altIl est essentiel de maintenir l’immunité vis-à-vis du poliovirus dans le pays jusqu’à ce que la poliomyélite ait été éradiquée partout dans le monde

ATLANTA / EVANSTON, Illinois / GENÈVE / NEW YORK / SEATTLE ¦ 12 janvier 2012 – La transmission du poliovirus sauvage semble avoir été interrompue en Inde, où aucun cas de poliomyélite n’a été enregistré depuis un an. Le dernier cas, survenu le 13 janvier 2011, concernait une petite fille de 2 ans dans l’État du Bengale-Occidental.

Alors que l’Inde était autrefois considérée comme l’épicentre mondial de la poliomyélite, si tous les examens de laboratoire en cours se révèlent négatifs, on considèrera, dans les semaines à venir, que la transmission du poliovirus sauvage (PVS) autochtone a officiellement été interrompue dans le pays. On atteindra alors un record historique puisqu’il ne restera plus que trois pays d’endémie, c’est-à-dire où la transmission  du PVS autochtone n’a jamais été interrompue : le Pakistan, l’Afghanistan et le Nigéria.

Aucun relâchement n’est toutefois permis. L’Inde doit maintenir une surveillance sensible et un niveau d’immunité élevé chez les enfants afin d’éviter toute importation de poliovirus jusqu’à ce que la poliomyélite ait été éradiquée à l’échelle mondiale. En 2011, on a assisté à augmentation alarmante du nombre de cas au Pakistan et en Afghanistan, et un poliovirus venant du Pakistan a réinfecté la Chine (qui était exempte de poliomyélite depuis 1999). En Afrique, la poliomyélite continue à se transmettre au Nigéria, en République démocratique du Congo et au Tchad, et des flambées ont touché l’Afrique de l’ouest et l’Afrique centrale au cours des 12 derniers mois. Ceci rappelle au monde que tant qu’elle existera quelque part, la poliomyélite restera  une menace partout.

Aujourd’hui, les responsables de la santé dans le monde ont remercié le Gouvernement indien de jouer un rôle de premier plan dans l’effort d’éradication de la poliomyélite, qu’il soutient financièrement, et ont rendu hommage aux millions de vaccinateurs, de mobilisateurs communautaires, de Rotariens, de parents et de soignants qui œuvrent en faveur de l’éradication depuis plus de dix ans. L’effort d’éradication a pris une ampleur qui défie l’imagination : chaque année, plus de 170 millions d’enfants de moins de cinq ans sont vaccinés lors de deux campagnes nationales, les 70 millions d’entre eux qui habitent dans les zones à plus haut risque étant vaccinés plusieurs fois à l’occasion de campagnes spéciales supplémentaires ; l’ensemble exige près d’un milliard de doses de vaccin antipoliomyélitique oral par an.

Les progrès accomplis par l’Inde éviteront le décès ou la paralysie définitive de centaines de milliers d’enfants. Le poliovirus se déplace facilement et peut donc toucher des zones exemptes de poliomyélite. L’interruption de la transmission de la poliomyélite en Inde évitera que ne se reproduisent les flambées – dues à un virus d’origine indienne – constatées ces dernières années dans des pays aussi divers que l’Angola, le Bangladesh, le Népal, le Tadjikistan et la Fédération de Russie.

« On peut affirmer que ce succès est la plus grande réalisation de l’Inde sur le plan de la santé publique et invite le monde entier à aller encore plus loin vers l’éradication de la poliomyélite » a dit le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé, le Dr Margaret Chan. « L’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite déploie tous ses moyens d’urgence et s’attache à exploiter cet élan pour faire disparaître cette maladie invalidante. Pour interrompre la transmission de la poliomyélite en Inde, il a fallu faire preuve de créativité, de persévérance et de professionnalisme – beaucoup d’innovations en matière d’éradication de la poliomyélite sont le fruit des difficultés rencontrées en Inde. Les enseignements tirés doivent maintenant être adaptés et appliqués d’urgence pour faire disparaître la poliomyélite partout », a-t-elle ajouté.

Selon le Directeur général de l’UNICEF, M. Anthony Lake, l’élément clé des progrès remarquables accomplis par l’Inde dans la lutte contre la poliomyélite est le rôle moteur joué par le Gouvernement fédéral et les gouvernements des États, qui ont lancé un programme global d’éradication qui a permis de maintenir un haut niveau de couverture vaccinale dans des États comme l’Uttar Pradesh et le Bihar, où les conditions sont propices au développement de la poliomyélite car ils sont très pauvres et densément peuplés et les moyens d’assainissement et l’infrastructure y sont médiocres.

« Les progrès accomplis par l’Inde montrent qu’il est possible d’éradiquer la poliomyélite même dans les environnements les plus difficiles. En réalité, ce n’est qu’en ciblant ces zones que nous pouvons venir à bout ce cette maladie diabolique », a dit M. Lake. « Nous avons les moyens de protéger chaque personne, en particulier les enfants, contre cette maladie qu’il est tout à fait possible de prévenir. Et parce que nous le pouvons, nous devons éradiquer définitivement la poliomyélite à l’échelle mondiale », a-t-il ajouté.

C’est en 1985 que le Rotary International a lancé l’effort mondial d’éradication de la poliomyélite, et le Président Kalyan Banerjee a dit que, compte tenu de l’intensité de la transmission, de nombreux experts avaient prédit que l’Inde serait le dernier pays à parvenir à l’éradication. « Avec les progrès accomplis en Inde, c’est sans aucun doute le plus grand pas qui a été franchi dans l’éradication de la poliomyélite », a dit M. Banerjee. « Ce succès a été possible en grande partie grâce au Gouvernement indien et aux membres du Rotary, mais aussi grâce à toutes les personnes dans le monde, qui ont collaboré avec des responsables locaux pour vacciner chaque enfant contre la poliomyélite », a-t-il ajouté.

Selon le Directeur des Centers for Disease Control and Prevention des États‑Unis d’Amérique, le Dr Thomas Frieden, comme tous les pays où la transmission du poliovirus sauvage autochtone a cessé, l’Inde doit continuer à protéger les enfants par le biais d’activités de vaccination supplémentaires et en améliorant la couverture par la vaccination systématique afin d’éviter une réimportation du virus, dont les conséquences seraient tragiques. Le Dr Frieden a ensuite déclaré : « L’histoire de la poliomyélite nous a appris qu’il fallait être prudent. La présence de la poliomyélite où que ce soit représente un risque partout dans le monde et, pour éviter toute déconvenue, l’Inde prévoit à juste titre de continuer à assurer un suivi méticuleux et la vaccination intensive des enfants contre la poliomyélite ».

« Un pays peut interrompre la transmission de la poliomyélite lorsque plusieurs conditions sont réunies – volonté politique, campagnes de vaccination de qualité et détermination au niveau national », a dit M. Bill Gates, coprésident de la Fondation Bill et Melinda Gates. « Les dirigeants mondiaux doivent continuer à lever les fonds nécessaires au déroulement de la campagne mondiale et faire en sorte qu’aucun enfant ne soit plus jamais atteint de cette maladie invalidante », a-t-il ajouté.

Après les progrès accomplis par l’Inde, l’effort mondial d’éradication de la poliomyélite consiste maintenant à améliorer la mise en œuvre des plans opérationnels d’urgence au Pakistan, au Nigéria et au Tchad. Pour que cela réussisse, les opérations doivent être prises en main au niveau local et les pouvoirs publics et les partenaires internationaux à tous les niveaux doivent rendre compte de leur action.


L’Inde est l’un des principaux donateurs en faveur de l’éradication de la poliomyélite, qui est largement autofinancée. D’ici 2013, le pays y aura consacré US $2 milliards.

Lorsque tous les échantillons (selles d’enfants atteints de paralysie flasque aiguë et échantillons d’eaux usées) auront été analysés, si aucun poliovirus sauvage n’est détecté, l’Inde ne sera plus considérée comme un pays d’endémie. Les laboratoires valident habituellement tous les échantillons dans un délai de 4 à 6 semaines suivant leur prélèvement.

Les principaux partenaires de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite (IMEP) sont des gouvernements nationaux, l’OMS, le Rotary International, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États‑Unis d’Amérique et l’UNICEF.