10 Mai 2016
| Dans l’ensemble, les pays les plus riches accusent un retard par rapport aux plus pauvres. La part de pays disposant d’une législation complète en accord avec le Code est plus élevée dans la Région de l’Asie du Sud-Est de l’OMS (36 % - 4 pays sur 11), suivie de la Région africaine de l’OMS (30 % - 14 pays sur 47) et de la Région de la Méditerranée orientale (29 % - 6 pays sur 21). La Région des Amériques de l’OMS (23 % - 8 pays sur 35) ; la Région du Pacifique occidental (15 % - 4 pays sur 27) ; et la Région européenne (6 % – 3 pays sur 53) représentent la part la plus faible des pays disposant d’une législation complète.
Dans l’ensemble, parmi les pays où n’existe aucune loi sur les pratiques commerciales concernant les substituts de lait maternel :
· Un peu plus de la moitié interdit la publicité et la promotion de façon satisfaisante.
· Moins de la moitié interdit l’approvisionnement des établissements de santé en substituts de lait maternel gratuit ou à prix réduit.
· Un peu plus de la moitié interdit les cadeaux au personnel de santé ou aux membres de leurs familles.
· La gamme de produits auxquels s’applique la législation reste limitée. Les lois de nombreux pays couvrent le lait maternisé et les «préparations de suite», mais seulement un tiers couvre explicitement les produits destinés aux enfants âgés d’un an et plus.
· Moins de la moitié des pays interdisent les allégations en matière de nutrition et de santé sur les produits considérés.
L’IBFAN, avec son Centre de documentation sur le Code international (ICDC) prenant l’initiative, a travaillé en étroite collaboration avec l’OMS et l’UNICEF pour préparer ce rapport. Les résultats sont en accord avec les conclusions rapportées dans le State of the Code 2016, publié par l’ICDC lui-même.
«L’IBFAN espère que ce rapport conduira davantage de pays à améliorer et à appliquer la législation existante afin que l’allaitement au sein dispose de meilleures chances et puisse sauver plus de vies», a déclaré Annelies Allain, Directrice de l’ICDC de l’IBFAN. «La législation doit s’adapter au rythme des nouvelles stratégies commerciales et ce rapport aidera les décideurs à le faire.»
Le rapport, intitulé «Commercialisation des substituts du lait maternel: mise en œuvre du code international à l'échelle nationale – Rapport de situation 2016)», comprend des tableaux montrant, pays par pays, quelles mesures du Code ont ou n’ont pas été inscrites dans la loi. Il comprend également des études de cas sur les pays qui ont renforcé leurs lois et leurs dispositifs de surveillance en faveur du Code au cours des années précédentes. Parmi ceux-ci figurent l’Arménie, le Botswana, l’Inde et le Viet Nam.
La surveillance est indispensable à l’application de la législation
La surveillance est indispensable pour détecter les violations et les rapporter auprès des autorités compétentes afin qu’elles puissent intervenir et mettre fin à ces activités. Pourtant, seulement 32 pays affirment disposer d’un dispositif de surveillance et, parmi ceux-ci, peu sont intégralement fonctionnels. Parmi les pays disposant d’un dispositif officiel de surveillance, moins de la moitié en ont publié les résultats et six pays seulement ont des budgets ou des financements spécifiques pour la surveillance et l’application de la législation.
L’OMS et l’UNICEF ont récemment mis en place un Réseau de surveillance et d’appui à l’échelle mondiale pour l’application du Code (NetCode) pour aider à renforcer les capacités des pays et de la société civile à surveiller et appliquer de façon efficace les lois inspirées du Code. Les principales ONG, dont l’IBFAN, Helen Keller International et Save the Children, des centres universitaires et des pays sélectionnés se sont joints à ce réseau.
Pourquoi allaiter au sein ?
Dans le monde, près de deux nourrissons sur trois ne sont pas allaités exclusivement au sein pendant les six mois recommandés, un taux qui ne s’est pas amélioré depuis deux décennies. Le lait maternel est l’aliment idéal pour les enfants. Il est sûr, pur et contient les anticorps qui les aident à se protéger contre les nombreuses maladies qui sont fréquentes chez les enfants. Les enfants allaités au sein obtiennent de meilleurs résultats lors des tests d’intelligence et ont un risque moindre de devenir obèse et sujets au diabète dans leur vie ultérieure. Les femmes qui pratiquent l’allaitement au sein ont également un risque réduit de cancer du sein et de l’ovaire. Les pratiques commerciales irrégulières concernant les substituts de lait maternel continuent de mettre en péril les efforts menés pour améliorer les taux et la durée d’allaitement au sein dans le monde entier.
De nouvelles analyses ont montré que l’extension de l’allaitement au sein à des niveaux quasi-universels pourrait sauver chaque année les vies de plus de 820 000 enfants âgés de moins de cinq ans et de 20 000 femmes. Il pourrait aussi rapporter chaque année à l’économie mondiale environ 300 milliards de dollars des États-Unis, cela en se basant sur les améliorations des capacités cognitives si chaque nourrisson est allaité au sein jusqu’à au moins six mois et sur les revenus plus importants qui en découleront plus tard dans leur vie. Stimuler les taux d’allaitement au sein réduirait de façon importante pour les familles et les gouvernements les dépenses entraînées par le traitement des maladies infantiles comme la pneumonie, la diarrhée et l’asthme.