Mercredi 19 octobre 2011

Madame la Présidente de l’INCA, Chère Professeur Agnès Buzyn, Monsieur le Président de la ligue nationale contre le cancer, Cher Professeur Gilles Lenoir, Monsieur le Directeur Général de la Santé, Cher Jean-Yves Grall, Madame la Directrice Générale de l’Offre de soins, Chère Annie Podeur, Madame la Directrice Générale de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé, Chère Thanh Le Luong, Mesdames et Messieurs les directeurs généraux des ARS, Monsieur le Président d’Honneur de Aides, et Président du Collectif inter associatif sur la santé, Mesdames et Messieurs les Professeurs et docteurs, Mesdames et Messieurs les Présidents d’associations de lutte contre le cancer, et d’associations et organismes représentant les patients, Mesdames et Messieurs,

Je suis heureuse d’être à vos côtés aujourd’hui, pour clore cette 3ème édition des Rencontres annuelles de l’INCA qui représente un moment fort de mobilisation, un moment de partage des savoirs, partage de témoignages et partage d’expériences pour mieux lutter contre le cancer.

C’est aussi un message de courage et d’espérance que vous adressez à l’ensemble de nos concitoyens, et je vous en remercie. Le cancer est en effet la maladie que redoutent le plus les Français. Rares sont ceux qui ne sont pas touchés, directement, ou par un proche malade, parent, ami ou collègue.

C’est la raison pour laquelle la lutte contre le cancer est une priorité nationale. Le plan Cancer 2009-2013 voulu par le président de la République est aujourd’hui en marche.
Je suis d’autant plus heureuse de clôturer cette 3ème édition de vos Rencontres annuelles qu’elles se tiennent au moment du bilan de mi-parcours du plan.

Que dit ce bilan ? Il dit que le plan est en marche :
· sur les 118 actions du Plan cancer, 108 actions progressent comme prévu dans le calendrier, · 6 présentent un retard conjoncturel et 4 seulement rencontrent des difficultés de mise en oeuvre.
· 531 millions d'euros sont consommés pour 2009-2010, ce qui représente 27,3% sur 1,9 milliards d'euros prévus au total pour la durée du plan. Pour 2011, environ 400 M€ sont engagés.

Au-delà des réalisations acquises à mi-parcours, je veux souligner l’ambition du plan parce qu’il vise à mettre en oeuvre une stratégie d’action globale et durable, en intervenant sur tous les volets : recherche et essais cliniques, formation et organisation des soins, prévention et dépistage, prise en charge et accompagnement des patients et de leur entourage.

Enfin, le plan se décline au plus près des malades grâce à votre mobilisation, vous acteurs publics, privés et associatifs.

Alors, tous ensemble, nous pouvons nous féliciter de la dynamique engagée et des réalisations d’ores et déjà acquises.
Madame la présidente, chère Agnès, je salue tout particulièrement le travail accompli par l’Institut national du cancer, pour son engagement fort dans la conduite du plan.
Votre institut est non seulement reconnu mais encore, il est très apprécié par tous vos partenaires et les acteurs impliqués dans la mise en oeuvre du plan.

A cet égard, je voudrais souligner la qualité du partenariat entre mon ministère et l’Institut national du cancer, qui représente à mes yeux un modèle de coopération.

Vous avez choisi de centrer vos 3èmes rencontres nationales sur le développement d’approches individualisées dans la lutte contre le cancer. En effet, il s’agit là d’un souhait massif et légitime des patients et de
leurs proches. Je peux vous dire que c’est l’ambition même du plan cancer que de mettre le patient au coeur du dispositif de prévention, de soin et d’accompagnement.

En développant une démarche globale et transversale, le plan vise à créer un « éco-système sanitaire » performant, allant de la prévention des risques jusqu’à l’accompagnement des patients après le cancer. Mais, tous les axes et toutes les mesures du plan concourent à un seul but, prévenir, soigner et accompagner le patient dans son parcours individuel de soins et d’inclusion sociale.

Permettez-moi tout d’abord, d’aborder la question de la prévention et du dépistage :

Les résultats de l’enquête présentée il y a quelques jours, par la ligue de lutte contre le cancer montrent que 9 personnes interrogées sur 10 déclarent se sentir personnellement concernées par le dépistage des cancers.

C’est là l’impact positif, notamment des campagnes nationales de dépistage (« mars bleu » pour le cancer colorectal, « octobre rose » pour le cancer du sein »).
Mais, en même temps, nombreux sont nos concitoyens qui restent encore rétifs au dépistage. Or, le dépistage permet de rester vigilant, et, en cas de symptômes avérés, de les traiter avant qu’ils ne s’aggravent. Une prise en charge précoce, cela veut dire des traitements moins lourds et moins coûteux, et surtout un gain de chances pour le patient.

Dès lors, le dépistage reste un axe majeur de la politique de prévention. Cette démarche doit être menée au plus près du terrain, afin de mieux toucher les populations à risque, notamment les plus vulnérables et éloignées des dispositifs publics de prévention santé. C’est là le rôle des agences régionales de santé, des collectivités locales, et des associations.

Enfin, au plus près des patients, il y a le médecin traitant. Parce qu’il joue un rôle important en matière d’information, d’éducation et de conseil des patients. Ce rôle est important dans la prévention et le dépistage du cancer. Car plus le médecin est convaincu, et plus il peut, en effet, convaincre. Ce rôle du médecin est tout aussi important pendant et après le cancer.

Cette individualisation de la prise en charge des patients atteints de cancer, en particulier à certains moments clés de leurs parcours de soins et d’accompagnement, exige une plus grande coordination entre les professionnels de santé hospitaliers et libéraux ainsi que les services sociaux.

Il s’agit là d’un impératif si l’on veut aider le patient et ses proches à faire face à la maladie et à ses conséquences dans leur vie quotidienne.

Deux mesures phares du plan vont dans cette direction : le parcours personnalisé de soins (PPS), et le programme personnalisé de l’après cancer (PPAC). Dans ce cadre, une expérimentation est en cours dans 35 sites
sélectionnés, suite à l’appel à projet lancé en avril 2010 par l’INCa et la Direction générale de l’offre de soins (DGOS).

Je me félicite tout particulièrement que ces projets impliquent le médecin traitant, en tant que référent médical de proximité et incluent la dimension sociale des patients.

Ces projets s’appuient sur des infirmiers coordinateurs dont la mission est d’accompagner les patients, ainsi que leurs proches. Ils leur assurent information, conseils, suivi, interface avec les professionnels hospitaliers, la médecine de ville, les services d’action sociale, de l’emploi, de la formation… etc.

L’objectif de cette expérimentation est de favoriser des innovations en matière d’accompagnement des patients, afin de rompre avec le sentiment de fatalité trop longtemps lié au cancer. En effet, le message fort c’est : il y a une vie pendant et après la maladie. Oui, les chances de survie après le cancer s’améliorent de plus en plus.

On ne doit pas oublier que les patients sont aussi des consommateurs. Ils doivent donc pouvoir accéder pleinement à l’ensemble des biens et des services nécessaires à leur projet de vie. C’est dans ce sens là qu’une nouvelle convention AERAS (« s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé ») a été signée avec les fédérations du secteur de la banque et des assurances. Des engagements ont été pris pour mieux prendre en compte les situations individuelles consolidées ou stabilisées, et améliorer l’accès des patients à l'assurance, et à l'emprunt.
Enfin, si le patient est au coeur du plan cancer, ce n’est pas seulement en tant que bénéficiaire de soins et d’accompagnements ; il l’est aussi en tant qu’acteur à part entière.

Je prendrai deux exemples pour illustrer mon propos.

En premier lieu, le patient est au coeur du développement de la recherche clinique. Les mesures de soutien à la recherche ont permis d'augmenter d’environ 57% le nombre de patients participant aux essais cliniques
en cancérologie. 16 centres d'essais cliniques de phase précoce ont été labellisés afin d’accélérer l'accès aux molécules innovantes. Les 2 premiers sites de recherche intégrée sur le cancer (SIRIC) en France viennent d’être créés et ont vocation à devenir des pôles d'excellence. Ainsi, des progrès significatifs sont et seront réalisés dans la connaissance des caractéristiques des tumeurs. Un traitement personnalisé par des thérapies "ciblées" est et sera rendu possible, pour un nombre de plus en plus important de patients, grâce aux tests de génétique moléculaires.

Alors oui, des patients, de plus en plus nombreux, participent activement aux essais cliniques et font progresser la recherche et les traitements. D’autres patients en bénéficieront qui à leur tour feront de même, comme autant de maillons dans une grande chaîne de solidarité. Les patients sont des citoyens comme les autres. En outre, grâce à leur initiative et à leur participation active et parfois militante, la cause des malades est mieux reconnue, l’élan de solidarité avec eux plus affirmé. Ils font ainsi vivre la démocratie sanitaire, la vie associative et la citoyenneté !

Mesdames, Messieurs, Permettez-moi en concluant ce propos, d’évoquer la question du regard encore trop souvent porté sur les personnes atteintes du cancer, parce que le cancer est une maladie qui fait peur, et qui est encore fortement associée à la fatalité d’une mort proche. Nous devons lutter ensemble, pour changer et faire changer ce regard de peur et d’exclusion !

« Je suis une personne pas un cancer », c’était il y a quelques moins le message de la campagne d’information et de sensibilisation des Français. Je me félicite que l’Institut national du cancer et mon Ministère en aient pris conjointement cette initiative inclusive et citoyenne.
Ce message doit être présent à jamais dans nos esprits à nous toutes et tous, partout où nous vivons, au sein de nos familles, dans nos liens d’amitié, sur nos lieux de travail, dans nos engagements associatifs et citoyens…

Je vous remercie.