altSelon une étude publiée ce mois-ci dans le Bulletin de l’Organisation mondiale de la Santé, la poliomyélite ne sera pas éradiquée au Pakistan tant que le programme national ne parviendra pas à atteindre les parents dans les groupes à haut risque, tels que les communautés pachtounes à faible revenu qui subissent la plus forte charge de la maladie.

 

L’étude a recueilli des données sur 1017 parents d’enfants âgés de moins de cinq ans à Karachi entre septembre et octobre de l’année dernière. Elle a révélé que 41 % (412) déclaraient n’avoir jamais entendu parler de la poliomyélite et 11,4 % (116) avoir refusé de faire vacciner leurs enfants.

 

Le Pakistan est l’un des trois seuls pays d’endémie restants qui n’ont jamais stoppé la transmission de la poliomyélite. L’éradication de la poliomyélite – c’est-à-dire la disparition complète de la maladie dans le monde – dépend des progrès accomplis dans quelques régions de ces pays, dont la mégapole de Karachi au Pakistan.

 

« Les parents qui refusaient la vaccination appartenaient à des familles pachtounes défavorisées et citaient comme principale raison de leur refus le manque de permission donnée par les anciens de la famille », a déclaré le principal auteur, le Dr Anita Zaidi, professeur au Département de Pédiatrie et de Santé de l’Enfant à l’Université Aga Khan au Pakistan. « Ou bien ils appartenaient à des familles à revenu élevé de toutes origines ethniques et croyaient que le vaccin était dangereux ou inutile. »

 

L’étude apporte de nouveaux éléments suggérant que la poliomyélite pourrait être éliminée plus rapidement si les programmes nationaux parvenaient à atteindre les groupes à haut risque et à les associer à leur effort. Au Pakistan, la communauté pachtoune ne représente que 15 % de la population, mais plus des trois quarts des cas de poliomyélite confirmés sont survenus dans cette communauté cette année.

 

« Une fois que le programme national saura quelles communautés échappent aux services de vaccination et pourquoi, le Gouvernement pakistanais soutenu par ses partenaires pourra concevoir des stratégies culturellement adaptées pour atteindre ces populations et gagner leur confiance », a déclaré le Dr Bruce Aylward, Sous-Directeur général chargé de la poliomyélite, des situations d’urgence et de la collaboration avec les pays à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). « Et c’est une tâche à laquelle le Gouvernement s’est sérieusement attelé cette année. »

 

Cette année, le Gouvernement a commencé à recruter davantage de vaccinateurs et de mobilisateurs sociaux d’origine pachtoune – des militants de la communauté qui travaillent au sein de celle-ci –, en collaboration avec l’OMS et le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF). D’autres efforts entrepris récemment pour associer cette communauté ont consisté notamment à mettre en place de nouvelles stratégies pour atteindre les voyageurs pachtouns en provenance ou à destination de Karachi et en une campagne médiatique à l’échelle nationale comportant des messages en langue pachto.

 

Selon l’étude, parmi les autres facteurs qui compromettent la réussite du programme au Pakistan, figurent le conflit militaire, les inondations massives, des services de vaccination systématique médiocres et d’importantes populations nomades et déplacées à l’intérieur du pays.

 

L’OMS est l’un des quatre principaux partenaires de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite avec le Rotary International, les Centers for Disease Control and Prevention des États‑Unis d’Amérique et l’UNICEF.

 

Cette année, l’Assemblée mondiale de la Santé, organe directeur de l’OMS et de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite, a déclaré l’achèvement de l’éradication de la poliomyélite « urgence programmatique pour la santé publique mondiale ». Elle a invité instamment le Pakistan ainsi que l’Afghanistan et le Nigéria, les deux autres pays où la poliomyélite demeure endémique, de faire de la lutte contre la poliomyélite une « urgence nationale de santé publique ».

 

Si ces efforts sont couronnés de succès, la poliomyélite deviendrait la deuxième maladie infectieuse touchant l’homme à être éradiquée après la variole, qui l’avait été dans les années 1970. La poliomyélite est une maladie virale hautement contagieuse qui touche principalement les jeunes enfants, entraînant des paralysies et, dans une faible proportion de cas, le décès.

 

« Cette étude vient à un moment critique pour le programme contre la poliomyélite, alors que jamais un aussi petit nombre de cas n’ont été notifiés (154) dans un aussi petit nombre de pays (4) depuis que la surveillance sous certification a commencé en 2000 », a déclaré le Dr Aylward de l’OMS.

 

 

Autres articles figurant dans le numéro de ce mois-ci :

 

Le Bulletin de l'Organisation mondiale de la Santé est l’une des revues internationales de santé publique les plus importantes du monde. Elle constitue le fleuron des périodiques de l'Organisation mondiale de la Santé et se consacre tout spécialement aux pays en développement. Les articles sont présentés à un comité de lecture et ils sont indépendants des lignes directrices de l’OMS. Les résumés sont désormais disponibles dans les six langues officielles des Nations Unies.

 

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