La légalisation du cannabis est une revendication qui réapparait périodiquement depuis une quarantaine d’années, malgré les données neurobiologiques, cliniques et épidémiologiques validées qui justifient son interdiction, et cela en dépit des statistiques de plus en plus alarmantes d'accidents liés à sa consommation, notamment sur la route et au travail. Surtout, il est avéré que plus son usage est précoce, plus les conséquences sur la santé physique et mentale sont graves, voire irréversibles.

C'est en France que l'on fume le plus de cannabis en Europe ; on peut raisonnablement en déduire qu'une dépénalisation de sa consommation aura des conséquences délétères sur la santé publique dans notre pays, plus particulièrement sur les jeunes, en laissant entendre qu’il s’agit d’une habitude sans conséquences nocives.

C'est pourquoi, plus particulièrement aujourd'hui, les Académies de médecine et de pharmacie renouvellent les mises en garde qu'elles adressent périodiquement depuis 1998 à ceux qui souhaitent dépénaliser le cannabis en France.

Une vraie drogue

Le Cannabis n'est pas une drogue douce


Un faux médicament

Le cannabis n’est pas un médicament, n’en déplaise à ceux qui vont jusqu’à proposer de confier sa commercialisation aux pharmaciens. Cet « alibi » risque d’en accentuer la pénétration dans notre société de plus en plus sujette à des phénomènes de vulnérabilité et de précarité, avec tous les effets délétères qu’on lui connaît.


_ Pour tout médicament, la dose thérapeutique utile doit être connue avec précision. Or, la marijuana (plante du chanvre indien) et le haschich (sa résine) sont des mélanges de nombreuses substances, dont les proportions absolues et relatives peuvent changer considérablement selon la variété, le lieu de culture, le climat, le moment de la récolte. Dans le cas de cannabis fumé, les concentrations en principe actif (THC), sont forcément variables.


Un danger public

Le cannabis entraîne une diminution des connexions neuronales dans l'hippocampe et réduit la capacité de l’usager à effectuer les tâches du quotidien ; surtout, de par l'exceptionnelle lipophilie du THC, c'est, de toutes les drogues, la seule à être stockée, pour des jours ou des semaines, dans le cerveau, organe particulièrement riche en lipides. Cette longue rémanence du THC explique que, même après une à deux semaines sans consommation, les troubles persistent avec des effets imprévisibles, et d'autant plus dangereux.




Un appel à la raison

Le combat contre le tabac est loin d’être gagné ; faut-il y ajouter la toxicité du cannabis avec 8 fois plus de goudrons cancérigènes et passer d’une addiction à une autre, plus dangereuse, puisqu’elle abolit la volonté, annihilant tout effort personnel de désintoxication ? Aligner la législation du cannabis sur celle du tabac multipliera le nombre d’usagers, à égalité avec les sujets tabaco-dépendants, avec le risque fort probable que, comme pour le tabac et l’alcool, la loi ne réussisse pas à protéger les mineurs. Or, certains adolescents inscrivent sa transgression dans leur passage à l'âge adulte. Si cette frontière n’existe plus, c'est d'emblée à la porte de l'héroïne qu'ils iront frapper, d'autant que l'addiction au cannabis rend beaucoup plus facile l'accrochage par l'héroïne.


Comment accepter en conscience une telle banalisation du cannabis et imaginer que la commercialisation, par une régie nationale, d'un produit plus faiblement dosé "calmerait le jeu" … Les quelques pays ayant légalisé le cannabis font discrètement marche arrière. Des coffee shops sont fermés à Amsterdam… au prétexte qu'on y a surpris des fumeurs de tabac ! Sait-on qu’en Suède, le respect des lois associé à une pédagogie efficace produit dix fois moins de toxicomanes que la moyenne européenne ?


Alors que la priorité est donnée à l'éducation et à la croissance, peut-on favoriser la diffusion d’une drogue qui empêche d’apprendre et ôte l’envie d’entreprendre ? Le cerveau humain n'atteint sa maturité qu'après vingt ans ; or, le cannabis perturbe cette maturation. Pour notre pays, qui doit compter dans la compétition internationale sur sa richesse humaine, la diffusion en toute légalité du cannabis reviendrait à annihiler les moyens investis à grand frais dans l’éducation.