altSelon un nouveau rapport de l’OMS, les écarts peuvent être réduits au cours d’un seul mandat gouvernemental


Le tout premier Rapport de situation sur l’équité en santé de l’OMS révèle que, dans bon nombre des 53 États membres de la Région européenne de l’OMS, les inégalités de santé restent les mêmes, ou se sont aggravées malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics pour y remédier. Le rapport recense cinq principaux facteurs de risque empêchant de nombreux enfants, adolescents, femmes et hommes d’être en bonne santé et de mener une vie sûre dans des conditions décentes.

«Pour la première fois, le Rapport de situation sur l’équité en santé fournit aux gouvernements les données et les outils dont ils ont besoin pour s’attaquer aux inégalités de santé et produire des résultats visibles dans un laps de temps relativement court, même pendant les quatre années de mandat d’un gouvernement national», explique le docteur Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l’OMS pour l’Europe.

L’éventail de politiques décrites dans le rapport stimule à la fois le développement durable et la croissance économique. Selon le rapport, les avantages financiers engrangés par les pays à la suite d’une réduction de 50 % des inégalités représenteraient 0,3 à 4,3 % du produit intérieur brut (PIB).

Quelle est l’ampleur de la fracture sanitaire dans la Région européenne ?
Les principales conclusions sur la situation et les tendances actuelles en matière de santé en Europe mettent en évidence une importante fracture sanitaire.


Le Rapport de situation sur l’équité en santé met également en avant les groupes nouveaux et émergents susceptibles de sombrer dans les inégalités de santé. Il s’agit, par exemple, des jeunes qui quittent prématurément l’école, et sont dès lors plus vulnérables aux problèmes de santé mentale et à la pauvreté en raison de l’insécurité du marché du travail et de l’exposition accrue à de fréquentes périodes de chômage.

Les personnes atteintes d’affections limitant leurs activités quotidiennes sont représentées de façon disproportionnée dans les 20 % de la population les moins nantis. Les affections limitant la vie diminuent la capacité des personnes à rester sur le marché du travail, et augmentent leur risque de pauvreté et d’exclusion sociale. Ce déficit massif de potentiel humain a un impact sur la viabilité budgétaire des pays en raison de la baisse des rentrées fiscales, du coût des pensions ainsi que de l’augmentation des dépenses de la sécurité sociale.

Nouvelles données probantes sur les causes de cette fracture sanitaire
Les chercheurs ont ventilé les données afin d’étudier les causes des inégalités de santé dans la Région européenne. Ils ont recensé cinq facteurs essentiels et attribué à chacun d’eux un pourcentage reflétant leur contribution au fardeau global des inégalités.

Environ 35 % des inégalités de santé résultent du fait «de ne pas pouvoir joindre les deux bouts». Il s’agit notamment de personnes employées à temps plein qui ont régulièrement du mal à se procurer les biens et services de base nécessaires pour mener une vie décente et indépendante en toute dignité – les «travailleurs pauvres».

Ce facteur porte sur des problèmes tels que l’inaccessibilité financière ou l’indisponibilité des logements décents, le manque de nourriture ainsi que le manque de combustible pour chauffer les habitations ou faire la cuisine. À ces problèmes s’ajoutent également ceux des quartiers peu sécuritaires et de la violence domestique, des logements surpeuplés, humides et insalubres, et des quartiers pollués. Ce facteur représente 29 % des inégalités de santé.

Ces facteurs, qui concourent à 19 % des inégalités de santé, font référence au sentiment d’isolement, au faible niveau de confiance en autrui et à l’impression de n’avoir personne à qui demander de l’aide, ainsi qu’au sentiment d’être moins capable d’influencer la politique et de changer les choses pour le mieux. On mentionnera également la violence à l’égard des femmes, le manque de participation à l’éducation et l’absence d’apprentissage permanent.

L’incapacité des systèmes de santé à assurer l’accès universel à des services de qualité ainsi que le niveau élevé des paiements directs à la charge des patients sont responsables de 10 % des inégalités de santé. Les paiements directs pour les soins de santé peuvent contraindre les patients à choisir entre le recours aux services de santé essentiels et la satisfaction d’autres besoins fondamentaux.

L’incapacité de participer pleinement au marché du travail porte atteinte à la qualité de la vie quotidienne et aux chances de réussite à plus long terme, et représente 7 % des inégalités de santé. La qualité de l’emploi est tout aussi importante, car les emplois précaires ou temporaires et les mauvaises conditions de travail ont un effet tout aussi négatif sur la santé.

Pour la première fois, le Rapport de situation sur l’équité en santé rend compte de l’impact des politiques adoptées au cours de ces 10 à 15 dernières années en vue de contrer ces risques. Il permet de constater que les pays de la Région européenne n’agissent pas assez sur de nombreux facteurs critiques à l’origine des inégalités de santé. Par exemple, alors que 29 % des inégalités de santé sont le résultat de conditions de vie précaires, 53 % des pays de la Région ont désinvesti dans le logement et les services communautaires au cours de ces 15 dernières années.

«Ce rapport explique comment nous pouvons réaliser l’équité en santé et apporter des changements positifs dans la vie de tous les habitants de notre Région. Grâce à cet effort, nous pouvons atteindre les objectifs de développement durable, en particulier l’objectif n° 10 sur la réduction des inégalités – le seul objectif pour lequel aucune amélioration n’est observée dans notre Région», déclare le docteur Jakab.

Le rapport complet et son résumé sont disponibles en ligne à l’adresse suivante :
http://www.euro.who.int/en/HealthEquityStatusReport2019