Une enquête publiée aujourd'hui par Le Parisien-Aujourd'hui en France révèle que les particules fines seraient à l'origine de 42 000 décès par an dans l'hexagone. Pour l'Association Santé Environnement France, qui réunit environ 2 500 médecins, rien de nouveau sous le soleil.

Les particules : une exception française ? Les microparticules - aussi appelées PM10 et PM2,5 - présentes naturellement dans l'environnement sont surtout produites par les activités humaines. Principaux secteurs mis en cause : la combustion de bois pour chauffer les habitations (30 %), la transformation d'énergie par l'industrie (30 %), l'agriculture avec l'utilisation d'engrais (20 %) et les transports du fait notamment de la combustion de diesel (15 %). Et c'est surtout ce dernier point qui nous intéresse. Le diesel a un pouvoir énergétique supérieur à celui de l'essence. C'est pour cela qu'il permet de consommer moins. Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou encore en Suisse, il est donc logiquement vendu plus cher que l'essence. Mais en France, non.. Le diesel est vendu moins cher! Pourquoi ? Une volonté politique forte à laquelle veille les lobbies pétroliers et automobiles.. Impossible de critiquer le diesel sans se faire traiter d'inconscient destructeur d'emplois.

Petites, mais costauds! Le problème, c'est que ces particules fines que nous respirons au quotidien sont nocives pour l'organisme. Elles progressent jusqu'au bout des voies respiratoires, atteignent les alvéoles et entraînent des maladies pulmonaires. Elles pénètrent ensuite dans la circulation sanguine et provoquent aussi des problèmes cardiovasculaires en bouchant les petits vaisseaux. Au cours de leur voyage au centre de nos corps, elles peuvent déclencher: bronchites chroniques, asthme, cancers du poumon, accidents vasculaires cérébraux (AVC) ou encore infarctus du myocarde. "En moyenne sur une année, on observe que les jours où les concentrations de particules fines sont élevées, les hospitalisations augmentent, de même que les taux d'infarctus ou d'AVC. Ainsi, une hausse de 10 microgrammes par m3 de la dose journalière entraîne en moyenne deux fois plus d'hospitalisations d'enfants et de personnes âgées " explique le Dr Patrice Halimi, Secrétaire Général de l'ASEF. L'an dernier, une étude* menée dans 12 pays européens a démontré que la diminution des particules fines dans l'air de nos villes permettrait d'augmenter notre espérance de vie. A Marseille, si on respectait l'objectif de qualité de l'OMS (10 microgrammes/m3), l'espérance de vie pourrait augmenter de 8 mois. Pour préserver les emplois de la filière automobile et pétrolière, il faut donc sacrifier la santé d'une partie de la population.

La vie n'a pas de prix. Si, sous la contrainte juridique, le nombre de particules fines émises a légèrement baissé, chaque année la France dépasse les normes européennes de concentration maximum. Elle a été rappelée à l'ordre à plusieurs reprises par la Commission, qui la menace de payer des sanctions. En plus du coût humain, du coût pour l'assurance maladie (allergies, asthmes, accidents-cardiovasculaires, etc.), nous payerions une fois encore en versant des pénalités à l'Union Européenne !!! Oui, mais il faut sauvegarder à tout prix les emplois de la filière automobile et pétrolière.. C'est sûrement une question de survie.

Pour en savoir plus sur la pollution de l'air, nous vous conseillons de parcourir notre synthèse complète sur le sujet en cliquant ici.

*APHEKOM (Improving Knowledge and Communication on Air Pollution and Health in Europe), coordonnée par Institut de veille sanitaire, 2 mars 2011