillant sur ce sujet. Au niveau  européen, l’European Human Exposome Network englobe 9 projets réalisés  dans 24 pays de 2020 à 2025, avec un financement Horizon 2020 dépassant  les 100 millions d’euros. En France, l’Inserm a fondé « France Exposome  », une infrastructure de recherche visant à structurer et dynamiser la  communauté scientifique travaillant sur ce champ. De plus, l’Université  de Montpellier lance cette année, en collaboration avec nombreux  partenaires (dont le CNRS, l’Inserm, le CHU Montpellier et la Région  Occitanie) un appel à projets pour l’établissement d’un institut de  recherche et formation sur l’exposome, nommé ExposUM. Par  ailleurs, les entreprises qui développent des produits et services  d’intelligence environnementale, en combinant mesures environnementales,  objets connectés et modélisation, ont l’ambition de donner à la  population une meilleure connaissance des effets de l’exposome sur la  santé humaine et un meilleur contrôle des expositions. Des  entreprises comme BreezoMeter ou Meersens ont développé des solutions  d’analyse des facteurs environnementaux tels que la qualité de l’air ou  de l’eau, le niveau de pollens, d’ondes, de rayonnements solaires, de  bruit, etc. En somme, sont agrégées des données permettant de mesurer  l’ensemble des expositions environnementales auxquelles les personnes  sont soumises et susceptibles d’avoir des effets sur leur santé. Ces  services sont destinés non seulement aux usagers particuliers, mais  aussi à des entreprises et des organisations publiques dans le cadre de  leur politique RSE ou pour la conception de villes intelligentes.  Certaines entreprises pharmaceutiques s’en servent notamment pour le  suivi des impacts des expositions sur la santé humaine. L’industrie  cosmétique est pionnière dans l’application du concept d’exposome à des  produits et services à destination du grand public. Une peau saine agit  comme une barrière entre le monde extérieur et l’intérieur de notre  corps, c’est la première impactée par l’exposome. Les rayons UV, la  pollution, la qualité de la nutrition et le manque de sommeil  contribuent au vieillissement de la peau. En parallèle, les  changements climatiques, le stress psychologique et les variations  hormonales altèrent la fonction de la barrière cutanée. Des solutions  sont développées à différents niveaux, de l’exposition à la protection : L’objectif  à terme de ces études est de permettre le développement de diagnostics  et traitements personnalisés, de la même façon que l’étude du génome a  donné lieu aux thérapies géniques. D’autres  secteurs, comme la santé, appliquent la notion d’exposome à leurs  recherches et innovations. La prévention de maladies chroniques est au  cœur de ces applications, par le biais notamment des services  d’intelligence environnementale mentionnés précédemment.  Additionnellement, le développement de la médecine de précision afin de  diagnostiquer et traiter des maladies complexes, dont l’origine est liée  à l’exposome, est une grande ambition du secteur. LinusBio a notamment  caractérisé des voies et des mécanismes biologiques impliqués dans  certaines de ces maladies chroniques, comme l’autisme, la schizophrénie  et la maladie de Lou-Gehrig. Ces études ont permis de définir des  biomarqueurs de l’exposome pour ces maladies chroniques. Une avancée  importante a été le développement du premier dispositif de diagnostic de  l’autisme, StrandDxTM-ASD, permettant de détecter des biomarqueurs  moléculaires exposomiques à partir d’un cheveu. L’objectif à terme de  ces études est de permettre le développement de diagnostics et  traitements personnalisés, de la même façon que l’étude du génome a  donné lieu aux thérapies géniques. En savoir plus sur les enjeux liés à la médecine personnalisée > L’étude  de l’exposome représente un nombre infini de variables, comprenant tous  les facteurs environnementaux non-génétiques auxquels chaque individu  est exposé de façon dynamique tout au long de la vie. D’importants défis  doivent donc être surmontés pour atteindre une caractérisation de  l’exposome telle qu’elle existe désormais pour le génome : Nous  savons depuis des années que beaucoup de maladies ne sont pas  héréditaires, mais causées et déclenchées par notre environnement et  toutes les expositions auxquelles nous faisons face. Dans ce contexte,  l’étude de l’exposome permet de définir des biomarqueurs non-génétiques  pour des maladies chroniques et de caractériser des pistes tant pour  leur prévention que pour le développement de nouveaux traitements. Ce  sujet passionne nos équipes chez Alcimed, c’est pourquoi nous aidons  nos clients, qu’ils soient leaders pharmaceutiques ou industriels de la  chimie, à mieux comprendre les enjeux associés !
Qu’est-ce que le concept d’exposome ?
L’exposome : une préoccupation de santé publique et de grandes initiatives publiques de recherche en Europe
Quelles sont les différentes applications de l’exposome ?
Exposome et émergence de l’intelligence environnementale
Le concept d’exposome appliqué à l’industrie cosmétique
L‘exposome au cœur de la prévention et du traitement de maladies chroniques
Les défis à surmonter pour atteindre les grandes promesses attendues