| 10 Octobre 2011
Génériques d'antibiotiques injectables - Point d'information
En juin 2011, l’Afssaps a publié un rapport portant sur l’évolution de la consommation d’antibiotiques en France depuis 10 ans. Ce rapport faisait émerger deux préoccupations :
A l’hôpital, 39% des antibiotiques utilisés sont des médicaments  injectables, parmi lesquels 77% sont des génériques. Environ 230  présentations d’antibiotiques injectables étaient commercialisées en  France en 2010, correspondant à 50 substances actives différentes. Les  antibiotiques injectables les plus consommés à l’hôpital sont les  médicaments à base d’amoxicilline seule (15%), d’amoxicilline et acide  clavulanique (15%), de ceftriaxone (14,0%), de céfazoline (7%) et de  ciprofloxacine (6%). La vancomycine représente 4% des consommations  hospitalières d’antibiotiques injectables. Il existe des génériques de  ces substances commercialisés en France.
 En ville, l’utilisation des formes injectables est faible, ne  représentant que 6,5% des antibiotiques consommés. Les antibiotiques  injectables les plus consommés en ville sont les médicaments à base de  ceftriaxone (53%), d’amoxicilline et acide clavulanique (12%), de  gentamicine (8%), d’oxacilline (7%) et de nétilmicine (7%). Parmi ces  substances, seule la nétilmicine ne dispose pas de génériques en France.
Une étude, publiée en août 2010 par une équipe de chercheurs colombiens  (Vesga O et al, AAC 2010), a été récemment relayée par les média  français. Celle-ci visait à comparer, sur modèle animal d’infection  expérimentale, l’efficacité de plusieurs génériques de vancomycine à  celle du médicament de référence et concluait à des différences  d’activité antibactérienne entre ces spécialités. Bien qu’il ait été  publié dans une revue dont la qualité scientifique est reconnue, cet  article ne permet pas de conclure sur la réalité du signal soulevé par  les auteurs (notamment en termes de description des aspects de qualité  pharmaceutiques des génériques concernés) et d’en juger l’extrapolation  aux autres génériques de vancomycine. L’Afssaps soutient et devrait  financer la réalisation d’expérimentations similaires avec des  génériques commercialisés en France. 
 A ce titre, deux équipes ont proposé des projets d’études qui seront  soumis au Conseil Scientifique de l’Afssaps du 12 octobre prochain.
 Enfin, des interrogations sont rapportées dans la presse au sujet de  génériques d’autres antibiotiques, en particulier ceux obtenus par  fermentation, notamment la colistine dont aucun générique n’est autorisé  en France, et la teicoplanine dont aucun générique n’est commercialisé  en France. En outre, ayant constaté que certaines procédures européennes  d’autorisation de mise sur le marché de génériques de teicoplanine ont  exigé des données complémentaires en sus des données de qualité  pharmaceutique, l’Afssaps a lancé en septembre 2011 une demande d’avis  scientifique au niveau européen, concernant l’éventuelle nécessité de  resserrer les exigences actuelles. Dans cette perspective, un rapport  sera rédigé par la France (Rapporteur) et le Royaume-Uni  (Co-Rapporteur). 
 Au vu de l’ensemble de ces éléments, l’Afssaps a décidé d’engager une réflexion générale sur les génériques d’antibiotiques.
Comme pour tout médicament, un médicament générique doit faire l’objet,  avant sa commercialisation, d’une autorisation de mise sur le marché  (AMM), délivrée par l’Afssaps au terme d’une évaluation de données  permettant de garantir la qualité pharmaceutique, l’efficacité et la  sécurité d’emploi. Tous les pays de l’Union Européenne évaluent les  médicaments génériques selon les mêmes critères et en appliquant la même  réglementation.
 La qualité pharmaceutique des médicaments génériques est soumise aux  mêmes degrés d’exigence que celle des médicaments de référence.  
 En ce qui concerne l’efficacité et la sécurité d’emploi, elles sont  garanties par la démonstration de la bioéquivalence du médicament  générique au médicament de référence. Dans certains cas, notamment pour  les médicaments injectables intravasculaires, ces garanties sont  apportées par la similarité du médicament générique au médicament de  référence (par des études comparatives des compositions, des  caractéristiques physico-chimiques et pharmacotechniques). En effet, les  médicaments injectables intravasculaires délivrent directement leur  substance active dans la circulation sanguine, contrairement aux formes  orales solides (comprimé, gélule) qui subissent préalablement une  dégradation. Deux médicaments, équivalents en termes de composition et  de caractéristiques physico-chimiques, offriront par conséquent une mise  à disposition équivalente de la substance active dans l'organisme. A  cet égard, il convient de préciser que les critères d’  évaluation des médicaments génériques sont les mêmes en France, dans  l’Union Européenne et aux Etats-Unis.
 Ces garanties sur les médicaments génériques sont exigées non seulement  lors de l’octroi de leur AMM mais également au cours de la vie de ces  produits. Tout changement du contenu de l’AMM (fournisseur de substance  active, procédé ou lieu de fabrication ….) doit en effet  être préalablement autorisé par l'Afssaps sur la base d'un dossier  technique argumenté déposé par le titulaire de l'AMM.
 Enfin, comme pour tout médicament, les médicaments génériques sont surveillés, contrôlés et inspectés par l’Afssaps.