altSadie Goering - 17 juillet 2018 - Il n’aura fallu que 12 heures à l’Institut national de virologie en Inde pour confirmer que le virus Nipah était à l’origine des cas de fièvre non déterminée et de symptômes similaires à l’encéphalite signalés au Kerala, un État dans le sud du pays. Il n’existe ni traitement curatif ni vaccin contre ce virus, lié à un taux de mortalité en général de 40 % à 70 %.

Les scientifiques de l’institut sont parvenus à cette conclusion sans avoir à envoyer un échantillon à des laboratoires étrangers grâce à la formation que leur ont dispensée les Centres des États-Unis pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), dans le cadre du partenariat Global Health Security Agenda (GHSA) en août 2017.

«La détection précoce, qui n’a pris que 12 heures, a permis au gouvernement central et à celui de l’État de passer à l’action contre le Nipah beaucoup plus vite que lors des flambées précédentes, ce qui a vraisemblablement limité la sévérité du foyer et éventuellement réduit les coûts humains et matériels», a indiqué Preetha Rajaraman, l’attachée du département des États-Unis de la Santé et des Services sociaux, chargée des questions sanitaires en Inde. Les responsables de la santé dans l’État de Kerala ont reçu des accolades pour leurs démarches opportunes visant à identifier et à endiguer le virus, en coordination avec les institutions nationales compétentes. La flambée du Nipah au Kerala a causé 19 cas confirmés et le décès de 17 de ces malades.

Une alliance mondiale

La flambée de Nipah est un exemple des différentes maladies infectieuses qui menacent chaque année l’Inde, pays dont la population est la deuxième du monde.

Pour affronter ces menaces, les États-Unis œuvrent de près avec l’Inde, notamment par le biais du Global Health Security Agenda, pour renforcer les capacités de ce pays au niveau de la prévention et de la détection des épidémies ainsi que de la réponse à celles-ci. À la mi-2018, plus de 25 000 Indiens avaient reçu une formation dans le cadre du partenariat dans les domaines de la biosécurité et de la sûreté, des analyses d’échantillons mouillés et de microbiologie générale.

Le partenariat Global Health Security Agenda est une initiative multinationale lancée en 2014 qui compte actuellement plus de 64 pays et organisations internationales. Son objectif : œuvrer de concert pour renforcer la préparation aux flambées de maladies infectieuses et cibler en priorité la sécurité sanitaire mondiale. Les États-Unis sont membres de ce partenariat dans lequel ils ont investi 1 milliard de dollars afin d’accroître les capacités des pays à prévenir et à détecter les foyers de maladies infectieuses et à les combattre.

En Inde, l’aide fournie dans le cadre du partenariat cible quatre secteurs de la santé publique pour :

Washington, par le biais des CDC et de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), a fourni quelque 40 millions de dollars au partenariat Global Health Security Agenda pour lui permettre d’élargir ses programmes.

Développer un vaccin

Pour contribuer à la lutte contre de futurs dangers, la Coalition pour les innovations dans la préparation aux épidémies (Coalition for Epidemic Preparedness Innovations) a accordé à deux sociétés pharmaceutiques aux États-Unis — Profectus BioSciences et Emergent BioSolutions — une subvention de 25 millions de dollars afin qu’elles mettent à profit leur savoir-faire et leurs technologies innovatrices pour développer un vaccin contre le Nipah.

Dans un communiqué conjoint, les compagnies Profectus et Emergent ont indiqué que la coalition œuvrait pour planifier la réponse aux épidémies qui se déclareraient dans l’avenir, anticipant qu’un vaccin serait prêt à être utilisé et évalué lors d’un nouveau foyer de Nipah. Cela «permet à des compagnies comme les nôtres, qui développent déjà des candidats vaccins prometteurs, d’accélérer leurs essais cliniques et la procédure d’autorisation de mise sur le marché», explique le communiqué. Il note également que les flambées de maladies infectieuses étaient devenues une préoccupation à l’échelle mondiale.

Il existe actuellement un vaccin pour animaux montrant de l’efficacité, font savoir les deux compagnies qui cherchent ensemble à le modifier afin qu’il puisse être utilisé chez l’être humain. D’après leurs estimations, les essais cliniques devraient commencer en 2019.