Malentendant7,6 millions de Français adultes déclarent souffrir de déficience auditive, soit 12,7 % de la population, ce qui en fait un des handicaps les plus répandus en France. A partir de 74 ans, la proportion est de 31% : c’est la presbyacousie, perte d’audition naturelle due à l’âge, dont la gêne induite n’est pas une fatalité si l’on a recours aux aides auditives.

Cependant, au prix d’une répercussion importante sur leur vie quotidienne – difficultés professionnelles, perte de joie de vivre, troubles de l’humeur, insécurité, isolement ,voire exclusion, comme le montrent des études antérieures – 5 millions de personnes ne sont pas appareillées, même pour plus d’un million d’entre eux qui affirment avoir une perte sévère ou profonde de l’audition.

Pour la première fois, une étude européenne à grande échelle

Sur le modèle de l’étude longitudinale américaine MarkeTrak menée depuis vingt ans, l’étude européenne EuroTrak a interrogé la population de trois pays européens -Allemagne, Grande-Bretagne et France- sur de larges échantillons, 15.545 personnes en France. Parmi elles, 1.304 Français se considèrent comme déficients de l'ouïe ; 501 personnes ont déclaré porter des appareils auditifs et 803 personnes n’en portaient pas.

L’appareillage : satisfaction à la clé

L’enquête montre que 86 % des utilisateurs sont satisfaits de leurs appareils auditifs et que les appareils améliorent la majorité des aspects de leur vie sociale. Porter une aide auditive a une influence positive sur la capacité de communiquer en famille, sur la vie sociale, sur la participation aux activités de groupe. Il y a un bénéfice des aides auditives non seulement pour la personne – réécouter de la musique, regarder de la musique en famille ou avec des amis … - mais aussi pour l’entourage et la collectivité constatant une meilleure participation de la personne à la vie en société, et une préservation de son autonomie.

La satisfaction est la plus grande (plus de 90 %) chez les utilisateurs d’appareils de moins de quatre ans, mais malheureusement, 68% des aides auditives actuellement en service ont été acquises par leurs utilisateurs en 2007 au plus tard. Les nouvelles aides auditives, améliorées et innovantes répondent en effet à la demande des utilisateurs : miniaturisation et modèles intra-auriculaires pour plus de discrétion ; appareils rechargeables qui suppriment le problème des piles, numériques qui neutralisent les bruits parasites.

Autre enseignement encourageant : plus on porte ses appareils, plus on en est satisfait, et les Français utilisateurs sont les champions d’Europe avec plus de huit heures d’utilisation en moyenne contre 7.7 heures en Allemagne et 7.5 heures au Royaume Uni. L’enquête EuroTrak 2009 montre également que la satisfaction passe aussi par le port d’un appareil datant de moins de deux ans.

Le manque de prise en charge, obstacle à l’appareillage auditif

Pourquoi les Français ne s’appareillent-ils pas ? Ils craignent de porter des aides auditives inefficaces, et surtout inesthétiques qui les stigmatiseraient comme personnes âgées – car s’il est naturel de porter des lunettes, l’appareillage auditif est moins bien accepté socialement. C’est pourquoi 41% des interrogés opteraient pour un appareil intra-auriculaire pour son invisibilité s’ils s’équipaient. Mais – la différence d’équipement entre catégories socio-professionnelles le prouve – c’est le coût d’équipement, la prise en charge par la collectivité (de 130 euros environ par l’Assurance Maladie), ou les mutuelles (de 300 à 400 euros par appareil) couvrant très partiellement un budget de 1 400 à 4 400 euros en appareillage binaural. Il y a, de plus, une carence d’information : sur 100 personnes non appareillées, 31 pensent qu’il n’y a pas de telle prise en charge, et 26 en ignorent les modalités.

L’étude constate en conséquence une forte déperdition des patients entre la consultation chez le médecin et la visite chez l’audioprothésiste : même conseillées, les personnes malentendantes ne prennent pas la décision de s’appareiller. Sur 100 personnes atteintes de déficit auditif, 72 consultent leur généraliste ou un oto-rhino-laryngologiste, 40 reçoivent le conseil de se faire appareiller, et seulement 30 exécuteront l’ordonnance et posséderont une aide auditive. C’est ainsi que 70 personnes malentendantes sur 100 en France, restent pénalisées par la presbyacousie.