altIl y a un siècle, une pandémie de grippe a infecté le tiers de la population mondiale et tué 50 millions de personnes.

Aujourd’hui, par le biais de la Global Initiative on Sharing Avian Influenza Data* (GISAID), 8 000 scientifiques suivent l’émergence et le déplacement des virus de la grippe dans le monde entier. Les gouvernements, les fabricants de médicaments et les professionnels de la santé se servent de ce système de surveillance en temps réel pour coordonner leurs réponses en cas d’épidémie.

En 2005, dans le cadre de l’offensive que des chercheurs américains mènent depuis un siècle pour prévenir une autre épidémie de ce type, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies ont demandé à Terrence Tumpey, microbiologiste, de reconstituer le virus de la grippe de 1918, mieux connue sous le nom de grippe espagnole.

Aucune culture complète n’avait survécu à la pandémie. La souche reconstituée par ce spécialiste permet aux scientifiques de voir les marqueurs génétiques qui ont rendu le virus «si meurtrier», comme le qualifie le microbiologiste.

En utilisant le virus reconstitué, les chercheurs ont découvert que le H1N1 de 2009, la souche qui a déclenché l’épidémie de la grippe porcine il y a environ dix ans, est un descendant du virus H1N1 de 1918. Aujourd’hui, les scientifiques peuvent suivre l’émergence de souches portant des marqueurs génétiques similaires pour détecter d’éventuelles pandémies avant qu’elles ne se produisent.

Le partage de données par l’intermédiaire de la GISAID permet également aux scientifiques de mettre au point de meilleurs vaccins. Par exemple, l’hémisphère Nord surveille de près la saison de la grippe dans l’hémisphère Sud, qui s’étend de mai à août, pour anticiper quelles souches ont le plus de chance d’apparaître dans l’hémisphère Nord en octobre. Les fabricants de vaccins apportent alors des modifications au vaccin de la saison pour le rendre efficace contre les souches qui circulent au sud de l’équateur.

En février 2018, le National Institute of Allergy and Infectious Diseases a dévoilé son plan stratégique d’un vaccin universel contre la grippe*, contenant les priorités de recherches et les exigences pour la mise au point d’un tel vaccin.

Un vaccin universel prendrait la forme d’une injection unique qui aurait le potentiel de protéger les patients toute leur vie contre les souches multiples du virus de la grippe qui existent déjà ou qui pourraient exister à l’avenir. Il permettrait d’éliminer le besoin de se faire vacciner tous les ans et affaiblirait le risque existentiel d’une autre épidémie comme celle de 1918.

«Aucun autre pays n’a une expertise scientifique ou technique aussi étendue que la nôtre», a déclaré Bill Gates, en 2018, en faisant l’annonce d’une subvention de 12 millions de dollars pour financer la recherche d’un vaccin universel. Le fondateur de Microsoft a souligné le rôle de premier plan des États-Unis «dans la création d’un système de préparation et de réponse en cas d’épidémie dont le monde a besoin».